DCB/DBC Mobile beta
+

Dans le cadre de l’accord de financement entre le Dictionnaire biographique du Canada et le Musée canadien de l’histoire, nous vous invitons à participer à un court sondage.

Je veux participer maintenant.

Je participerai plus tard.

Je ne veux pas participer.

J’ai déjà répondu au sondage

Nouvelles du DBC/DCB

Nouvelles biographies

Biographies modifiées

Biographie du jour

ROBINSON, ELIZA ARDEN – Volume XIII (1901-1910)

décédée le 19 mars 1906 à Victoria

La Confédération

Le gouvernement responsable

Sir John Alexander Macdonald

De la colonie de la Rivière-Rouge au Manitoba (1812–1870)

Sir Wilfrid Laurier

Sir George-Étienne Cartier

Sports et sportifs

Les fenians

Les femmes dans le DBC/DCB

Les conférences de Charlottetown et de Québec en 1864

Les textes introductifs du DBC/DCB

Les Acadiens

Module éducatif

La guerre de 1812

Les premiers ministres du Canada en temps de guerre

La Première Guerre mondiale

ROY, MARGUERITE, dite de la Conception (appelée à tort Le Roy), religieuse de la Congrégation de Notre-Dame de Montréal, née à Prairie-de-la-Madeleine (Laprairie, Québec) le 4 juillet 1674, fille de Pierre Roy et de Catherine Ducharme, décédée à Montréal le 13 décembre 1749.

Ce n’est qu’en 1705 que les sœurs de la Congrégation de Notre-Dame s’établirent à Prairie-de-la-Madeleine. Mais au cours du xviie siècle, elles avaient l’habitude d’y faire des missions itinérantes, et c’est sans doute à ces occasions que Marguerite Roy connut les religieuses. À l’âge de 15 ans, elle entra à la congrégation à Montréal. Elle fut au nombre des sœurs qui, le 25 juin 1698, acceptèrent officiellement les règles données par Mgr de Saint-Vallier [La Croix*], firent les quatre vœux simples de pauvreté, chasteté, obéissance et instruction des filles, puis, le 1er juillet suivant, rendirent leur profession perpétuelle.

Sœur Marguerite Roy de la Conception fut employée dans plusieurs missions, mais il semble qu’elle y fut cause de nombreuses difficultés. On la rappela donc très tôt à la communauté de Montréal. Elle s’y trouvait lorsque Mgr de Saint-Vallier, sentant venir sa fin, décida de réaliser une partie du rêve qu’il méditait depuis 1685 : établir des maisons enseignantes aux extrémités de son immense diocèse, en Louisiane et en Acadie. En 1724, il avait officiellement demandé à la supérieure de la congrégation, sœur Saint-Joseph [Marguerite Trottier], d’envoyer des sœurs en mission à Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton), mais la supérieure lui demanda de trouver les moyens de pourvoir à la subsistance des sœurs. Par ailleurs, la règle de la congrégation exigeait la direction spirituelle d’un séculier et il n’y avait que des récollets à Louisbourg. L’évêque pensa obvier à ces difficultés en demandant à la cour d’assumer le soutien de la fondation. Mais celle-ci répondit qu’elle ne pouvait « accorder de nouvelles grâces aux communautés religieuses ».

En 1727, après un conflit avec le confesseur de la communauté, qui ne faisait pas grand cas de ses visions, sœur de la Conception se mit sous la direction spirituelle de l’évêque lui-même. Comme elle ne trouvait pas dans les activités des sœurs de Montréal une œuvre à la mesure de ses hautes aspirations et de son goût excessif du merveilleux, elle offrit ses services à l’évêque pour réaliser le désir qu’il avait d’une fondation à Louisbourg. Celui-ci accepta, malgré l’opposition des officières de la communauté qui soutenaient que la congrégation n’avait ni les moyens ni les sujets nécessaires à une telle fondation. Sœur de la Conception se vit donc contrainte de s’associer deux séculières. C’est dans ces circonstances exceptionnelles et avec la bénédiction de Mgr de Saint-Vallier qu’elle quitta Québec en mai 1727, au grand soulagement de sa communauté, semble-t-il. En 1733, Mgr Dosquet*, évêque de Québec, devait écrire d’elle qu’en 1727 la communauté « avait été bien aise d’en être délivrée parce qu’elle y mettait le trouble lorsqu’elle y demeurait et qu’aucun curé ne voulait l’avoir dans sa paroisse ».

Mgr de Saint-Vallier dut user d’habileté auprès des autorités civiles de l’île Royale lesquelles connaissaient l’opposition de la cour au projet en question. Dans une lettre au gouverneur Saint-Ovide [Monbeton] et au commissaire ordonnateur à Louisbourg, Jacques-Ange Le Normant de Mézy, il n’hésita pas à présenter la fondatrice comme la sœur « la plus capable de sa communauté ». Il affirma de plus que sa mission était « de connaître les lieux, l’état des choses et de juger de l’opportunité de l’œuvre qu’on se proposait ». Sans crainte d’erreur, nous pouvons affirmer que la fondation de Louisbourg est due à la fois à l’autoritarisme de Mgr de Saint-Vallier et au zèle intempestif de sa dirigée.

La fondatrice de la mission de Louisbourg était, selon sa notice nécrologique, « douée d’un esprit vif et pénétrant, d’un talent et d’une adresse rares pour l’instruction des élèves ». Elle fut donc fort appréciée comme éducatrice et s’acquit l’estime générale. Dès la première année, la mission comptait 22 pensionnaires et « le nombre de ses élèves devint en peu de temps si considérable qu’elle se vit dans l’impuissance de suffire à tout ». Au printemps de 1728, MM. de Saint-Ovide et de Mézy demandèrent au ministre Maurepas une gratification en faveur de l’établissement des sœurs de la congrégation. En avril 1730, le roi assigna une pension de 1 500# pour l’entretien de trois sœurs qui y seraient employées.

Pour suffire à la tâche et, surtout, pour répondre aux exigences du roi, sœur de la Conception demanda du renfort à sa communauté de Montréal. Mais les circonstances de son départ pour Louisbourg avaient déjà creusé un fossé entre elle et sa communauté. De plus, la mission de Louisbourg se trouvait dans une situation financière pénible : sans talent pour les affaires temporelles, volontiers extravagante, la fondatrice avait acheté, à des conditions de paiement très onéreuses pour la mission (1 000# par année), un terrain et une maison qui ne valaient pas les 15 000# que Josué Dubois Berthelot de Beaucours en avait exigées. Les officières de la congrégation hésitèrent donc à envoyer des sœurs réparer les pots cassés à Louisbourg. Elles s’y résolurent à l’été de 1732, mais Mgr Dosquet n’autorisa le départ de sœur Saint-Joseph et de ses deux compagnes qu’à l’automne de 1733, lorsqu’il eut la certitude que la fondatrice rentrerait immédiatement à Montréal, selon l’ordre qu’il lui avait donné.

À Montréal, sœur de la Conception suivit de loin ce que l’on appela « le rétablissement de la mission de Louisbourg ». Physiquement fatiguée, moralement épuisée par les nombreuses accusations portées contre elle et par la conscience d’être considérée à charge et inutile dans sa communauté, elle vécut dans l’humilité, l’obscurité et le silence jusqu’à sa mort. Dans l’Histoire de la Congrégation de Notre-Dame de Montréal, sœur de la Conception se présente comme un cas unique. À sa notice nécrologique s’ajoute un long plaidoyer : « Coup d’œil sur les accusations portées contre Sœur de la Conception avec objections ». L’auteur semble vouloir réfuter Mgr Dosquet qui a écrit, par exemple, dans une lettre à l’abbé de l’Isle-Dieu le 25 mars 1733, ces mots étonnamment durs et diffamatoires : « C’est la fille la plus trompeuse, la plus intrigante et la plus pleine d’illusions que je connaisse. » Ce plaidoyer nous porterait à conclure que si sœur de la Conception, très libre dans ses aspirations et ses gestes, a été une sœur hors série dans sa communauté, elle fut aussi, avec l’appui, sinon l’impulsion irrésistible de Mgr de Saint-Vallier, cette femme tenace et courageuse qui a lancé l’œuvre de la Congrégation de Notre-Dame à l’île Royale.

Andrée Désilets

ACND, La Congrégation de Notre-Dame: son personnel, 1653–1768 ; Fichier général des sœurs de la Congrégation de Notre-Dame ; Plans des lieux de sépulture depuis 1681-CND ; Registre des sépultures des sœurs de la Congrégation de Notre-Dame ; Registre général des sœurs de la Congrégation de Notre-Dame de Montréal.— AN, Col., B, 54, ff.433–434.— ANQ-M, Registre d’état civil, Laprairie, 1674.— RAC, 1904, app. k, 49.— Lemire-Marsolais et Lambert, Histoire de la Congrégation de Notre-Dame, II : 115 ; III : 166, 348–355, 393–397 ; IV : 6, 14–16, 29–35, 124–126, 201–211, 241.— Tanguay, Dictionnaire.

Bibliographie générale

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Andrée Désilets, « ROY, MARGUERITE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/roy_marguerite_3F.html.

Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique


Permalien: http://www.biographi.ca/fr/bio/roy_marguerite_3F.html
Auteur de l'article:    Andrée Désilets
Titre de l'article:    ROY, MARGUERITE
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
Date de consultation:    19 mars 2024