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VÉZINA, JOSEPH (baptisé François-Joseph), chef de musique et d’orchestre, professeur, organiste et compositeur, né le 11 juin 1849 à Québec, fils de François Vézina, peintre en bâtiment, et de Marie Petitclerc ; le 24 septembre 1872, il épousa à Québec Monique Tardiff, et ils eurent quatre fils et trois filles ; décédé le 5 octobre 1924 à Québec et inhumé le 8 au cimetière Notre-Dame de Belmont, à Sainte-Foy, Québec.

Joseph Vézina reçoit quelques leçons instrumentales de son père, musicien amateur qui lui enseigne à jouer du baryton et du piano, entre autres. Il suit aussi des cours d’harmonie de Calixa Lavallée* pendant une période de six mois. Il acquerra le reste de sa formation musicale en autodidacte. En 1866, à l’âge de 17 ans, il quitte le petit séminaire de Québec, où il étudie depuis 1861. Il s’engage alors comme mousse à bord d’un bateau qui le conduit en Europe. Au cours de ce voyage, il éprouve un douloureux mal du pays qui le détermine à passer le reste de sa vie à Québec et à y faire carrière comme musicien, en dépit des conditions difficiles inhérentes à ce métier dans la capitale provinciale.

Vézina trouve ses premiers débouchés au sein des groupes de musique militaire de la ville. Il s’inscrit en 1866 à l’école militaire de Québec, puis, en 1867, entre dans le 9e bataillon des Voltigeurs de Québec. Dans la fanfare du bataillon, il joue du baryton ; de fait, il en sera le chef de 1868 à 1879. Au fil des années, il dirige un grand nombre de fanfares et fonde notamment le corps de musique Notre-Dame de Beauport en 1874 et, en 1875, les ensembles de Montmorency (Beauport) et de Charlesbourg ; il enseigne en outre le jeu des divers instruments d’harmonie. Doué d’une excellente oreille, d’une rare intuition musicale et d’une étonnante capacité de travail, il amène la plupart des ensembles qu’il dirige à un haut niveau d’exécution. En 1878, par exemple, la formation Notre-Dame de Beauport remporte le premier prix d’un concours, tenu au Victoria Skating Rink de Montréal, où s’affrontent des corps musicaux venus de partout au Canada. En 1879, Vézina est nommé chef de l’ensemble musical de la B Battery de la Garrison Artillery (qui deviendra en 1922 la musique du Royal 22e Régiment). Il abandonnera cette fonction en 1912, année où il prendra la direction de la fanfare des cadets de Saint-Jean-Baptiste de Québec.

En 1880, à l’occasion de la fête de la Saint-Jean-Baptiste, Vézina dirige au pavillon des Patineurs, à Québec, la première exécution du Ô Canada (paroles d’Adolphe-Basile Routhier*, musique de Calixa Lavallée), qui sera officiellement choisi comme hymne national du pays un siècle plus tard. La même année, il entre comme professeur de musique au petit séminaire de Québec.

Vézina devient en 1887 membre de l’Académie de musique de Québec, qu’il présidera en 1914–1915. Son talent aurait à cette époque été reconnu par des personnalités musicales de premier plan, dont Carlo Alberto Cappa et Walter Damrosch, tous deux de New York, qui auraient incité Vézina à aller faire carrière aux États-Unis. Ce dernier, cependant, refusera toujours de quitter sa ville. Des moments importants jalonnent les années suivantes. En 1894 et 1896, il dirige les concerts présentés au carnaval d’hiver, dont le plus marquant est sans conteste celui du 27 janvier 1896, au manège militaire de Québec. Vézina est alors à la tête des corps musicaux qui accompagnent la célèbre cantatrice Emma Albani [Lajeunesse], qui interprète notamment Casta diva, pièce tirée de l’opéra Norma de Bellini, et l’Inflammatus, du Stabat mater de Rossini. Il devient organiste de la paroisse St Patrick en 1896, fonction qu’il quittera en 1912. Le 16 septembre 1901, sur la terrasse Dufferin, Vézina dirige un grand programme musical à l’occasion de la venue du duc de Cornwall et de Mary, princesse de Teck. En juin 1902, il est le chef d’orchestre de trois concerts présentés pour célébrer le jubilé de l’université Laval, au manège militaire.

Le succès que connaissent ces événements suscite l’enthousiasme. C’est dans ce contexte que Vézina – à l’invitation de trois jeunes musiciens, Louis-Léonidas Dumas, Joseph Talbot et Raoul Vézina, son fils – prend la tête de l’Orchestre symphonique de Québec, fondé le 3 ou le 5 octobre 1902. La formation s’adjoint le 23 février 1903 une quinzaine de nouveaux instrumentistes, pour la plupart professionnels et membres soit de la garnison, soit du Septuor Haydn. Connu sous le nom de Société symphonique de Québec à partir de ce moment (et ce, jusqu’au 25 juin 1942), l’ensemble est le doyen des orchestres symphoniques canadiens et existera encore au début du xxie siècle. Vézina en fait bientôt un orchestre dont la valeur est reconnue à l’échelle nationale. Déjà en 1907, la formation sort gagnante de la première édition du concours musical et dramatique organisé à Ottawa par le gouverneur général du Canada, Albert Henry George Grey*. Le juge qui accorde le prix à l’orchestre, George Whitefield Chadwick, est un des compositeurs américains les plus éminents et dirige le New England Conservatory of Music de Boston. Il se dit hautement impressionné par la qualité de l’ensemble, tandis que les critiques d’Ottawa et d’ailleurs sont unanimement élogieux. L’année suivante, Vézina, président du comité de musique des fêtes du tricentenaire de Québec, dirige plusieurs grands concerts que donne la Société symphonique de Québec pour cette occasion.

Au cours des 22 années qu’il passe à sa tête, Vézina fait progresser la formation de façon exceptionnelle. Jusqu’en 1914, l’orchestre, qui compte une soixantaine d’instrumentistes, offre – à l’instar des grands orchestres professionnels du monde – des séries de concerts d’abonnement à raison de trois par année et présentés à l’Auditorium de Québec (qui deviendra le théâtre Capitole), salle inaugurée par Vézina et la Société symphonique de Québec en 1903. Il se produit également au cours des séances annuelles de la Société du parler français au Canada [V. Stanislas-Alfred Lortie*] (association qui se poursuivra jusqu’en 1946) et à l’occasion de nombreuses manifestations religieuses et sociales. L’orchestre est par ailleurs invité à se faire entendre en dehors de la région de Québec, notamment à Ottawa, Montréal, Sherbrooke et Montmagny.

En 1922, Vézina compte de plus parmi les premiers professeurs titulaires et les nouveaux docteurs de l’École de musique de l’université Laval, qui ouvre cette année-là sous la direction de Gustave Gagnon. Il ne peut y enseigner bien longtemps puisqu’il meurt le 5 octobre 1924. Âgé de 75 ans, il était encore professeur au petit séminaire et chef de la Société symphonique de Québec.

Avant 1900, Vézina a composé de nombreux morceaux pour fanfare, harmonie et orchestre, des pièces pour divers instruments (piano, flûte), des mélodies et quelques œuvres chorales. Il a aussi réalisé plusieurs arrangements. Par la suite, il a écrit la musique pour le Lauréat (texte de Félix-Gabriel Marchand*), le Rajah (texte de Gaston Morelles, pseudonyme de Benjamin Michaud) et le Fétiche (texte d’Alex Villandray et Louis Fleur, pseudonymes d’Alexandre Plante et Antonio Langlais), trois opéras-comiques qu’a créés la Société symphonique de Québec respectivement en 1906, 1910 et 1912. Un quatrième ouvrage lyrique, la Grosse Gerbe, d’après un poème de Pamphile Le May*, est demeuré inachevé.

Joseph Vézina a été l’un des principaux artisans de la vie musicale de la capitale pendant plus de 50 ans. Travailleur acharné, organisateur de premier ordre, musicien rigoureux, polyvalent et d’un talent indéniable, il vit toujours par l’intermédiaire de sa réalisation la plus prestigieuse, l’Orchestre symphonique de Québec, aujourd’hui considéré comme l’une des grandes formations symphoniques du Canada.

Bertrand Guay

Quelques fonds d’archives contiennent des documents sur Joseph Vézina. Aux ANQ-Q, on consultera le fonds Joseph Vézina (P326) et le fonds Orchestre symphonique de Québec (P519). Le Conservatoire de musique de Québec possède dans le Fonds Joseph Vézina des manuscrits de ses œuvres. Au MCQ-FSQ, on trouvera des renseignements sur Vézina dans le Journal du séminaire (MS 34), dans le Journal du conseil des plumitifs (MS 13) ainsi que dans la série SME 9 qui contient quelques lettres du sujet ; on pourra aussi y consulter un fonds musical, non traité, où se trouvent des partitions de Joseph et de son fils Raoul.

ANQ-Q, CE301-S1, 4 août 1835, 12 juin 1849, 24 sept. 1872.— Le Devoir, 6 oct. 1924.— Nicole Brown, « Joseph Vézina (1849–1924), vie, œuvre et catalogue » (mémoire de m.a., Conservatoire de musique de Québec, 1994).— Vivianne Émond, « “Musique et Musiciens à Québec : souvenirs d’un amateur” de Nazaire Le Vasseur (1848–1927) : étude critique » (mémoire de m.mus., univ. Laval, 1986).— Encyclopédie de la musique au Canada (Kallmann et al.), 3 : 3464–3466.— Bertrand Guay, Un siècle de symphonie à Québec : l’Orchestre symphonique de Québec, 1902–2002 (Québec, 2002).— Odile Magnan, « la Musique à Québec, 1908–1918 : à travers l’Action sociale et l’Action catholique » (mémoire de m.a., univ. Laval, 1980).

Bibliographie générale

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Bertrand Guay, « VÉZINA, JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 18 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/vezina_joseph_15F.html.

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Auteur de l'article:    Bertrand Guay
Titre de l'article:    VÉZINA, JOSEPH
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
Date de consultation:    18 mars 2024