William James Roche (1859–1937) fut le premier diplômé d’un programme de médecine à la University of Western Ontario de London. Une fois ses études terminées, en 1883, il s’installa à Minnedosa, au Manitoba, et y ouvrit un cabinet. À titre de député conservateur, il représenta la circonscription fédérale de Marquette de 1896 à 1917, année où il quitta la politique. Il servit également comme secrétaire d’État, secrétaire d’État aux Affaires étrangères et ministre de l’Intérieur sous le premier ministre Robert Laird Borden. Il présida la Commission du service civil de 1917 à 1935 ; il s’y fit le champion du remplacement du système de favoritisme en vigueur à cette époque par un système fondé sur le mérite.
Titre original :  Representative Men of Manitoba, 1902.

Provenance : Lien

ROCHE, WILLIAM JAMES, médecin, homme politique et fonctionnaire, né le 30 novembre 1859 près de Lucan, Haut-Canada, fils de William Elliott Roche, marchand, et de Maria Carter Hodgins ; le 17 juillet 1884, il épousa à Toronto Annie Elizabeth Cook (décédée en 1946), et ils eurent une fille et deux fils, dont un mourut en bas âge ; décédé le 30 septembre 1937 à Ottawa et inhumé au même endroit au cimetière Beechwood.

William James Roche naquit de parents irlandais et protestants dans un village qu’on appellerait Clandeboye, dans le comté de Middlesex. Il fréquenta l’école primaire à Lucan, près de chez lui, et l’école secondaire à London. Il enseigna durant deux ans, puis, en 1876, s’inscrivit à la Trinity Medical School, à Toronto. En 1883, il termina sa dernière année d’études à la University of Western Ontario, à London ; il obtint une mention très bien et devint le premier diplômé en médecine de l’établissement. Plus tard cette année-là, Roche partit pour Minnedosa, au Manitoba, où il ouvrit un cabinet de médecine générale. De 1886 à 1901, il siégea, à titre de représentant territorial de Marquette, au conseil du College of Physicians and Surgeons of Manitoba.

Roche s’engagea en politique en 1892 ; il se présenta alors, sans succès, aux élections générales provinciales comme candidat conservateur dans la circonscription de Minnedosa. Quatre ans plus tard, élu de justesse, il devint député conservateur de Marquette à la Chambre des communes, tout en gardant son bureau médical privé à Minnedosa. Il fut réélu aux élections générales de 1900, 1904, 1908 et 1911, la plupart du temps avec une petite majorité. Il servit à titre de whip conservateur pour l’Ouest (1901–1910) et whip adjoint conservateur (1910–1911). Le premier ministre Robert Laird Borden le nomma secrétaire d’État et secrétaire d’État aux Affaires étrangères en 1911. L’année suivante, on confia le premier poste à Louis Coderre et l’on transféra la responsabilité du second au premier ministre ; Roche devint alors ministre de l’Intérieur, fonction qu’il occuperait jusqu’en 1917. Son ministère ne se déroula pas sans controverse ; le 14 avril 1915, à la Chambre des communes, il lança des accusations de corruption contre Frank Oliver, son prédécesseur, et d’autres libéraux de l’administration antérieure.

Comme ministre de l’Intérieur, Roche chercha activement à recruter des immigrants originaires des États-Unis et du Royaume-Uni, et se rendit dans ces deux endroits dans le but de promouvoir l’immigration. Il jugeait cependant moins désirable et décourageait la venue d’immigrants de certains autres pays. En 1914, le bateau à vapeur Komagata Maru [V. Mewa Singh*] arriva à Vancouver avec, à son bord, quelques centaines de ressortissants du Panjab. Roche ordonna alors aux fonctionnaires de l’immigration, notamment à William Bruce Almon Ritchie*, de leur refuser l’entrée, et ce, malgré leur statut de sujets britanniques. L’année suivante, il doubla la somme d’argent que les immigrants devaient avoir en main (elle passa de 25 $ à 50 $). Pendant la Première Guerre mondiale, Roche fut lieutenant-colonel honoraire du 32nd Manitoba Horse et, en 1917, il présenta un projet de loi visant à organiser l’établissement agricole des soldats de retour au pays (qu’on adopterait finalement).

À titre de ministre de l’Intérieur, Roche agissait aussi comme surintendant des Affaires indiennes. Peter Henderson Bryce, médecin en chef du ministère de 1904 à 1921, espérait vivement que, fort de sa formation médicale, Roche s’occuperait des conditions de vie déplorables dans les pensionnats [V. Allen Patrick Willie] et les réserves, qu’il signalait dans ses rapports. Vraisemblablement, il ne s’intéressa pas à la question. En 1922, dans The story of a national crime, livre qui constitue une attaque cinglante contre l’inaction du ministère, Bryce écrivit que Roche « [devait] être tenu responsable d’avoir négligé une situation qui s’avéra très grave ».

En mauvaise santé, Roche prit sa retraite de la politique fédérale en 1917 ; ses portefeuilles échurent à Arthur Meighen* et à James Alexander Calder*, qui devinrent respectivement ministre de l’Intérieur et ministre de l’Immigration et de la Colonisation. La même année, on nomma Roche président de la Commission du service civil. Il fit la promotion de plusieurs réformes, dont la Loi du service civil de 1918, qui remplaça le régime de favoritisme en vigueur par un système fondé sur le mérite ; cela permit notamment de réduire le renouvellement de personnel. La Loi sur la pension de la fonction publique, qui établissait des pensions pour les employés fédéraux, fut sanctionnée en 1924, pendant qu’il exerçait ses fonctions à la commission. Parmi les points négatifs sur cette période de la carrière de Roche, il faut relever les suivants : la commission refusait d’entendre les appels individuels des fonctionnaires, et ceux qui s’y risquaient pouvaient connaître le licenciement, et, en 1921, la commission imposa des restrictions formelles à l’embauche des femmes mariées. Roche, seul des trois commissaires qui resta en place après l’enquête parlementaire de 1932, demeura en poste jusqu’à sa retraite en 1935.

William James Roche appartint à l’Independent Order of Odd Fellows (il y servit à titre de grand maître du Manitoba en 1893), à l’Ancient Order United Workmen, au Royal Colonial Institute de Londres, au Rideau Club d’Ottawa et à l’Église d’Angleterre au Canada. Il reçut des doctorats honorifiques : un de la University of Western Ontario en 1911 – établissement dont il fut le quatrième chancelier (1916–1929) – et un de la Queen’s University de Kingston en 1919. En 1934, le roi George V lui conféra le titre de compagnon de l’ordre de Saint-Michel et Saint-Georges.

Gordon Goldsborough

BAC, « Recensement du Canada, 1901 », Manitoba, dist. Marquette (9), sous-dist. Minnedosa (Town) (L), div. 1 : 2 : www.bac-lac.gc.ca/fra/recensements/1901/Pages/propos-recensement.aspx (consulté le 14 juin 2022).— FamilySearch, « Canada, Ontario deaths, 1869–1937 and overseas deaths, 1939–1947 », William James Roche, 30 sept. 1937 : www.familysearch.org/search/ark:/61903/1:1:JKJL-5R5?cid=fs_copy (consulté le 13 juin 2022) ; « Canada, Ontario marriages, 1869–1927 », William James Roche et Annie Elizabeth Cook, 17 juill. 1884 : www.familysearch.org/search/ark:/61903/1:1:FMJV-BYL?cid=fs_copy (consulté le 13 juin 2022).— « London Gazette, supplement to the London Gazette of Friday, the 1st of June, 1934 » : www.thegazette.co.uk/London/issue/34056/data.pdf (consulté le 24 févr. 2022).— Ottawa Journal, 10 oct. 1911 ; 8 avril 1919 ; 19 juill. 1934 ; 30 sept., 1er oct. 1937 ; 9 janv. 1946.— Winnipeg Free Press, 1er oct. 1937.— Winnipeg Tribune, 15 mars, 10 mai 1932 ; 1er, 4 oct. 1937.— George Bryce, A history of Manitoba : its resources and people (Toronto et Montréal, 1906).— P. H. Bryce, The story of a national crime : being an appeal for justice to the Indians of Canada […] (Ottawa, 1922).— Canada, Commission de la fonction publique du Canada, « les 100 ans de la Commission de la fonction publique du Canada, 1908 à 2008 » : www.canada.ca/content/dam/canada/public-service-commission/migration/abt-aps/tpsc-hcfp/hist-fra.pdf (consulté le 24 févr. 2022).— Canadian album : men of Canada, or success by example […], W[illia]m Cochrane et J. C. Hopkins, édit. (5 vol., Brantford, Ontario, 1891–1896), 3 : 387.— Canadian annual rev., 1912–1918.— Queen’s Univ., « The history of Queen’s graduation », Previous honorary degree recipients, 1858–2011 : www.queensu.ca/registrar/graduation/history (consulté le 24 févr. 2022).— Western Univ., « Past chancellors » : www.uwo.ca/univsec/about/chancellor/past.html (consulté le 24 févr. 2022).— Who’s who in western Canada […] (Vancouver), 1911.

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Gordon Goldsborough, « ROCHE, WILLIAM JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 déc. 2025, https://www.biographi.ca/fr/bio/roche_william_james_16F.html.

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Auteur de l'article:    Gordon Goldsborough
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
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