LONGLEY, AVARD, fermier, marchand, pomiculteur, apôtre de la tempérance et homme politique, né le 22 février 1823 à Paradise, Nouvelle-Écosse, fils d’Asaph Longley et de Dorcas Poole ; en 1848, il épousa Hannah Maria Whitman, puis, en 1855, Charlotte Augusta Troop, et de ce mariage naquirent au moins trois enfants ; décédé le 22 février 1884 à Paradise.

Les ancêtres d’Avard Longley vinrent de la Nouvelle-Angleterre pour s’établir en Nouvelle-Écosse ; dès le début, la vie d’Avard fut grandement influencée par l’attachement des membres de sa famille à la terre qu’ils cultivaient et à l’Église baptiste dont ils faisaient partie. Il reçut des rudiments d’instruction dans son village natal et y devint un fermier et un marchand prospère. Sous l’influence de la communauté baptiste locale et de son beau-père, William Henry Troop, il fut de plus en plus convaincu des conséquences néfastes de l’alcool et de la nécessité de l’abstinence complète. La cause de la tempérance devint le prisme à travers lequel il considéra un bon nombre de questions d’actualité et il occupa souvent des postes importants dans des organisations de tempérance locales, provinciales et nationales.

C’est apparemment la participation de Longley au mouvement de tempérance qui d’abord l’amena à la politique. En 1859, il fut élu député conservateur du comté d’Annapolis à l’Assemblée sur la base d’un programme d’opposition au commerce du rhum et aux chemins de fer. Parmi les candidats rivaux se trouvait son frère Israel, et l’un de ses heureux cocandidats était James William Johnston*, premier ministre ; William Young et les libéraux délogèrent par la suite ce dernier du pouvoir au début de 1860. Longley fut réélu en 1863, année où les conservateurs dirigés par Johnston et Charles Tupper* infligèrent une défaite écrasante aux libéraux. L’année suivante, il donna tout son appui au projet de loi controversé de Tupper qui aboutit à l’établissement d’un système scolaire public financé à même l’assiette d’un impôt obligatoire, bien qu’un grand nombre des habitants de son comté s’y fussent opposés. Sa position sur l’autre question clé de l’époque, soit l’union des colonies de l’Amérique du Nord britannique, est moins claire. En 1864, parlant du choix entre une union des colonies Maritimes et une union générale, Longley fit une déclaration curieuse et ambivalente selon laquelle « d’une façon ou d’une autre il semblait à déconseiller d’inclure le Canada dans cet arrangement, mais il était porté à croire, s’il devait y avoir quelque union, qu’elle devrait englober toutes les provinces ». Il s’abstint sagement de participer de nouveau à la discussion sur le sujet qui se poursuivit au cours des trois années suivantes.

À la fin de 1864, Longley fut nommé commissaire aux chemins de fer, poste qu’il occupa jusqu’en 1869 ; sous sa direction, des lignes ferroviaires furent construites entre Truro et Pictou, et entre Windsor et Annapolis. Il démissionna de son siège à l’Assemblée en 1867 pour briguer, sans succès, les suffrages aux élections fédérales qui eurent lieu la même année. En 1871, il échoua dans sa tentative de revenir sur la scène politique provinciale, mais il fut de nouveau élu dans Annapolis en 1874, siégeant jusqu’en 1878. À la chambre d’Assemblée de la Nouvelle-Écosse, on le considérait comme l’un des principaux porte-parole de la cause de la tempérance et de l’Eglise baptiste.

C’est en se présentant dans le comté d’Annapolis comme candidat favorable à la Confédération que Longley avait tenté pour la première fois de faire son entrée sur la scène politique fédérale en 1867. Lors des élections tenues cette année-là, les adversaires de la Confédération dirigés par Joseph Howe* remportèrent la victoire et Longley subit une défaite cinglante, probablement autant en raison du ressentiment des électeurs néo-écossais au sujet de la loi sur les écoles gratuites de Tupper que de leur opposition à la Confédération. Défait de nouveau en 1872, il fut finalement élu à la chambre des Communes en 1878. Au cours de son bref séjour à Ottawa, il rappela à sir John Alexander Macdonald* et à ses collègues, qui se montrèrent quelque peu étonnés (ou amusés), que la question de la tempérance valait dix fois la Politique nationale. Il essaya aussi, mais en vain, de faire fermer définitivement le bar de la chambre des Communes. Sa mauvaise santé l’obligea à prendre sa retraite à l’époque des élections générales de 1882.

La politique est loin d’avoir dominé la vie de Longley ; il eut d’autres occupations à Paradise, devenant un pomiculteur de plus en plus remarqué et un pionnier de l’importante culture industrielle des pommiers de la vallée d’Annapolis. Il se rendit compte qu’il existait un potentiel d’exportation de pommes vers les marchés d’outre-mer et, en 1863, il participa à la fondation de la Nova Scotia Fruit Growers’ Association. Il occupa de nombreux postes au sein du conseil d’administration de l’association, et en devint président de 1883 jusqu’à sa mort. Longley consacra aussi une bonne part de son temps aux affaires religieuses. S’étant joint à la communauté baptiste de Paradise en mai 1842, il y assuma la charge de clerc de paroisse de 1870 à la fin de sa vie. En 1876 et de nouveau en 1878, il fut élu président de la Maritime Baptist Convention et, de 1874 à sa mort, il fit partie du conseil d’administration de l’Acadia College de Wolfville à titre de membre élu, malgré le fait que sa formation scolaire ait été très limitée.

Longley ne fut pas un homme politique de premier plan ni un brillant orateur, mais, en tant que l’un des porte-parole de l’Église baptiste et du mouvement de tempérance, il représenta des forces sociales importantes de la Nouvelle-Écosse au xixe siècle. Il concevait clairement la politique en ces termes, même si les causes qu’il défendait le placèrent souvent à l’écart des grands courants et des hommes politiques éminents de son temps.

Barry M. Moody

Annapolis County Court of Probate (Annapolis Royal, N.-É.), L77, Administration of estate of Avard Longley, 13 mai 1884 (mfm aux PANS).— Atlantic Baptist Hist. coll., Paradise and Clarence Baptist Church records, 1827–1869.— PANS, MG 4, Wilmot Township, Township book, 1749–1894 (mfm).— Canada, chambre des Communes, Debates, 1879.— N.-É., House of Assembly, Debates and proc., 1864.— Acadian Recorder, 23 févr. 1889.— The Baptist year book of Nova Scotia, New Brunswick, and Prince Edward Island [...] (Saint-Jean, N.-B.), 1876.— The Baptist year book of the Maritime provinces of Canada [...] (Saint-Jean), 1880.— Directory of N.S. MLAs.Historical records and general catalogue of Acadia College, August, 1888 (Halifax, 1888).— W. A. Calnek, History of the county of Annapolis [...], A. W. Savary, édit. (Toronto, 1897 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1972).— [S. N. Jackson], Historical sketch of the Paradise and Clarence United Baptist Church read at the centennial services held Sept. 10–13, 1910 : 1810–1910 (s.l., [1910]).— R. S. Longley et al., Three Avard Longleys of Annapolis County (s.l., 1943).

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Barry M. Moody, « LONGLEY, AVARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 6 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/longley_avard_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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