BARKLEY, CHARLES WILLIAM, capitaine de navire et trafiquant de fourrures, né en 1759, fils de Charles Barkley ; décédé le 16 mai 1832 à Hertford, Angleterre.
À l’âge de 11 ans, Charles William Barkley prit la mer avec son père, qui commandait un navire de l’ East India Company, le Pacific. Après ce premier voyage, il alla aux Antilles à bord du navire marchand Betsy ; par la suite, il retourna sept fois dans les mers orientales pour le compte de l’East India Company. Même si son père se noya alors que Barkley n’était encore qu’un tout jeune homme, il se vit confier rapidement des responsabilités de plus en plus grandes au sein de la compagnie. Il quitta cependant l’East India Company en 1786 pour assumer ce qui était apparemment son premier commandement, celui du Loudoun, navire armé pour une expédition de traite le long de la côte nord-ouest de l’Amérique. Jamais encore un navire aussi beau et aussi gros (il jaugeait 400 tonneaux) n’était allé dans cette région. Il appartenait à un groupe qui se donnait le nom d’Austrian East India Company et qui se composait de divers subrécargues en Chine et de plusieurs administrateurs de l’East India Company en Angleterre. Barkley lui-même engagea £3 000 dans l’expédition.
Le Loudoun quitta la Tamise le 6 septembre 1786 et se rendit d’abord à Ostende (Belgique) pour s’approvisionner. Là, on rebaptisa le bateau Imperial Eagle et on hissa le pavillon autrichien, car les navires britanniques étaient tenus de respecter le monopole de l’East India Company. À Ostende, Barkley fit la connaissance d’une jeune fille de 17 ans, Frances Hornby Trevor, dont le père était ministre de la chapelle protestante de la ville. Le mariage eut lieu le 27 octobre 1786 et, le 24 novembre, l’Impérial Eagle faisait voile vers le Pacifique, via le Brésil et le cap Horn.
Le navire atteignit la baie Nootka (Colombie-Britannique) en juin de l’année suivante. Barkley et sa femme rencontrèrent alors John Mackay*, que James Charles Stuart Strange* avait laissé sur les lieux l’été précédent pour qu’il se familiarise avec les coutumes indiennes. Mackay en apprit beaucoup à Barkley sur les trafiquants indiens ainsi que sur la géographie de l’île de Vancouver et des eaux qui la bordaient au sud, lui donnant ainsi un avantage sur certains rivaux, tel James Colnett*. Barkley fit beaucoup de commerce avec les Indiens dans la baie Nootka, dans la baie Clayoquot et dans une autre très grande baie à laquelle il donna son nom. À la fin de juillet, l’Impérial Eagle s’engagea dans une grande voie navigable que Barkley identifia tout de suite comme étant ce détroit longtemps recherché qui, disait-on, avait été découvert par Juan de Fuca*. Sur sa carte, il le baptisa du nom du découvreur. Ce fut une surprise pour lui de trouver ce détroit, car le capitaine James Cook* avait affirmé péremptoirement qu’il n’existait pas.
Après avoir perdu quelques membres de l’équipage dans une île qu’il appela Destruction (Washington), Barkley partit pour Macao (près de Canton, Chine). Arrivé en décembre 1787, il vendit ses 800 fourrures pour la somme de 30 000 piastres espagnoles, sur un marché encombré. Il repartit ensuite avec une cargaison pour l’île Maurice, puis pour Calcutta, où il espérait armer son navire pour le deuxième des trois voyages qui avaient été prévus jusqu’à la côte nordouest de l’Amérique. Ce projet ne se réalisa jamais, car l’East India Company avait découvert la menace que le navire constituait pour son monopole. Selon Mme Barkley, les associés de son mari, pressés de se dégager de l’entreprise, firent fi de son contrat, vendirent l’Impérial Eagle et remirent ses cartes et instruments à John Meares*, qui s’attribua plus tard certaines des découvertes de Barkley. Celui-ci récupéra £5 000 dans un règlement à l’amiable à Calcutta.
De 1788 à 1791, Barkley commanda le Princess Frederica, qui sillonnait l’océan Indien. Le 16 août 1792, après que son frère l’eut persuadé de quitter le commerce côtier en Inde, aussi lucratif qu’il ait été, Barkley se trouva de nouveau sur la côte nord-ouest de l’Amérique, cette fois à titre de commandant de l’Halcyon, brick de 80 tonneaux qu’il avait acheté à Calcutta. Après avoir commercé dans la baie Sitka (Alaska), il fit voile vers les îles Sandwich (Hawaï), la Chine et plus tard l’île Maurice.
On ne sait rien des dernières années de la carrière de Barkley, mais elles ne furent probablement pas prospères. Quand il mourut, Mme Barkley écrivit dans son journal : « J’ai perdu mon mari bien-aimé – dans sa 73e année – [il était] plus usé par le souci et le chagrin que par les ans, car il avait été gratifié d’une très forte constitution. » Barkley laissait aussi dans le deuil deux fils et deux filles. Trois autres enfants étaient morts avant lui. Mme Barkley, qui l’avait accompagné deux fois dans ses périples autour du monde, mourut en 1845 et fut inhumée à ses côtés.
La rue Barclay, à Vancouver, et la baie Barkley perpétuent le nom de Charles William Barkley, qui a été orthographié de diverses manières.
PABC, AA20.5, H12B, Halcyon ; Princess Frederica ; L92, Halcyon ; Loudoun ; L92W, J. T. Walbran, « The cruise of the Imperial Eagle » (1936).— « Documents relating to the mystery of Mrs Barkley’s diary », W. K. Lamb, édit., BCHQ, 6 (1942) : 49–59.— Beth Hill The remarkable world of Frances Barkley : 1769–1845 (Sidney, C.-B., 1978).— W. K. Lamb, « The mystery of Mrs. Barkley’s diary », BCHQ, 6 : 31–47 ; «Notes on the Barkley family » : 143–144.— J. T. Walbran, « The cruise of the Imperial Eagle », Victoria Colonist, 31 mars 1901.
Barry Morton Gough, « BARKLEY, CHARLES WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 7 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/barkley_charles_william_6F.html.
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Auteur de l'article: | Barry Morton Gough |
Titre de l'article: | BARKLEY, CHARLES WILLIAM |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1987 |
Année de la révision: | 1987 |
Date de consultation: | 7 déc. 2024 |