LESAGE, DAMASE (baptisé Damas Hardy), manufacturier de pianos, né le 28 mars 1849 à Sainte-Thérèse-de-Blainville (Sainte-Thérèse, Québec), fils de Janvier Hardy, cultivateur, et de Florentine Ouimet ; le 14 mai 1872, il épousa au même endroit Isabella King (décédée en 1924), et ils eurent 16 enfants, dont 12 morts en bas âge ; décédé le 21 septembre 1923 dans sa ville natale.
C’est à la quatrième génération des Hardy en Nouvelle-France que le nom de Lesage fait son apparition, après le mariage, en 1754, de Rose Matte, veuve de François de Sales Hardy, avec Joseph Lesage. Les trois fils de François de Sales Hardy sont adoptés par ce dernier et, parmi les descendants, certains prennent le nom de Hardy, d’autres celui de Lesage ou la double appellation Hardy, dit Lesage. Damase Lesage, quant à lui, portera le nom de Hardy jusqu’en 1891 au moins.
On sait peu de chose sur la vie de Lesage avant les années 1890. À son mariage en 1872, il se dit cultivateur. Il aurait aussi travaillé comme menuisier pour la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique. En 1891, à l’âge de 42 ans, il s’associe à d’anciens employés de Thomas-Ferdinand-Guildor Foisy, fabricant de pianos établi à Sainte-Thérèse-de-Blainville depuis 1888. Avec l’encouragement de sa femme, il investit 10 000 $ provenant de la vente de ses fermes dans la Canadian Piano Manufacturing, formée le 22 mars 1892 avec les menuisiers Rodrigue Légaré et Joseph Desjardins. Celle-ci produit alors deux pianos par semaine, ce qui semble être un bon rendement pour l’époque. Le 20 octobre de la même année, Lesage est toutefois chargé de liquider l’entreprise. Il décide de s’associer, le 9 novembre suivant, au menuisier Procule Piché sous le nom de Compagnie canadienne de pianos de Sainte-Thérèse-de-Blainville ; ils font affaire ensemble durant 12 ans. Le 1er mai 1905, Lesage s’adjoint son fils Adélard, au service de la firme depuis son ouverture. Dans les années qui suivent, la productivité augmente et jusqu’à 500 pianos sont produits par année. Les Lesage deviennent un des plus importants fournisseurs de pianos de la province. Au nombre de leurs clients figurent les entreprises de Charles William Lindsay, Alexander Parker Willis* et Edmond Archambault*, de Montréal. Désireuse de produire elle-même ses pianos, la Willis Piano Company Limited achète en 1907 la majorité des intérêts des Lesage. Cette association semble avoir été peu profitable aux Lesage, car en 1911 Adélard vend ses parts à la famille Willis et fonde A. Lesage. Il est alors secondé par ses fils Jacques-Paul et Jules, et bientôt par Gérard. En 1912, Damase Lesage se retire des affaires et c’est Adélard qui poursuit l’œuvre de son père.
Malgré un contexte économique difficile, les années qui suivent sont prospères. L’usine est agrandie à deux reprises, en 1916 et en 1926. De plus, sur une période de dix ans, la firme Lesage se porte acquéreur de trois compagnies : la Craig Piano Company de Montréal en 1930, la Bell Piano and Organ Company de Guelph, en Ontario, en 1934 et la Weber Piano Company Limited de Kingston en 1939. En plus des instruments vendus sous l’appellation Lesage, l’entreprise fabrique les marques Bell, Mendelssohn, Schumann et Belmont. En 1942, elle devient les Pianos Lesage Limitée, et Jacques-Paul Lesage en est le président. Sous la devise Soyons optimistes plus que jamais, la maison jouit alors d’une excellente renommée tant au niveau local que sur le plan international. On exporte des pianos en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Amérique du Sud et en Europe. L’excellence de la main-d’œuvre, l’outillage des plus modernes et la qualité des produits semblent à l’origine du succès de la maison. Toutefois, à partir des années 1950, l’entreprise est touchée par la concurrence, qui vient surtout du Japon et de la Corée. Dans les années 1980, la récession et la hausse des taux d’intérêt causent de sérieux problèmes et conduisent finalement les propriétaires à la céder, en 1986, à un consortium canadien, PSC Management, qui appartient à Grant Clark. On tente alors de relancer le produit, mais sans succès. La firme Pianos Lesage Limitée fermera ses portes au début de l’année 1987.
Pendant tout près d’un siècle, grâce à l’esprit d’entreprise de Damase Lesage, la famille Lesage a contribué au développement de la facture du piano. Damase y a mis toutes ses énergies et il a peu participé à la vie politique, sociale et religieuse de Sainte-Thérèse-de-Blainville, si ce n’est à titre de marguillier en 1903. Malgré des périodes économiques creuses, la compagnie qu’il avait formée a produit de nombreux instruments de qualité et a su faire briller l’industrie du piano au Canada.
ANQ-M, CE606-S25, 28 mars 1849, 14 mai 1872 ; TP11, S2, SS20, SSS48, vol. 46-o, 3 mars 1936, no 495 ; S22, SS20, SSS48, 16 avril 1892, no 160 ; 28 oct. 1892, no 180 ; 9 janv. 1893, no 187 ; 21 déc. 1904, no 188 ; 3 juill. 1905, no 211.— L’Avenir du Nord (Saint-Jérôme, Québec), 25 sept. 1923.— J.-P. Charbonneau, « les Nouveaux Propriétaires ferment les Pianos Lesage », la Presse, 28 avril 1987.— Le Devoir, 6 juin 1925.— Robert Gibbens, « Lesage Pianos’ future better despite two very tough years », Globe and Mail, 11 avril 1983.— Jacques Roy, « This piano-maker keys on European market », Gazette (Montréal), 1er mai 1982.— La Voix des Mille-Îles (Sainte-Thérèse-de-Blainville [Sainte-Thérèse], Québec), 15 août 1941.— Encyclopédie de la musique au Canada (Kallmann et al.), 2 : 1900s. ; 3 : 2717–2723.— Wayne Kelly, Downright upright : a history of the Canadian piano industry (Toronto, 1991).— Soc. hist. de Sainte-Thérèse-de-Blainville, Cahiers hist. : histoire de Sainte-Thérèse ([Joliette, Québec], 1940).
Carole Grégoire, « LESAGE, DAMASE (baptisé Damas Hardy) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/lesage_damase_15F.html.
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Auteur de l'article: | Carole Grégoire |
Titre de l'article: | LESAGE, DAMASE (baptisé Damas Hardy) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
Année de la révision: | 2005 |
Date de consultation: | 2 oct. 2024 |