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Titre original :  Detail of Tattannoeuck, also known as Augustus and "Stomach".

Date(s): May 1821. 

Provenance: Hood, Robert, 1797-1821

Artist: Hood, Robert, 1797-1821


Related control no.: 2014-01643-7

Web link to Library and Archives Canada: https://central.bac-lac.gc.ca/.redirect?app=fonandcol&id=4730700&lang=eng (Portraits of the Esquimaux interpreters from Churchill employed by the North Land Expedition)

Provenance : Lien

TATTANNOEUCK (qui signifie « c’est plein » ; connu aussi sous le nom d’ Augustus), interprète inuit, décédé à la fin de février ou au début de mars 1834 près du fort Resolution (Fort Resolution, Territoires du Nord-Ouest).

Tattannoeuck naquit et fut élevé sur la côte ouest de la baie d’Hudson, à quelque 200 milles au nord du fort Churchill (Churchill, Manitoba). Il avait au moins un frère, auquel il était très attaché. Au début du xixe siècle, la Hudson’s Bay Company engageait de jeunes autochtones pour passer l’hiver dans ses postes où on leur enseignait le métier d’interprète. Tattannoeuck fut donc employé au fort Churchill de 1812 à 1814 et en 1815–1816. Au cours de l’été de 1816, il retourna chez lui. Il se maria dès 1818 et eut au moins trois fils.

En 1820, Tattannoeuck et un autre Inuk, Hoeootoerock (connu également sous le nom de Junius), furent engagés à titre d’interprètes pour participer à la première expédition de sir John Franklin* vers l’Arctique. En janvier 1821, ils arrivèrent au fort Enterprise (Fort Enterprise, Territoires du Nord-Ouest) et, le 14 juin, l’équipe de Franklin se mit en route vers le littoral de l’Arctique. Au cours des explorations, Tattannoeuck et Hoeootoerock firent preuve d’une intrépidité et d’une inlassable gaieté, tout en rendant des services inappréciables. L’expédition de Franklin était la première à descendre le Coppermine depuis que les guides indiens qui accompagnaient Samuel Hearne* avaient massacré un groupe d’Inuit à Bloody Falls 50 ans auparavant. Craignant avec raison que les Inuit soient de nouveau troublés à la vue d’Européens et d’Indiens, Franklin envoya d’abord Tattannoeuck et Hoeootoerock les rassurer. Les interprètes réussirent à prendre contact avec les Inuit, mais l’apparition soudaine d’autres membres de l’expédition provoqua leur fuite. Ils rencontrèrent un autre groupe d’Inuit qui se sauvèrent également. Tattannoeuck parvint tout de même à obtenir d’un vieil homme trop faible pour s’enfuir des renseignements sur les habitants et les ressources qu’ils exploitaient ainsi que sur le littoral de l’Arctique.

Les membres de l’expédition explorèrent le littoral puis firent demi-tour. Cependant, le retour au fort Enterprise s’avéra un désastre : plus de la moitié d’entre eux trouvèrent la mort, la plupart à cause du froid ou de la faim [V. Robert Hood]. Hoeootoerock disparut au cours d’une excursion de chasse, et les recherches de Tattannoeuck pour retrouver son ami s’avérèrent vaines. Par la suite, l’impatient Tattannoeuck, affamé mais toujours plein d’énergie, devança le groupe qui avançait péniblement, et se perdit. Finalement, il regagna le fort Enterprise, et Franklin, ravi, fit observer que Tattannoeuck, « en retrouvant son chemin à travers une [...] région qu’il ne connaissait pas, avait fait remarquablement preuve de sagacité ».

En 1822, Tattannoeuck retourna au fort Churchill, où il fut employé par la Hudson’s Bay Company. Au cours de l’été de 1823, il servit d’interprète au missionnaire John West* et se convertit au christianisme. Le printemps suivant, après avoir rendu visite à sa famille, il fut de nouveau engagé à titre d’interprète pour la deuxième expédition de Franklin dans l’Arctique. Accompagné d’Ooligbuck*, il partit à pied et, le 25 juin 1825, rejoignit le groupe de Franklin au portage Methy (portage La Loche, Saskatchewan). En août, les membres de l’expédition qui descendaient le Mackenzie surprirent un campement d’Indiens, qui prirent immédiatement les armes. Franklin nota qu’un « brave jeune homme », en apercevant le visage inuit de Tattannoeuck, « leva les mains de joie et encouragea tous les membres de [son] groupe à s’embarquer [...] et les relations devinrent amicales ». Tattannoeuck fut « le centre d’attraction, poursuivit Franklin, en dépit du fait que M. Kendall [Edward Nicolas Kendall*] et moi-même portions l’uniforme et distribuions des présents [...] Nous ne pouvions nous empêcher d’admirer la coinduite de notre excellent petit compagnon sous des marques d’attention si extravagantes et inhabituelles. Il accueillit toutes les salves d’applaudissements [...] avec modestie et affabilité, sans toutefois leur [les Indiens] permettre de l’interrompre dans la préparation de notre déjeuner, tâche qu’il avait toujours grand plaisir à accomplir. »

Après avoir hiverné au fort Franklin (Fort Franklin, Territoires du Nord-Ouest), les explorateurs poursuivirent leur descente du Mackenzie durant l’été de 1826. À l’embouchure du fleuve, ils se séparèrent en deux groupes, et Tattannoeuck accompagna celui de Franklin. Le 7 juillet, ce dernier groupe rencontra plusieurs centaines d’Inuit qui, favorisés par les circonstances, saccagèrent les deux bateaux de Franklin. Pour les repousser, il fallut les menacer avec le canon des fusils, la crosse n’étant pas assez dissuasive. Cette nuit-là, Tattannoeuck rencontra seul 40 Inuit et, avec audace, les avertit de changer de conduite ou de dire adieu au commerce dans l’avenir. « [Les membres de] ma tribu, leur dit-il, étaient dans le même état pitoyable que vous avant l’arrivée des Blancs à Churchill mais à présent, ils reçoivent tout ce dont ils ont besoin, et vous voyez comme je suis bien vêtu. » Il termina en affirmant que « si un homme blanc avait été tué [durant le saccage], [il] aurai[t] été le premier à venger sa mort ». Ses efforts furent vains ; les Inuit projetèrent de massacrer le lendemain le groupe de Franklin, y compris Tattannoeuck, mais ils n’en eurent pas la chance.

L’arrivée de l’expédition à Norway House (Manitoba) en juin 1827 marqua la fin de l’engagement de Tattannoeuck et, le moment de la séparation venu, il pleura. Il passa une grande partie des trois années suivantes au fort Churchill, et voyagea vers le nord à l’occasion pour aller visiter sa famille. De 1830 à 1833, Tattannoeuck et Ooligbuck travaillèrent à titre d’interprètes et de chasseurs pour Nicol Finlayson* au fort Chimo (Fort-Chimo, Québec). En 1833, Tattannoeuck apprit que George Back*, qui avait participé aux deux expéditions de Franklin, préparerait sa propre expédition pour aller à la recherche du capitaine John Ross*, explorateur présumé perdu dans l’Arctique. Tattannoeuck se rendit rapidement au fort Churchill où il acheta une livre de poudre à fusil, deux livres de balles et une demi-livre de tabac, puis, malgré son infirmité à la jambe, partit à pied pour le fort Resolution avec ces maigres provisions. Il arriva après plusieurs mois pour constater que Back était parti pour le fort Reliance (Fort Reliance, Yukon) à 200 milles au nord-est. Il décida de continuer, mais s’égara et, en essayant de revenir, périt dans la tempête sur la rivière à Jean ; il était à 20 milles seulement du fort Resolution.

Les officiers qui accompagnèrent Franklin lors de ses expéditions conservaient de l’affection pour Tattannoeuck. Affligé par l’annonce de sa mort, Back écrivit : « Telle fut la misérable fin du pauvre Augustus ! un grand cœur, fidèle et désintéressé, qui avait gagné non seulement mon estime, mais aussi, je peux l’affirmer, celle de sir John Franklin et du docteur Richardson [sir John Richardson*], par les qualités qui, peu importe le cadre social où elles s’exercent, qu’il soit simple ou raffiné, agrémentent la vie et font tout le charme des relations humaines. » Le gouverneur de la Hudson’s Bay Company, George Simpson*, le décrivit ainsi : « fidèle, dévoué [et] intelligent ». L’opinion de Finlayson fut la seule discordante : tout en reconnaissant que Tattannoeuck’ avait été un « bon interprète », il le considérait comme un « mauvais chasseur » et un « ivrogne invétéré ». Tattannoeuck était très attaché aux hommes pour lesquels il travaillait. En revenant de la seconde expédition de Franklin, il avait fait un détour par Cumberland House (Saskatchewan) pour rendre visite à Richardson, second officier de Franklin et membre de la première expédition. En quittant les hommes de Franklin à Norway House, il les avait assurés qu’ils pourraient toujours compter sur lui en cas de besoin et, de fait, il sacrifia sa vie en essayant courageusement de tenir promesse.

En reconnaissance des services que Tattannoeuck avait rendus à Franklin, une espèce de papillon découverte à Cumberland House en 1827 fut nommée, probablement par Richardson, Theta augustus (classifiée maintenant sous le nom de Incisalia augustus), et, plus tard, un lac des Territoires du Nord-Ouest fut baptisé Augustus en son honneur.

Susan D. M. Rowley

PAM, HBCA, B.42/a/138 ; 140–142 ; 144 ; 145 ; 149 ; 151 ; 155–157 ; B.42/e/1/4 ; B.42/e/6/2.— George Back, Narrative of the Arctic land expedition to the mouth of the Great Fish River, and along the shores of the Arctic Ocean in the years 1833, 1834, and 1835 (Londres, 1836), 241–243, 253.— John Franklin, Narrative of a journey to the shores of the polar sea in the years 1819, 20, 21 and 22 [...] (Londres, 1823) ; Narrative of a second expedition to the shores of the polar sea, in the years 1825, 1826, and 1827 (Londres, 1828).— HBRS, 24 (Davies et Johnson).— Robert Hood, To the Arctic by canoe, 1819–1821 : the journal and paintings of Robert Hood, midshipman with Franklin, C. S. Houston, édit. (Montréal et Londres, 1974).— John Richardson, Arctic ordeal : the journal of John Richardson, surgeon-naturalist with Franklin, 1820–1822, C. S. Houston, édit. (Kingston, Ontario, et Montréal, 1984).— John West, The substance of a journal during a residence at the Red River colony, British North America ; and frequent excursions among the North West American Indians, in the years 1820, 1821, 1822, 1823 (Londres, 1824 ; réimpr., New York, 1966).— M. S. Flint, Operation Canon ; a short account of the life and witness of the Reverend John Hudspith Turner [...] (Londres, 1949), 17.— David Meyer, « Eskimos of west Hudson Bay, 1619–1820 », Napao (Saskatoon), 6 (1976), nos 1–2 : 41–58.

Bibliographie générale

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Susan D. M. Rowley, « TATTANNOEUCK », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/tattannoeuck_6F.html.

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Auteur de l'article:    Susan D. M. Rowley
Titre de l'article:    TATTANNOEUCK
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
Date de consultation:    19 mars 2024