COBB, SILVANUS, marin, officier, né le 18 mars 1709/1710 à Plymouth. Massachusetts, fils d’Elisha Cobb et de Lydia Rider ; le 22 octobre 1734, il épousa Elizabeth Rider dont il eut une fille ; décédé probablement à La Havane, Cuba, durant l’été de 1762.
On ignore à peu près tout de la vie de Silvanus Cobb avant 1745, date à laquelle il leva une compagnie d’infanterie, à Plymouth, pour l’expédition de la Nouvelle-Angleterre contre Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton) [V. William Pepperrell] ; il se trouvait alors capitaine du 7e régiment du Massachusetts. Au lendemain du siège, il servit dans la garnison de Louisbourg. il fit partie du comité formé en juin 1745 « pour chercher et mettre en lieu sûr tout le butin appartenant à l’armée » ; en mars 1746, il reçut l’ordre d’inspecter les maisons de la ville, dans le but de trouver des logements pour les soldats afin que les casernes puissent être réparées.
Obéissant aux ordres de : l’officier commandant, Paul Mascarene, Cobb quitta Annapolis Royal, Nouvelle-Écosse, en janvier 1746/1747, avec des renforts envoyés à la garnison du colonel Arthur Noble à Grand-Pré. Cobb était absent de la garnison lors de l’offensive des forces françaises, plus tard dans le mois. Il prit la tête d’un détachement du régiment du colonel Samuel Waldo, affecté à la région des Mines, en mars, pour rétablir l’autorité anglaise ; il se rendit à Chignectou, en avril, chargé par Mascarene de négocier l’échange de prisonniers français. En 1748, il devint capitaine d’un vaisseau qui transportait des dépêches pour Mascarene, et, en août de la même année, il accompagna Charles Morris* et ses soldats qui partaient pour un voyage de reconnaissance au nord de la baie de Fundy.
Le sloop York, qui appartenait à Cobb, fut mis au service du gouvernement, en janvier 1749/1750, après que le gouverneur Edward Cornwallis* l’eut loué au tarif mensuel de £22, 10 shillings, tandis que Cobb recevait 10 shillings par jour comme capitaine. C’est ainsi que le navire de Cobb fit partie de la milice navale du capitaine John Rous qui contribuait à assurer de libres communications sur la côte de la Nouvelle-Écosse et avec la Nouvelle-Angleterre. Selon le témoignage de Cornwallis, Cobb était un colon qui « connai[ssai]t chacun des ports et des criques de la baie [de Fundy], un homme capable de toute entreprise hardie ». II donna ordre à Cobb d’armer son navire à Boston et de recruter un surplus d’équipage. Cobb devait ensuite se rendre secrètement à Chignectou pour s’emparer de l’abbé Jean-Louis Le Loutre*, que Cornwallis accusait de susciter des raids indiens en Nouvelle-Écosse. On dut abandonner le projet, après que Spencer Phips, lieutenant-gouverneur du Massachusetts, eut permis à Cobb de faire de la réclame à Boston en vue d’une « croisière » contre « l’Ennemi ». À l’été de 1750, Cobb rencontra des troupes françaises, dans un petit fort situé à l’embouchure de la rivière Saint-Jean, sur un territoire revendiqué à la fois par les Français et les Anglais. Au commandant français, Charles Deschamps* de Boishébert, qui déclarait qu’il entendait rester jusqu’à ce qu’on établisse les frontières, Cobb répliqua que « s’il continuait à occuper la terre, lui [se chargerait] de la mer ».
Pendant les dix années qui suivirent, le sloop de Cobb servit au transport des troupes et des provisions aux forts Anne (Annapolis Royal), Edward (Windsor), Lawrence (près d’Amherst), et à la rivière Saint-Jean, et à convoyer les vaisseaux transportant les colons allemands qui allaient fonder la ville de Lunenburg en 1753 [V. Patrick Sutherland]. Durant les hivers de 1753, 1754, 1755 et 1756, Cobb fut chargé d’apporter des provisions à la garnison de Chignectou ; il y demeurait, chaque fois, jusqu’au printemps. Cobb avait une maison et une ferme, près du fort Lawrence, où il vécut avec sa femme et sa fille ; il possédait également plusieurs têtes de bétail, moutons et porcs, selon son ami Jedediah Preble, et une grande quantité de vin de Bordeaux, dont celui-ci appréciait énormément la qualité. Le colonel John Winslow* demeura à la ferme de Cobb durant les premiers jours du siège du fort Beauséjour (près de Sackville, N.-B.), en juin 1755. Le vaisseau de Cobb, le York and Halifax (80 tonnes), qui apportait des provisions aux assiégeants, fut attaqué par les troupes françaises. Le 28 août, August Cobb et un groupe de soldats du major Joseph Frye reçurent la mission d’expulser les Acadiens de Chipoudy (Shepody, N.-B.) et de brûler leurs maisons. À Petitcodiac (dans les environs de Hillsborough, N.-B.), un détachement canadien, accompagné d’Indiens, attaqua les soldats de la Nouvelle-Angleterre dont les vaisseaux armés se manœuvraient difficilement, à cause des courants puissants créés par les hautes marées de la baie de Fundy.
En 1754 et 1755, Cobb prit également part aux opérations visant à prévenir le commerce clandestin entre les Acadiens et les Français, et fut le seul capitaine d’un vaisseau provincial à rapporter des prises à la Cour de la vice-amirauté, à Halifax. En avril 1755, à l’extérieur du port de Halifax, il captura le schooner anglais Wolf, qui avait fait du commerce illégalement. Le navire ayant été condamné, Cobb reçut en partage le tiers de la capture, soit £ 16, 4 shillings, 8 pennies. Plus tard au cours du mois, tandis qu’il cherchait un bateau naufragé à Port La Tour, Cobb découvrit le schooner français Marguerite (Margarett), chargé de provisions, de canons et d’autres armes provenant de Louisbourg et destinées aux troupes françaises de la rivière Saint-Jean. Après qu’il eut porté la nouvelle à Halifax, le gouverneur Charles Lawrence lui ordonna de faire le blocus du port jusqu’à l’arrivée du capitaine William Kensey (MacKenzie ?) sur le navire de guerre Vulture et d’aider Kensey à saisir le schooner français. Après s’être querellés au sujet de leur part respective, Cobb et Kensey reçurent chacun £103, 14 shillings, 1 penny.
De 1755 à 1758, Cobb continua à croiser au large de la côte de la Nouvelle-Écosse. On prétend qu’il conduisit sur son bateau le général Wolfe, lors d’un voyage de reconnaissance à proximité de la forteresse de Louisbourg, en 1758, et que son habile manœuvre et sa bravoure lui méritèrent les plus grands éloges du général. À l’automne de la même année, après la prise de Louisbourg par les Anglais, il accompagna l’expédition de Robert Monckton* à la rivière Saint-Jean qui allait repousser les Français et les Acadiens, démontrant à nouveau sa remarquable habileté dans ces eaux dangereuses. Monckton dut compter sur de plus petits sloops et schooners pour transporter ses troupes ; puis il remonta le fleuve à bord du navire de Cobb.
Le sloop York and Halifax de Cobb se vit confier plusieurs missions reliées à la venue en Nouvelle-Écosse des colons de la Nouvelle-Angleterre. En juillet 1759, il amena leurs agents inspecter les terres offertes aux colons [V. Robert Denison] ; mais après qu’ils eurent relaté au gouverneur Lawrence qu’un certain nombre d’Acadiens et d’Indiens de Cap Sable avaient tiré sur eux, le projet fut retardé. En avril, juin et novembre 1760, il aida un comité de Plymouth, Massachusetts, à transporter des colons à Liverpool, Nouvelle-Écosse, et y passa l’hiver à veiller à la sécurité du nouveau canton. L’acte de concession du canton de Liverpool, daté du 1er septembre 1759, accordait une part à Silvanus Cobb et une part et demie à son frère Jabez. Le 1er juillet 1760, le comité des propriétaires accorda au capitaine Cobb « l’espace nécessaire à la construction d’un magasin, d’une maison et d’un quai » ; il permit de plus à Cobb et à plusieurs autres d’endiguer le ruisseau du moulin et d’irriguer quatre acres de terre pour fournir l’eau à un moulin et à une scierie. Selon une tradition, le capitaine Cobb aurait démoli une maison du cap Cod et transporté les matériaux à Liverpool, sur son propre vaisseau. C’est là qu’il construisit sa maison, la plus ancienne de l’endroit ; elle fut détruite par le feu dans les années 1940. En avril 1761, Cobb fut envoyé à Boston pour transporter des colons à Truro et Onslow ; à l’automne, il apporta, au nom du gouvernement, du maïs indien aux colons originaires de la Nouvelle-Angleterre des comtés de Cumberland et de Kings, qui n’avaient pas produit assez de céréales pour se nourrir.
Cobb aurait succombé à la maladie au cours du siège de la Havane, pendant l’été de 1762, regrettant de n’avoir pas connu la mort du soldat au combat. Il est possible qu’il soit parvenu à Cuba en passant par New York, avec les rangers de Joseph Gorham*. Habile soldat et marin, Cobb aida à protéger les possessions anglaises de la Nouvelle-Écosse contre les Francais et les Indiens ; il contribua également à étendre l’influence de la Nouvelle-Angleterre en Nouvelle-Écosse. Collaborant avec les autorités anglaises, il assura un contrôle plus efficace de la province. On évoque encore son nom lorsqu’on parle de l’établissement des colons de la Nouvelle-Angleterre sur les terres occupées auparavant par les Acadiens en Nouvelle-Écosse.
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Phyllis R. Blakeley, « COBB, SILVANUS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 7 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/cobb_silvanus_3F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/cobb_silvanus_3F.html |
Auteur de l'article: | Phyllis R. Blakeley |
Titre de l'article: | COBB, SILVANUS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 7 déc. 2024 |