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Titre original :  La Patrie, jeudi 11 avril 1935

Provenance : Lien

Trudeau, Joseph-Charles-Émile (baptisé Joseph), avocat et homme d’affaires, né le 5 juillet 1887 à Saint-Michel, Québec, fils de Joseph Trudeau, cultivateur, et de Malvina Cardinal ; le 11 mai 1915, il épousa à Montréal Grace Elliott, et ils eurent une fille et trois fils, dont le premier mourut en bas âge et le deuxième était Pierre Elliott Trudeau* ; décédé le 10 avril 1935 à Orlando, Floride, et inhumé à Saint-Rémi, près de Napierville, Québec.

Joseph-Charles-Émile Trudeau, que ses amis appelaient Charlie ou Charley, naquit d’un père qui savait à peine lire et écrire et d’une mère ambitieuse. Il quitta la ferme familiale pour entrer au collège jésuite Sainte-Marie de Montréal, où il entreprit de brillantes études classiques. En 1909, il commença à fréquenter la faculté de droit de l’université Laval à Montréal. Ses notes de cours témoignent de son intelligence supérieure. Elles montrent de plus qu’il passait ses examens en latin et partageait bien des opinions de ses professeurs ; il croyait, par exemple, que « le Canada n’[était] pas mûr pour l’indépendance » et que la guerre détruisait « les arts, les sciences [et la civilisation] ». À l’université, il devint, selon les mots du journaliste George Radwanski, un « petit [homme] au physique nerveux et extraverti », et se laissa attirer par les jeux d’argent et la vie sociale vibrante de Montréal. Trudeau obtint un baccalauréat en droit au printemps de 1912 et son admission au barreau de Montréal en septembre.

Quand la Première Guerre mondiale éclata en 1914, Trudeau pratiquait le droit à Montréal dans un cabinet modeste avec Charles-Édouard Guérin, et courtisait Grace Elliott, fille de Phillip Armstrong Elliott, homme d’affaires prospère du coin. Déjà détenteur de quelques biens, Trudeau signa un contrat de mariage avec sa promise avant la cérémonie du 11 mai 1915. Pendant que le bureau d’avocats fleurissait, il commença à s’intéresser aux affaires. En 1921, il fonda l’Automobile Owners’ Association pour profiter de la croissance rapide de l’usage des véhicules à moteur à Montréal ; le nombre de voitures au Québec passerait de 41 562 en 1920 à environ 100 000 cinq ans plus tard. De son siège social rue Saint-Denis, la société administrait une petite chaîne de postes d’essence et un club qui, moyennant une cotisation annuelle, offrait des services aux propriétaires d’automobile. L’association prospéra et, dès le début des années 1930, comptait 30 stations-service et plus de 15 000 membres. En 1932, Harry Michener Snyder, agent qui achetait des compagnies pétrolières indépendantes pour la gigantesque Imperial Oil Company Limited, s’entendit avec Trudeau pour fixer le prix de vente de son entreprise à 1,15 million de dollars. Snyder perçut 150 000 $ en frais de courtage. Trudeau reçut un million de dollars, somme sur laquelle il avait insisté pendant les négociations ; l’année suivante, il prit la direction générale de la nouvelle filiale, la Champlain Oil Products Limited, pour un salaire annuel de 20 000 $.

Trudeau créa sans tarder des fiducies pour sa femme et leurs enfants, et se mit à diversifier ses propres avoirs. Il acquit des immeubles à Montréal et des actions (notamment de la Sullivan Gold Mine Company), et devint un investisseur majeur du parc Belmont, le plus grand parc d’attractions de la ville, ainsi que l’actionnaire principal et le vice-président d’une équipe de baseball, les Royaux de Montréal. Ses partenaires dans les domaines du divertissement et des sports, comme Hector-Hubert Racine et J.-Roméo Gauvreau, faisaient partie des habitués du Club Saint-Denis, fréquenté par des francophones ; Trudeau y avait une réputation de bon vivant, dont se souviendraient ses enfants. Parmi ses amis figurait l’influent – et controversé – politicien nationaliste conservateur Camillien Houde*. Son propre nationalisme se reflétait dans son appartenance, à titre de conseiller financier, au conseil d’administration du journal le Devoir [V. Henri Bourassa*]. Il passa du temps dans les coulisses conservatrices et amassa des fonds pour le chef du parti provincial, Maurice Le Noblet Duplessis*. Des rumeurs circulèrent : le nationaliste populaire, qui avait bâti lui-même sa fortune, se lancerait peut-être en politique. L’avenir en déciderait autrement.

Au printemps de 1935, mû par son amour du baseball, Trudeau assista à l’entraînement des athlètes en Floride. Il contracta une pneumonie ; il sembla prendre du mieux, puis succomba à une défaillance cardiaque le 10 avril. La presse anglophone loua sa passion pour le sport, tandis que les journaux francophones saluèrent son talent exceptionnel pour les affaires. Dans un procès à propos de la vente de son entreprise, Snyder déclara ceci : « M. Trudeau avait accompli un travail tout à fait monumental pour l’industrie pétrolière dans cette ville, l’une des seules fois en Amérique du Nord où ce type d’organisation a[vait] été mise sur pied et exploitée avec succès. » Il conclut en affirmant que Trudeau était « un homme très brillant ».

Dans son testament, Joseph-Charles-Émile Trudeau fit preuve de perspicacité en protégeant sa fortune considérable des droits de succession, et en assurant la sécurité financière de sa veuve et de ses trois enfants vivants. Sa mémoire subsiste surtout grâce à l’importance historique de son fils Pierre Elliott, qui voyait en lui quelqu’un de fort et de profondément bienveillant, qualités souvent soulignées par les biographes du premier ministre. Certains laissèrent entendre que Trudeau se montrait violent à l’égard de sa femme, mais ces allégations ne cadrent pas avec la chaleur et l’humour omniprésents dans ses lettres aux membres de sa famille et dans leurs propres souvenirs. « Quand mon père était là, se rappellerait Pierre Elliott dans les années 1970, il y avait beaucoup d’effusions et de rires et d’embrassades et d’étreintes. Mais après sa mort, les mœurs anglaises prirent un peu plus le dessus. » Assurément, la vie et la disparition de Joseph-Charles-Émile Trudeau marquèrent fortement son fils Pierre Elliott et, par conséquent, l’histoire du Canada.

John English

BAC, R11629-1-X (fonds Pierre Elliott Trudeau, série des documents financiers familiaux), vol. 2–4 ; R11629-2-1 (fonds Pierre Elliott Trudeau, documents antérieurs à la carrière politique), corr., vol. 53, dossiers 30–31 (Joseph-Charles-Émile Trudeau et Grace Elliot) ; dossiers sujets, vol. 1, dossier 1 (Joseph-Charles-Émile Trudeau, notes).— Le Devoir, 11 avril 1935, 31 oct. 1940.— Montreal Daily Star, 11 avril 1935.— La Patrie, 11 avril 1935.— John English, Trudeau, citoyen du monde, tome 1 : 1919–1968, Suzanne Anfossi, trad. (Montréal, 2006).— Steve Proulx, les Saisons du parc Belmont, 1923–1983 (Montréal, 2005).— George Radwanski, Trudeau (Toronto, 1978).

Bibliographie générale

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John English, « TRUDEAU, JOSEPH-CHARLES-ÉMILE (baptisé Joseph) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/trudeau_joseph_charles_emile_16F.html.

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Permalien: http://www.biographi.ca/fr/bio/trudeau_joseph_charles_emile_16F.html
Auteur de l'article:    John English
Titre de l'article:    TRUDEAU, JOSEPH-CHARLES-ÉMILE (baptisé Joseph)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2022
Année de la révision:    2022
Date de consultation:    28 mars 2024