RANDIN (souvent appelé incorrectement Raudin, Rendin ou Renden), HUGUES, ingénieur français au service du gouverneur de Buade de Frontenac, soldat, cartographe, architecte du fort Cataracoui (Frontenac), né probablement à Écully, France, vers 1646–1648, fils d’Estienne Randin et d’Hypolite Saurel ; décédé le 12 février 1677 et inhumé à Québec le jour suivant.

On ne sait rien des antécédents et de la jeunesse de Randin, et rien n’indique qu’il se soit jamais marié en Nouvelle-France. Il passa au Canada comme enseigne dans le régiment de Carignan-Salières à l’été de 1665 et demeura au pays quand ce régiment fut rapatrié en 1668. En 1671, l’intendant Talon le chargea d’aller, à l’extrémité ouest de l’Acadie, s’assurer de l’état du fort Pentagouet. Pour ses services en Nouvelle-France, Talon lui concéda une seigneurie sur le Saint-Laurent en 1672, mais il la vendit l’année suivante à Alexandre Berthier* ; c’est là que se trouve aujourd’hui Berthierville, et une île, située en face de la ville, a porté le nom de Randin durant de nombreuses années.

Randin accompagna Frontenac, en 1673, dans sa mission commerciale et pacifique auprès des Iroquois, à l’embouchure de la rivière Cataracoui (où est maintenant située la ville de Kingston, en Ontario). C’est alors que les Français établirent un poste dans le dessein de prendre aux Hollandais et aux Anglais une partie de la traite des fourrures. Randin dressa les plans du fort et en dirigea la construction. Les travaux allèrent à un tel train que, selon le journal de l’expédition (NYCD, IX : 104 ; l’original est à Paris), les officiers avaient de la difficulté à obtenir que les hommes cessent de travailler à l’heure du coucher. Arrivés sur les lieux le 12 juillet, ils commencèrent à défricher le terrain le lendemain et, à la grande surprise des Premières Nations, le fort Cataracoui fut achevé le 19 et palissadé le 20. Trois ans plus tard, on le démantela pour le rebâtir en pierre.

En 1676, Frontenac déléguait Randin au saut Sainte-Marie comme ambassadeur de paix pour faciliter la traite des fourrures, cette fois avec les Sioux. Randin s’était rendu là-bas muni de cadeaux ; sa mission fut fructueuse et Frontenac obtint pour son ingénieur, cette année-là ou la suivante, la concession d’une seigneurie en Acadie ; par devant le notaire François Genaple*, le 5 juin 1684, le frère et héritier de Randin fit don de cette seigneurie à l’Hôtel-Dieu de Québec.

Il existe une carte manuscrite en couleurs (à la bibliothèque John Carter Brown, de Providence, dans le Rhode Island) généralement attribuée à Randin : Carte de l’Amérique Septentrionale Depuis l’Embouchure de la Rivière St. Laurens jusques au Sein Mexique, laquelle fait voir toute l’étendue de l’empire français en Amérique du Nord. Elle témoigne du talent de dessinateur de son auteur. Bien que ne portant ni date ni signature, elle a évidemment été établie après la carte « Jolliet » de 1674, mais peut-être pas plus tard que 1676, puisqu’elle ne fournit aucun détail sur le voyage de Randin au lac Supérieur.

Dans un mémoire en date du 13 novembre 1680, l’intendant Duchesneau se plaint à Jean-Baptiste Colbert, à Paris (NYCD, IX : 142), d’un accord de commerce que Randin et ses associés avaient conclu avec Frontenac. Il existe un document (AN, Col., C11A, 6, f.111) où il est deux fois question de feu Randin ; ce document porte la date du 10 janvier 1681.

William F. E. Morley

Renseignements d’ordre privé obtenus à la John Carter Brown Library.— NYCD (O’Callaghan and Fernow), IX : 104.— Le Jeune, Dictionnaire, II : 500s.— Sara J. Tucker, Indian villages of the Illinois country (Springfield, Ill., 1942), 3, et planche VI.

Bibliographie de la version révisée :
Arch. de l’archidiocèse de Québec, 66 CD, Registre des confirmés, I : 37.— Arch. départementales, Rhône (Lyon, France), « État civil », Écully, 7 déc. 1643 ; 13 avril, 15 nov. 1644 ; 15 août 1653 ; 21 juin 1657 : archives.rhone.fr (consulté le 16 nov. 2018).— Bibliothèque et Arch. nationales du Québec, Centre d’arch. de Québec, CE301-S1, 13 févr. 1677.

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William F. E. Morley, « RANDIN (Raudin, Rendin, Renden), HUGUES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/randin_hugues_1F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1966
Année de la révision:    2020
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