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LORIMIER, CLAUDE-NICOLAS-GUILLAUME DE (connu sous le nom de Guillaume, chevalier de Lorimier), officier de milice, marchand, fonctionnaire et homme politique, né le 4 septembre 1744 à Lachine (Québec), huitième enfant et quatrième fils de Claude-Nicolas de Lorimier* de La Rivière et de Marie-Louise Lepallieur de Laferté ; décédé le 5 juin 1825 à Caughnawaga (Kahnawake, Québec).

Né dans une maison qui avait déjà appartenu à l’explorateur René-Robert Cavelier* de La Salle, Claude-Nicolas-Guillaume de Lorimier, troisième à porter ces prénoms, était de souche célèbre et prolifique. Son père se distingua comme officier pendant la guerre de Sept Ans et, aux derniers jours du Régime français, lui-même obtint malgré son jeune âge une commission d’officier subalterne. À la reddition de Montréal, le 8 septembre 1760, son unité se trouvait tout près, dans l’île Sainte-Hélène.

Après la guerre, Lorimier fut peut-être, à l’instar de plusieurs membres de sa famille, employé comme interprète au département britannique des Affaires indiennes. Cependant, quand la révolution éclata en 1775, il exploitait un chantier. Cet été-là, comme une invasion américaine était à redouter, il offrit ses services au gouverneur Guy Carleton*. Dans sa première mission, qui consistait à enrôler des volontaires indiens à Caughnawaga, Lorimier ne connut d’abord qu’un succès mitigé. En juillet et août, à l’occasion d’une opération de reconnaissance, il releva les mouvements des troupes américaines aux alentours du fort Ticonderoga (près de Ticonderoga, New York). En septembre, une expédition américaine commandée par le major général Philip John Schuyler, puis par le général de brigade Richard Montgomery*, descendit la vallée du Richelieu. Lorimier, qui ce mois-là fut placé sous le commandement du major John Campbell*, se trouvait alors affecté à la défense du fort Saint-Jean (Saint-Jean-sur-Richelieu) et, avec son frère Jean-Claude-Chamilly, il contribua à empêcher un débarquement américain sur la rive ouest du Richelieu, près du fort. Cependant, la garnison du fort Saint-Jean se trouva dans une position intenable après que le fort Chambly, situé plus au nord, eut capitulé le 18 octobre, et on envoya Lorimier à travers les lignes ennemies pour qu’il aille en informer Carleton. Il revint avec un plan de repli pour ses compagnons, mais il ne put reprendre contact avec la garnison. Il fut en effet trahi par un Indien et évita de peu une embuscade juste à l’extérieur du fort. Le 30 octobre, Lorimier participa à une tentative lancée par Carleton en vue de faire débarquer à Longueuil des secours pour le fort Saint-Jean ; ce fut un échec et, le 3 novembre, la garnison se rendit.

Lorimier demeura à Montréal après que les Américains se furent emparés de la ville. Au début de 1776, toutefois, il irrita leur commandant, le général de brigade David Wooster, en incitant les officiers de la milice britannique à ne pas rendre leurs commissions. Sommé de se préparer à partir pour les colonies américaines, Lorimier obtint un déguisement de Louise Schuyler, jeune Iroquoise qui était amoureuse de lui et qui l’aida à s’enfuir en pleine nuit. Il se rendit au fort Oswegatchie (Ogdensburg, New York), où une compagnie du 8th Foot commandée par le capitaine George Forster était en garnison. Au printemps, après avoir rassemblé des Indiens des environs et s’être entendu avec Pierre Denaut*, curé des Cèdres, dans la province de Québec, pour qu’il cache des provisions, Lorimier dirigea l’avant-garde indienne d’une expédition formée de quelque 600 hommes, dont plusieurs centaines d’Indiens, que Forster menait vers Montréal. Le 19 mai, la garnison américaine des Cèdres, commandée par le major Isaac Butterfield, se livra sans trop de résistance après que Forster eut menacé de lancer contre elle les Indiens de Lorimier. Deux jours plus tard, c’est à Lorimier lui-même que se rendit le major Henry Sherburne, tombé avec son détachement de renfort de 150 hommes dans une embuscade tendue par un groupe d’Indiens et de Canadiens. Lorimier participa ensuite aux pourparlers qui se déroulèrent avec Butterfield et Sherburne en vue d’échanger les prisonniers. Cet échange s’avéra extrêmement favorable pour les Britanniques qui, de leur côté, s’engagèrent à remettre les prisonniers américains, au nombre d’environ 500. Benedict Arnold* rattrapa Forster le 26 mai, mais il fut repoussé et subit de lourdes pertes dès sa première attaque. Il n’eut pas le temps de lancer une deuxième offensive, car il apprit qu’un échange de prisonniers avait été conclu et que les Indiens de Lorimier menaçaient de tuer tous les prisonniers américains si les attaques ne cessaient pas. Arnold retourna à Montréal avec les prisonniers libérés ; Forster, avec Lorimier, se replia sur le fort Oswegatchie.

Après l’arrivée des renforts venus de Grande-Bretagne, en mai et juin 1776, les Américains quittèrent la colonie en toute hâte. À l’automne commença une lutte pour la maîtrise du lac Champlain ; le 11 octobre, à la bataille navale de l’île Valcour, dans l’état de New York, Lorimier et un parti d’Indiens, embusqués sur la rive, soumirent le navire d’Arnold à un feu écrasant. Au début de 1777, Lorimier mena un groupe d’éclaireurs formé de Blancs et d’Indiens dans la région de Crown Point et du fort George (Lake George) pour y observer les activités de l’ennemi ; en juin, il participa à l’expédition du major général John Burgoyne* dans l’état de New York. Blessé à la jambe pendant que les Britanniques couraient à la catastrophe en tentant une diversion sur Bennington (Vermont), Lorimier parvint à regagner Saratoga (Schuylerville, New York), puis fut évacué à Montréal. Comme le départ de Lorimier avait poussé les Indiens de Caughnawaga à abandonner l’expédition de Burgoyne, on l’envoya immédiatement à Caughnawaga et au fort Saint-Jean pour les persuader de s’y joindre de nouveau. Le voyage aggrava sa blessure à tel point qu’il faillit subir l’amputation de la jambe.

Lorimier ne participa à aucun engagement jusqu’en juillet 1780. À ce moment-là, on lui donna carte blanche pour commander une expédition de reconnaissance qui ferait des raids dans l’état de New York ; une attaque surprise au fort Stanwix (Rome) rapporta 38 prisonniers et 10 scalps. Peu après son retour, lors d’une réunion à Québec avec le commandant en chef et gouverneur Frederick Haldimand*, Lorimier tomba d’épuisement ; le traitement médical qu’on lui fit subir faillit l’achever. Sa participation à la guerre était terminée. Au cours de ses nombreuses aventures à la tête de groupes d’Indiens, Lorimier avait été déçu parfois de leur comportement qui lui paraissait excentrique, mais c’était grâce à leur aide dans des moments critiques qu’il avait déjoué la mort et évité d’être pris.

Le 26 juin 1783, Lorimier épousa Louise Schuyler. Le couple s’installa à Caughnawaga, où Lorimier avait été nommé agent résidant du département des Affaires indiennes au début de la guerre ; en 1782, le département avait été réorganisé et placé sous la direction de sir John Johnson. En 1790, le malheur frappa Lorimier : Louise mourut à l’âge de 36 ans. Ils avaient eu six enfants. Le 23 mars 1793, il épousa une des filles du seigneur Joseph Brassard* Deschenaux, Marie-Madeleine-Claire Brassard Deschenaux, qui devint en juin copropriétaire de la seigneurie de Beaumont ; ils allaient avoir deux enfants. De 1792 à 1796, Lorimier représenta la circonscription de Huntingdon à la chambre d’Assemblée du Bas-Canada, mais il n’y vota que quatre fois, appuyant toujours le parti canadien [V. Jean-Antoine Panet*]. Après la mort de sa deuxième femme en janvier 1800, Lorimier épousa Skaouennetsi (Anne Gregory) à Caughnawaga le 27 février 1801 ; le couple allait avoir quatre enfants.

Le 22 septembre 1812, pendant la guerre contre les États-Unis, Lorimier fut nommé capitaine résidant auprès des Indiens de Caughnawaga et d’autres Iroquois ; en octobre 1813, à l’âge de 69 ans, il assista à la bataille de Châteauguay [V. Charles-Michel d’Irumberry de Salaberry]. Cette année-là, son aîné, Guillaume-François, fut tué à Crysler’s Farm, dans le Haut-Canada, et le deuxième de ses fils, Jean-Baptiste*, reçut à Beaver Dams (Thorold) une si mauvaise blessure qu’il ne s’en remit jamais tout à fait. Quand le gouvernement créa le régiment des Embodied Indian Warriors en août 1814, qui était formé de quatre compagnies venant des villages de la région montréalaise, Lorimier en fut nommé surintendant adjoint et obtint du même coup le grade de major, lequel prenait effet rétroactivement au 25 juillet ; il conserva ce poste même après la réduction des effectifs du régiment en 1815. Lorimier passa tranquillement ses dernières années à Caughnawaga où il était toujours agent résidant. Connu sous le nom de chevalier de Lorimier depuis 1783 au moins, il s’était peut-être simplement approprié le titre décerné à son père en 1759 ; sous le Régime français, c’était pratique courante chez les fils puînés de la noblesse de prendre le titre de chevalier. Le patriote Chevalier de Lorimier* était un de ses petits-neveux.

Homme énergique et endurant, Claude-Nicolas-Guillaume de Lorimier avait connu dans sa longue carrière quelques heures de gloire qu’il sut mettre à profit. Ses exploits durant la Révolution américaine et sa rencontre avec Louise Schuyler, relatés avec talent dans un document intitulé « Mes services pendant la guerre américaine », renferment les éléments à partir desquels se fabriquent les légendes. Sa capacité de servir, à différentes époques, les rois de France et de Grande-Bretagne était caractéristique de l’élite dont il était issu, et sa tranquille efficacité comme agent résidant du département des Affaires indiennes était typique de tout un groupe de surintendants et d’agents qui, tels Joseph-Maurice Lamothe et Dominique Ducharme*, ont été injustement négligés par l’historiographie.

J. Douglas Leighton

Claude-Nicolas-Guillaume de Lorimier est l’auteur de : « Mes services pendant la guerre américaine » publié dans Invasion du Canada, [H.-A.-J.-B.] Verreau, édit. (Montréal, 1873), 245–298. Ce mémoire fut traduit et édité par Peter Aichinger sous le titre de At war with the Americans (Victoria, C.-B., s.d.).

APC, MG 11, [CO 42] Q, 112 : 283–293 ; MG 30, D1, 19 ; RG 8, I (C sér.), 1203 1/2 : 102 ; 6886 : 101 ; RG 10, 488 : 28798 ; 496 : 31508.— Le Jeune, Dictionnaire, 2 : 168.— Officers of British forces in Canada (Irving), 215, 217–218.— Lanctot, le Canada et la Révolution américaine, 160–161.— Benjamin Sulte, Histoire de la milice canadienne-française, 1760–1897 (Montréal, 1897).— F.-J. Audet et Édouard Fabre Surveyer, « les Députés au premier parlement du Bas-Canada : Claude-Nicolas-Guillaume de Lorimier », la Presse (Montréal) 23 juill. 1927 : 53, 60.— Hare, « l’Assemblée législative du B.-C. » RHAF, 27 : 372–373.— Louvigny de Montigny, « le Lorimier et le Montigny des Cèdres », BRH, 47 (1941) : 33–47.— É.-Z. Massicotte, « la Famille de Lorimier », BRH, 21 (1915) : 10–16, 33–45.

Bibliographie générale

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J. Douglas Leighton, « LORIMIER, CLAUDE-NICOLAS-GUILLAUME DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/lorimier_claude_nicolas_guillaume_de_6F.html.

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Auteur de l'article:    J. Douglas Leighton
Titre de l'article:    LORIMIER, CLAUDE-NICOLAS-GUILLAUME DE
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
Date de consultation:    19 mars 2024