Titre original :  Le capitaine Patrick Beatson (1758-1800). Peinture à l'huile. Photo gracieuseté de Archibald Beatson.

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BEATSON, PATRICK, capitaine, constructeur et propriétaire de navires, né le 21 mars 1758, fils de John Beatson et d’Elizabeth Bruce, décédé célibataire le 4 décembre 1800 à Québec.

Patrick Beatson était issu de la classe moyenne écossaise ; après avoir reçu une instruction convenable, il devint marin. À 23 ans, il était capitaine d’un navire, et, de 1781 à 1783, alors qu’on était en état de guerre, il navigua au sein des convois annuels de l’Atlantique, qui reliaient Londres à Québec. Il ne fut cependant pas du nombre des capitaines de navires qui relâchèrent à Québec de 1784 à 1791. Ses frères William et John, également capitaines de navires, continuèrent à faire partie de ces convois jusqu’en 1793. Les Beatson transportaient à Québec des produits industriels et des marchandises en vrac – du sel destiné aux pêcheries, par exemple – et retournaient en Grande-Bretagne avec des fourrures et, de plus en plus, avec du bois de construction et du blé. Ils transportaient aussi des troupes, les familles des fonctionnaires, et des marchands, tels Simon McTavish*, John McGill et George Auldjo*.

II est possible que, de 1784 à 1791, Patrick Beatson ait étudié l’architecture navale et qu’il ait acquis, dans un chantier d’Écosse, une expérience pratique de la construction des navires. En 1792 et 1793, il fit de nouveau le voyage de Québec, mais, abandonnant la marine à l’automne de 1793, il s’établit à l’anse des Mères (au pied du cap Diamant), à Québec. Il y loua de Louis Dunière un chantier de construction où trois ou quatre gros navires avaient été lancés de 1787 à 1791 ; l’établissement comprenait une résidence, une étable, une forge, un édifice où l’on produisait de la vapeur, des hangars, des quais et des cales pour la construction des navires. Beatson se lança de tout cœur dans le rôle de constructeur de navires, et son chantier devint bientôt le premier chantier maritime commercial d’envergure à Québec.

Son entreprise n’avait pas été conçue à la hâte. Ses visites à Québec avaient familiarisé Beatson avec la ville et ses installations situées en bordure du fleuve. En outre, ses frères et lui avaient l’expérience du monde des affaires maritimes, et ils y avaient des relations ; leurs contacts avec les marchands de Québec et de Montréal qui avaient voyagé avec eux étaient sans doute un précieux atout pour Patrick. De 1794 à 1800, il construisit au moins 15 navires, qui totalisaient plus de 4 000 tonneaux. Le plus grand, le Monarch, de 645 tonneaux, lancé en 1800, faisait presque le double de tout autre navire construit à Québec à cette époque, et il devait rester sans égal jusqu’en 1811. Outre la main-d’œuvre locale, Beatson employait 10 ou 12 charpentiers et forgerons expérimentés, qu’il faisait venir d’Écosse chaque année, et son chantier utilisait en moyenne, bon an mal an, 60 000 pieds de bois de chêne. Les navires qu’il construisait étaient enregistrés à son nom, mais il servait aussi d’agent à Québec pour ses frères, maintenant associés comme constructeurs de navires, à Londres.

En 1794, grâce à la prospérité grandissante de son entreprise, Beatson put acheter, de la succession en faillite du constructeur de navires William King, une petite propriété, sur le fleuve, à l’est de son chantier. Deux ans plus tard, il acheta Powell Place (Bois de Coulonge) de Henry Watson Powell, conseiller législatif et receveur général, pour la somme de £500 comptant et la promesse d’un versement ultérieur de £1500. Ce domaine, de 124 acres, à un mille et demi à l’ouest de son chantier, comprenait une grande maison et des dépendances situées dans une plaine dominant un front de mer de 2 000 pieds. Les espoirs de Beatson d’y construire ses propres navires furent déçus, à cause du peu de profondeur des eaux. Beatson prétendait, à cette époque, être gêné par des installations impropres aux lancements, en particulier des grands navires, dans le chantier qu’il louait de Dunière. Le refus de ce dernier d’améliorer ces installations et l’échouement du Caledonia lors de son lancement en 1798 incitèrent Beatson à tenter, en vain, d’acheter du gouvernement un emplacement sur la grève, à 360 pieds à l’ouest de son chantier. Il n’en continua pas moins à lancer de grands navires, et, en février 1800, dix mois avant sa mort, il avait donné son accord de principe non seulement pour acheter de Dunière le chantier qu’il avait loué, mais également pour prendre à sa charge le bail – détenu par Dunière – d’une propriété contiguë, du côté ouest.

À la fin des années 1790, Beatson vivait confortablement dans sa maison longue et basse, dont la galerie donnait sur le chantier. Il était en mesure d’y recevoir avec élégance, puisqu’il possédait de la belle porcelaine, du verre taillé et de l’argenterie. Son cabinet de travail servait de salle de dessin – car Beatson était l’un des rares constructeurs de navires de Québec capables d’en faire les plans. Les murs étaient couverts de peintures et de gravures représentant des scènes marines, des navires et des héros de la mer, tel Horatio Nelson, qu’il avait peut-être rencontré à Québec en 1782, Nelson ayant, cette année-là, escorté le convoi venu de Londres, et dont faisait partie le navire de Beatson. Celui-ci, pendant l’hiver, cultivait des fleurs dans une serre chauffée, et, pendant l’été, il en garnissait sa maison. C’était un homme qui s’intéressait à beaucoup de choses, qui conservait dans son salon une collection de 39 petits canons de cuivre et qui s’amusait avec des inventions telles qu’une chambre noire et une lanterne magique. Il possédait plusieurs voitures, dont deux furent décorées par François Baillairgé*, lequel sculpta aussi les têtes de proue de ses navires.

Patrick Beatson mourut à l’âge de 42 ans, en décembre 1800, mais le travail se poursuivit au chantier, dont héritèrent John et William Beatson. En 1801, les deux frères vendirent Powell Place et, en mars 1802, ils achetèrent de Dunière le chantier et le bail de la propriété contiguë, que Patrick avait eu l’intention d’acquérir. En octobre, toutefois, ils relouèrent cette propriété à Dunière, et, en 1806, elle fut vendue, à même leurs biens en faillite au constructeur de navires Alexander Munn*.

La nécrologie de Patrick Beatson que publia la Gazette de Québec notait que ceux qui avaient eu affaire à lui avaient « éprouvé [sa] régularité extrême dans les affaires de commerce » ; cette qualité de même que la concentration de toute son énergie sur son entreprise de Québec, contribua dans une large mesure à son succès.

Eileen Marcil

ANQ-Q, AP-G-208 ; AP-G-398 ; État civil, Presbytériens, St Andrews (Québec), 6 déc. 1800 ; Greffe d’Archibald Campbell, 22 déc. 1825 ; Greffe de P.-L. Descheneaux, 24 mars 1794 ; Greffe d’Alexandre Dumas, 7 nov. 1801 ; Greffe de Charles Stewart, 16 nov. 1795, 31 oct. 1796, 30 juin, 4 oct. 1798, 17 juin 1799 ; Greffe de Félix Têtu, 15 mars 1802 ; Greffe de Charles Voyer, 21 oct. 1791, 15 déc. 1800 ; Greffe de Jacques Voyer, 11 mai 1799.— APC, MG 24, F3, correspondence, 12 juill., 21 déc. 1800 ; RG 1, L3L, 39, pp.19 505–19 507 ; RG 4, B32 ; RG 68, General index, 1651–1841.— AUM, P 58, Corr. générale, Joseph Frobisher à Patrick Beatson, 9 juin 1794.— Les dénombrements de Québec faits en 1792, 1795, 1798 et 1805 par le curé Joseph-Octave Plessis, ANQ Rapport, 1948–1949, 140.— La Gazette de Québec, 30 août 1781, 31 mai, 2 août, 27 sept. 1792, 11 juill. 1793, 11 déc. 1800, 13 août 1801, 9 sept. 1802.— A. J. Beatson, Genealogical account of the Beatson families (Édimbourg, 1860).— Geoffrey Bennett, Nelson the commander (Londres, 1972), 15.

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Eileen Marcil, « BEATSON, PATRICK », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 13 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/beatson_patrick_4F.html.

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Auteur de l'article:    Eileen Marcil
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
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