Ranald McKinnon (1737–1805), soldat d’origine écossaise, combattit en Amérique du Nord pendant la guerre de Sept Ans. En temps de paix, il s’établit en Nouvelle-Écosse et connut la réussite en tant que fermier et jardinier. Au fur et à mesure que la guerre d’Indépendance américaine prenait de l’ampleur, McKinnon fut horrifié par les menaces de violence parmi les colons voisins de la Nouvelle-Angleterre. Soutenu par les Acadiens de la région, il réagit rapidement.

McKINNON, RANALD, officier et fonctionnaire, né en 1737 dans l’île de Skye, Écosse ; le 20 novembre 1768, il épousa à Halifax Letitia Piggott, et ils eurent 13 enfants, dont John, député de la circonscription de Shelburne, Nouvelle-Écosse, en 1823 ; décédé le 28 avril 1805 à Shelburne.

Ranald McKinnon était officier commissionné dans le 77e d’infanterie (aussi connu sous le nom de Montgomery’s Highlanders) quand il arriva à Halifax. Son régiment servit au cours de plusieurs campagnes, en Amérique du Nord, pendant la guerre de Sept Ans ; il participa, en particulier, à l’expédition de John Forbes* contre le fort Duquesne (Pittsburgh, Pennsylvanie) en 1758. On le promut lieutenant le 21 septembre. Le régiment se joignit à la poussée effectuée par Jeffery Amherst* qui remonta le lac Champlain en 1759. L’année suivante, McKinnon fut blessé au cours d’une attaque contre les Cherokees à la bataille d’Echoee en Caroline du Nord. Il semble qu’il ait été présent lorsqu’une partie du 77e prit part à la reconquête de St John’s, à Terre-Neuve, aux mains des Français en 1762 [V. Charles-Henri-Louis d’Arsac* de Ternay]. Une fois le 77e licencié, en 1763, McKinnon fut mis à la demi-solde. Quelque temps après, il accompagna une équipe d’arpenteurs au sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, lesquels devaient délimiter des concessions de terre pour des colons de la Nouvelle-Angleterre qui se trouvaient déjà sur les lieux. La région plut à McKinnon ; grâce à son bon dossier militaire, il n’eut pas de difficulté à obtenir, le 1er avril 1766, une concession de 2 000 acres dans un endroit que les Micmacs (Mi’gmaqs) appelaient Popkoqtek (ou Bapkoktek), que McKinnon rebaptisa Argyle, du nom d’un district en Écosse où le clan McKinnon possédait des terres ; ce nom finit par désigner aussi la région environnante.

McKinnon connut un certain succès comme fermier et jardinier, peut-être en partie grâce au labeur d’Africains réduits en esclavage qu’il utilisait pour défricher des lots et travailler dans ses vergers et ses champs de culture, ainsi que sur les terres de son fils John. Il participa activement, aussi, à la vie de la communauté : nommé receveur des douanes le 11 novembre 1766, il fut commissaire de la voirie, puis devint juge de paix et officier de milice le 16 juillet 1771. Ses états de service dans l’armée, sa loyauté envers la monarchie et ses bonnes relations avec ceux qui, à Halifax, détenaient l’autorité, étaient apparemment bien connus. En 1775, McKinnon fut horrifié des rumeurs de rébellion parmi les colons d’Argyle originaires de la Nouvelle-Angleterre. Au sein de ce groupe, des sympathisants américains paraissaient disposés à fomenter la discorde, tentant même, par des pressions, d’amener les Acadiens de la région à épouser leur cause. Mais, après avoir connu les malheurs de la déportation de 1755 [V. Charles Lawrence*] et parce qu’un certain nombre d’entre eux n’avaient obtenu que quelques années plus tard la permission de s’établir de nouveau en Nouvelle-Écosse, les Acadiens n’étaient pas disposés à provoquer les Britanniques. À cause de leur refus de collaborer, ils furent harcelés par les colons favorables aux Américains, parmi lesquels Jeremiah Frost, capitaine de milice, et son frère John, ministre congrégationaliste et juge de paix. Benoni d’Entremont*, entre autres, fit appel au corps exécutif de la colonie, le Conseil de la Nouvelle-Écosse, par suite de quoi le gouverneur Francis Legge* destitua les Frost de leurs fonctions. En raison de son expérience militaire et de ses bons rapports avec les Acadiens, McKinnon fut nommé commandant de la milice du comté de Queens et commandant des Acadiens du canton de Clare ; on lui fournit des troupes et des munitions.

La loyauté des Acadiens et de quelques colons de la Nouvelle-Angleterre, la démonstration de force du gouvernement et l’aide incertaine des rebelles vivant au delà de la baie de Fundy empêchèrent une rébellion ouverte dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse. Par sa rapidité à mobiliser les forces loyalistes, McKinnon avait accru son prestige et il fut nommé capitaine dans les Royal Highland Emigrants, le 14 juin 1775. Mais beaucoup de « Yankees neutres » considéraient l’ancien soldat comme un dénonciateur, un opportuniste et un personnage purement décoratif à Halifax. McKinnon leur était étranger à bien d’autres points de vue : anglican, il se trouvait au milieu de dissidents ; receveur des douanes, il vivait parmi des contrebandiers invétérés ; aristocrate, il était entouré de gens mordus d’égalitarisme. Il n’est pas surprenant, dès lors, qu’il ait été victime d’attentats ou qu’il ait été poursuivi en justice pour des questions foncières ; peut-être fut-il plus troublé encore par les menaces de ses ennemis de brûler sa grange ou de mutiler ses bêtes. Après sa mort, sa veuve jugea nécessaire de solliciter la confirmation de ses droits auprès du conseil, car, selon ses dires, les titres de propriété avait été dévorés par les rats.

Autant qu’on puisse en juger par les sources disponibles, la plus grande contribution de Ranald McKinnon à la Nouvelle-Écosse fut la résistance qu’il opposa au mouvement proaméricain né du mécontentement envers les Britanniques, durant une période critique de l’histoire de la province. Mais il aurait obtenu moins de succès dans son activité loyaliste, n’eût été l’appui des Acadiens.

A. Anthony Mackenzie

PANS, MG 4, 141 (copie dactylographiée) ; RG 1, 212 ; 226, doc. 6.— Jonathan Scott, The life of Jonathan Scott, C. B. Fergusson, édit. (Halifax, 1960).— Directory of N.S. MLAs.— Brebner, Neutral Yankees.— G. S. Brown, Yarmouth, Nova Scotia : a sequel to Campbell’s history (Boston, 1888).— J. R. Campbell, A history of the county of Yarmouth, Nova Scotia (Saint-Jean, N.-B., 1876 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1972).— Edwin Crowell, A history of Barrington Township and vicinity [...] 1604–1870 (Yarmouth, N.-É., [1923] ; réimpr., Belleville, 1973).— Clara Dennis, Down in Nova Scotia : my own, my native land (Toronto, 1934).— Jackson Ricker, Historical sketches of Glenwood and the Argyles, Yarmouth County, Nova Scotia (Truro, N.-É., 1941).

Bibliographie de la version modifiée :
Yarmouth County Arch., N.-É., YMS-1-655, Court of Probates, Shelburne, N.-É., 27 juill., 1805. A calendar of official correspondence and legislative papers, Nova Scotia, 1802–15, Margaret Ells, compil. (Halifax, 1936). S. T. Rand, Micmac place-names in the Maritime provinces and Gaspe Peninsula recorded between 1852 and 1890 (Ottawa, 1919). Ann Raymond, « Colonel Ranald MacKinnon of Argyle », Bluenose (Yarmouth), 4 (1979), no 1 : 7–9. Ta’n Weji-sqalia’tek : Micmac place names : placenames.mapdev.ca (consulté le 14 janv. 2024).

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A. Anthony Mackenzie, « McKINNON, RANALD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mckinnon_ranald_5F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
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