MARSHALL, JOHN JOSEPH, marchand et homme politique, né en 1807 dans le comté de Guysborough, en Nouvelle-Écosse, fils de Joseph H. et Ann Marshall ; il épousa Esther Maria Ballaine ; décédé le 25 octobre 1870 à Manchester, Nouvelle-Écosse.

John Joseph Marshall étudia à la Sackville Grammar School et grandit au sein d’une famille prospère dans le comté de Guysborough. Contrairement à la plupart des familles installées sur les rives de la baie de Chedabucto, les Marshall étaient « tous commis et fermiers et ne distinguaient pas un plat-bord d’un tolet ». Ils se firent connaître sur la scène politique : le grand-père de Marshall, Joseph Marshall – un loyaliste né en Georgie – et son oncle, John George Marshall*, siégèrent tous deux à la législature de la Nouvelle-Écosse. Son beau-père, John Ballaine, un marchand de l’île Jersey, avait également été membre de l’Assemblée. Avec deux autres familles, les Cutler et les Tory, ils formaient un puissant « compact » dans le comté de Guysborough.

Marshall tenait un magasin où il vendait des articles d’épicerie, de pêche, de menus objets de quincaillerie ainsi que du rhum. Comme un grand nombre de marchands établis dans les villages de pêcheurs, il passa pour un homme à la fois clairvoyant et pingre : il aurait notamment fait saisir les biens de certains clients qui n’acquittaient pas leurs dettes. Il menait une existence plutôt fastueuse, et on croit qu’il ne laissa guère de biens.

Marshall devint juge de paix et, en 1837, il fit partie d’un comité des pêcheries. En 1840, il fut élu député du comté de Guysborough à l’Assemblée, où il siégea jusqu’en 1859. On ne s’étonne pas, compte tenu de ses antécédents, qu’il se soit associé au groupe conservateur de James William Johnston* à la législature. D’une franchise qui allait jusqu’à l’insolence, il fut pris en aversion par ceux qu’il appelait les « agitateurs » du parti réformiste, à qui il reprochait de ne penser qu’en fonction du patronage exercé par les partis politiques. Durant la période tourmentée qui marqua la vie politique des années 40, les journaux réformistes attaquèrent Marshall, l’accusant d’être « prétentieux, grossier, déloyal [...], cheval de bât des tories de Halifax [...], le pire fléau qui ait jamais déshonoré le parquet de la Chambre », et ils se moquaient de lui en rappelant qu’il était l’auteur du « fameux projet de loi sur les oies [Goose Bill] », présenté en 1846 dans le but d’empêcher les oiseaux aquatiques de la ferme de s’égarer. Si certains le détestaient, d’autres lui furent reconnaissants pour le rôle qu’il joua dans la distribution des allocations de secours du gouvernement durant la période difficile des années 40, puis celle de la fin des années 60.

Dans l’Acadian Recorder, en 1856, Charles Rohan traça le portrait suivant de l’homme politique qu’était Marshall : « Il accepte l’épithète de conservateur, mais il donne parfois tête baissée dans le radicalisme [...] il n’est pas du tout enclin à généraliser ni à spéculer [...] d’une tournure d’esprit absolument négative [...] il semble fait pour l’opposition [...] prompt à prendre une décision et à répliquer, prompt à blesser un adversaire dans un débat [...] l’image même du flegme insolent [...] il est pourtant cordial et bienveillant à l’égard de ses adversaires hors de la Chambre. » Marshall disait de lui-même avec désinvolture qu’il n’appartenait à aucun groupe. La discipline de parti, nécessaire dans un gouvernement responsable, l’irritait visiblement.

II garda une vive rancune aux Britanniques pour avoir trahi les intérêts de la Nouvelle-Écosse en matière de pêcheries et de commerce maritime dans le traité de réciprocité de 1854. Pendant qu’il était dans l’opposition, il critiqua particulièrement les lois concernant la prohibition des boissons alcooliques et les dépenses relatives au chemin de fer : « Ils veulent non seulement nous couper le grog, disait-il, mais aussi nous voler l’argent alloué pour la voirie. » Sa compétence et l’appui qu’il avait fréquemment accordé aux conservateurs, notamment en présentant pour eux certains projets de loi impopulaires, lui valurent d’être nommé secrétaire aux Finances sous l’administration de Johnston, poste qu’il occupa de 1857 à 1860.

Opposé à l’union avec le Canada, Marshall fut attaqué par un grand nombre de ses associés qui étaient en faveur de la Confédération. Avec John Angus Kirk, en 1867, il se fit élire député du comté de Guysborough à l’Assemblée de la Nouvelle-Écosse, en se présentant comme candidat opposé à la confédération. Il devint président de la chambre le 30 janvier 1868 et remplit cette fonction jusqu’à son décès en 1870. Le Morning Chronicle de William Annand*, tout en reconnaissant que Marshall avait toujours défendu les intérêts de la Nouvelle-Écosse, raviva alors d’anciennes inimitiés en écrivant que sa carrière « n’avait rien eu de remarquable ».

A. A. Mackenzie

Les papiers de la famille Marshall sont conservés par Gladys Marshall, Boylston, N.-É.

PANS, RG 7, 143.— Howe, Speeches and letters (Chisholm).— N.-É., House of Assembly, Debates and proc., 1855–1859 ; Journals and proc., 1855–1856.— British Colonist (Halifax), 1844.— Eastern Chronicle (Pictou, N.-É.), 1847.— Morning Chronicle (Halifax), 1865–1870.— Times (Halifax), 1842.— Belcher’s farmer’s almanack, 1860.— CPC, 1869.— Directory of N.S. MLAs.— Charles Bruce, The channel shore (Toronto, 1957).— A. C. Jost, Guysborough sketches and essays (Guysborough, N.-É., 1950).

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A. A. Mackenzie, « MARSHALL, JOHN JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 9 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/marshall_john_joseph_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
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