MAILHOT (Maillot, Malhiot), NICOLAS-FRANÇOIS, aubergiste, né vers 1776 à Québec, fils de Joseph Maillot et de Madeleine Levasseur ; décédé le 11 février 1834 au même endroit.
Au moment de son mariage, célébré à Québec le 10 novembre 1801, Nicolas-François Mailhot était domestique dans cette ville ; il ne possédait aucun bien en propre et ne savait pas signer. Sa femme Marie-Marguerite Roussel, servante originaire de Saint-Michel, près de Québec, apportait pour toute dot un lit, de la literie et des vêtements. Quatre ans plus tard, Mailhot était cabaretier rue Saint-Jean, dans la haute ville. En 1812, il inaugurait un luxueux hôtel, qui faisait aussi fonction de café et de taverne, au numéro 40 de la même rue. Construit en 1810 et 1811 par les entrepreneurs John, Laurence et Edward* Cannon ainsi que par le menuisier Jean-Baptiste Chamberland, l’hôtel en pierre de trois étages coûta plus de £3 000.
En décembre 1818, Mailhot agrandit son entreprise en érigeant, à l’arrière de l’hôtel, une maison de bains qui fit sensation à l’époque et que fréquentaient autant la clientèle de l’hôtel que les citoyens de la ville. Le premier étage de l’édifice était réservé à trois bains, tandis que les deux autres abritaient des salles d’attente et des chambres. Quatre ans plus tard, Mailhot transforma une autre maison située à l’arrière de son hôtel en salle de spectacle, appelée le Cirque royal. En octobre 1824, une troupe dirigée par William West et William Blanchard, de Montréal, commença à s’y produire en présentant des exercices équestres et un mélodrame. Le public déboursait entre 1s 6d et 2s 6d pour assister à divers spectacles, que ce soit du théâtre, des ballets, des opéras ou des exercices d’acrobatie. Toutefois, l’entreprise ne fut pas un succès et, à l’automne de 1826, Mailhot transforma le cirque en théâtre où plusieurs troupes se produisirent. On présenta, entre autres, des pièces de Shakespeare, de Sheridan ou de sir Walter Scott, quelques concerts, des spectacles de pantomimes et des exercices équestres.
L’hôtel de Maihot fut pendant 20 ans l’un des meilleurs établissements du genre à Québec. Il était renommé pour sa tenue, la qualité des services offerts et pour sa table. Bon nombre d’événements marquants s’y déroulèrent, notamment des bals, des banquets, des spectacles ou des concerts de musique classique. La Société d’éducation de Québec y tenait ses réunions et des encanteurs s’en servaient pour étaler ou vendre leurs marchandises. Durant l’été de 1831, les visiteurs pouvaient y voir le squelette vivant Calvin Edson, le géant canadien Modeste Mailhot, une exposition de reptiles vivants ou bien encore une chèvre savante.
En dépit de cette réputation, Mailhot eut du mal à rentabiliser son hôtel et son théâtre. À de multiples reprises, il dut se présenter devant les tribunaux. Il poursuivait des clients insolvables et lui-même était cité en justice par bon nombre de ses fournisseurs qu’il ne pouvait rembourser. En 1829, il annonça dans le Quebec Mercury son intention de se retirer des affaires et de louer, son entreprise, mais sans succès. Afin de satisfaire aux réclamations des créanciers, on annonça en mars 1832 la vente par le shérif du district de Québec de « cet Édifice solide, commode et élégant, connu sous le nom de « MAILHOT’S HOTEL » et de la maison de bains. C’est le juge en chef Jonathan Sewell* qui, dans le but de sauver sa créance, s’en porta acquéreur pour £3 025. Cette vente faisait suite à celle du Cirque royal, effectuée en septembre 1831 dans les mêmes circonstances.
Nicolas-François Mailhot se retira probablement sur la terre qu’il avait acquise à Jeune-Lorette (Loretteville) en 1823. Il mourut à Québec le 11 février 1834 et fut inhumé deux jours plus tard dans le cimetière des Picotés. De son mariage avec Marie-Marguerite Roussel, il avait eu trois filles et un fils, Robert-Léonard, qui devint avocat et exerça sa profession à Québec.
ANQ-Q, CE1-1, 10 nov. 1801, 13 févr. 1834 ; CN1-178, 6 févr., 3 oct. 1810, 23 nov. 1811, 8 févr. 1814, 21 févr., 19 oct. 1815, 21 avril 1823, 22 juin 1824 ; CN1-230, 8 nov. 1801 ; T11-1/3553 : 677 ; 3556 : 249, 343, 506 ; 3563 : 134, 1er févr. 1822 ; 3564 : 336 ; 3567 : 235 ; 3583 : 1577 ; 3584 : 1966, 2180, 2193, 2394.— « Les Dénombrements de Québec » (Plessis), ANQ Rapport, 1948–1949 : 204.— Le Canadien, 24 oct. 1819, 16 mai, 20 juin 1821, 20 oct. 1824, 7, 14, 28 mai, 30 juin, 20 juill., 3, 6 août, 21 sept. 1831, 17 mars 1832.— La Gazette de Québec, 19, 26 mars 1812, 13 avril 1815, 31 déc. 1818.— Quebec Mercury, 3 févr. 1829.— P.-G. Roy, les Avocats de la région de Québec.— George Gale, Historic tales of old Quebec (Québec, 1923).— P.-G. Roy, « le Cirque royal ou Théâtre royal (Royal Circus ou Royal Theatre) », BRH, 42 (1936) : 641–666 ; « l’Hôtel Malhiot, rue Saint-Jean, à Québec » : 449–452.
Céline Cyr, « MAILHOT (Maillot, Malhiot), NICOLAS-FRANÇOIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mailhot_nicolas_francois_6F.html.
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Auteur de l'article: | Céline Cyr |
Titre de l'article: | MAILHOT (Maillot, Malhiot), NICOLAS-FRANÇOIS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1987 |
Année de la révision: | 1987 |
Date de consultation: | 8 nov. 2024 |