DICKSON, THOMAS, marchand, fonctionnaire, juge de paix, homme politique et officier de milice, baptisé le 19 février 1775 à Dumfries, Écosse, fils de John Dickson ; le 17 novembre 1799, il épousa Eliza Taylor, née Wilkinson, et ils eurent un fils, puis le 20 septembre 1803 Archange Grant, fille d’Alexander Grant*, et de ce mariage naquirent deux filles ; décédé le 22 janvier 1825 à Queenston, Haut-Canada.
John Dickson était un marchand prospère et occupait le poste de maire de Dumfries. Lorsqu’il essuya des revers financiers, ses fils Thomas, Robert et William* quittèrent la maison et allèrent rejoindre leur cousin, Robert Hamilton*, riche commerçant écossais qui était établi dans ce qui allait bientôt devenir le Haut-Canada. Thomas Dickson arriva à Queenston en 1789 et, après une période d’apprentissage chez Hamilton, ouvrit un magasin au fort Erie (Fort Erie) en 1793. Il vendait des marchandises à la petite garnison de l’endroit et, par le lac Érié, recevait et expédiait des articles destinés surtout aux militaires britanniques et aux trafiquants de fourrures. Dès 1796, il avait transféré son magasin à Queenston et il se fit peu à peu une clientèle qui, en 1809, s’étendait aussi loin vers l’ouest que Long Point, sur les rives du lac Érié, et aussi loin vers le nord que Forty (Grimsby), sur le lac Ontario. Il entretenait aussi des relations commerciales avec John Warren*, marchand en vue du fort Erie, afin d’expédier des marchandises sur les lacs. En 1801, Dickson obtint la permission de construire des entrepôts à Queenston, à Chippawa et au fort Erie ; il ne semble pas, toutefois, qu’il ait mis à exécution son projet de lancer une entreprise de portage. À compter de 1804, il détenait une licence qui l’autorisait à mettre en service un traversier entre Queenston et Lewiston, dans l’état de New York.
Dickson ne se mêla pas autant que son frère William ou que Robert Hamilton aux affaires sociales et politiques de la localité. Il occupa néanmoins certains postes. Le 28 mars 1803, il remplaça le receveur adjoint des douanes à Queenston, Samuel Street*, qui avait été destitué. En même temps, le receveur des douanes à Niagara (Niagara-on-the-Lake), Colin McNabb*, se vit enlever l’autorité qu’il exerçait sur le port. Dickson avait fait partie de la première Commission des héritiers et légataires du district de Niagara et avait été nommé juge de paix le 30 juin 1800 : il occupa ce poste sans interruption, recevant sa dernière commission le 9 mai 1823. Lorsque Hamilton mourut en 1809, Dickson devint président de la Cour des sessions trimestrielles.
En 1800, Dickson fit sa première incursion dans le domaine politique. Il exhorta Thomas Welch*, important fonctionnaire du district de London, à soutenir l’un des favoris des marchands de Niagara, l’arpenteur général David William Smith*, qui se présentait aux élections dans la région de Welch. En 1807, Dickson se laissa convaincre, non sans quelque répugnance, de se présenter comme candidat dans la circonscription de Niagara. S’il brigua les suffrages, il subit la défaite. Il fut cependant élu en 1812, lors de la sixième législature, comme représentant de la circonscription de 3rd Lincoln. Malheureusement, les comptes rendus des débats qui se déroulèrent durant cette législature sont fragmentaires. Au cours de la troisième session (février–mars 1814), Dickson s’absenta une partie du temps et son nom est à peine mentionné dans le journal des débats de l’Assemblée. Il se fit beaucoup remarquer, par contre, au cours de la cinquième session (février–mars 1816). Il proposa la formation d’un comité chargé d’étudier les lois relatives à la milice et présenta un projet de loi en vue d’affecter des crédits à la milice. Ses préoccupations à titre de marchand apparaissent dans un bon nombre de lois dont il fut le parrain au cours de cette session. Il présenta des projets de loi ayant pour but de modifier la loi pour le recouvrement rapide des petites créances, d’étendre la juridiction de la Cour des requêtes (essentiellement un tribunal des petites créances) et de faciliter la circulation des « billets de l’armée » émis par le gouvernement du Bas-Canada. Il présenta aussi des projets de loi plus importants qui visaient à fournir des crédits pour améliorer la navigation sur le fleuve Saint-Laurent, à permettre au lieutenant-gouverneur de désigner de nouveaux ports d’entrée et d’augmenter le nombre des receveurs des douanes, et à prolonger l’accord provisoire avec le Bas-Canada concernant les droits de douane dans le port de Québec. Ces deux derniers projets montrent le souci qu’il avait d’accroître les recettes budgétaires et, à cette fin, il appuya des projets de loi qui avaient pour but d’assujétir à des droits supplémentaires des licences relatives aux navires et aux tavernes, ainsi que les permis accordés aux colporteurs et aux vendeurs ambulants. Il présenta plusieurs projets de loi visant à payer les dépenses des personnes qui remplissaient diverses fonctions publiques non rémunérées. Il en proposa d’autres dans le but de relever le traitement du président de l’Assemblée et d’accorder des salaires aux juges des tribunaux de district ; il appuya cependant la minorité en votant contre l’attribution d’un salaire aux députés. Il parraina une modification, qui fut défaite, à la loi de 1807 sur les écoles et proposa des mesures ayant pour but d’étendre les limites de la ville de Niagara, de réglementer le service de police à Kingston et d’autoriser les juges de paix à établir des règlements concernant le prix du pain dans plusieurs villes de la province. Enfin, il s’opposa, mais en vain, à une plus grande libéralisation des lois provinciales restreignant le mariage.
Thomas Dickson vécut diverses expériences pendant la guerre de 1812. Un jour, il faillit être capturé par les Américains dans sa maison de Queenston. En 1813, il alla s’installer dans le canton de Thorold et rédigea son testament, ce qu’il jugeait « nécessaire à [cette] époque mouvementée [...] au cas [où il mourrait] au combat ou autrement ». Dickson servit dans le 2nd Lincoln Militia, assuma le commandement du régiment pendant l’absence de Thomas Clark et fut promu lieutenant-colonel le 5 janvier 1814. Sous sa direction, l’unité se distingua à la bataille de Chippawa le 5 juillet 1814. Blessé légèrement, Dickson fut cité à l’ordre du jour par le major général Phineas Riall* pour sa conduite « des plus exemplaires » et pour son grand dévouement. Dickson fut également actif en tant que civil. Le 24 mars 1814, il fut nommé membre de la commission chargée de rechercher les traîtres dans le district de Niagara. Quelques mois plus tôt, il convient de le noter, son attitude en qualité de juge de paix dans la cause de Jacob Overholser*, fermier d’origine américaine persécuté par certains de ses voisins du Haut-Canada et plus tard jugé pour trahison, avait été celle d’un magistrat humain et compatissant. Au printemps de 1814, Dickson siégea à titre de juge assesseur aux assises spéciales tenues à Ancaster pour juger les gens soupçonnés de trahison. Vers la fin de la guerre, en août 1814, l’administrateur Gordon Drummond* se servit de Dickson et de Robert Nichol comme intermédiaires auprès des fermiers de la presqu’île pour qu’ils battent leur blé plus tôt que de coutume, afin que les troupes puissent tenir bon jusqu’à l’arrivée de nouveaux approvisionnements. Au nom de la Loyal and Patriotic Society of Upper Canada, Dickson distribua des sommes d’argent aux individus et aux familles qui avaient souffert de la guerre. De santé plutôt fragile, il passa ses dernières années dans le calme.
AO, MS 198 ; RG 1, A-II-5, 1, Niagara District reports.— APC, MG 19, F10, Robert Nichol à Walsh, 17 mars 1807 ; RG 1, E3, 20 : 155 ; E14, 8 : 600–603, 615 ; RG 7, G16C, 3 : 95–96 ; RG 8, I (C sér.), 272 : 116–118 ; 684 : 56 ; RG 68, General Index, 1651–1841 : 30, 410, 416, 418, 425, 428, 437, 450.— General Register Office (Édimbourg), Dumfries, reg. of births and baptisms, 19 févr. 1775.— PRO, CO 42/471 : 9.— UWOL, Regional Coll., « Index compiled in 1950 to the ledger of Thomas Dickson, Queenstown, 1806–1809 ».— « Early records of St. Mark’s and St. Andrew’s churches, Niagara », Janet Carnochan, compil., OH, 3 (1901) : 17, 31, 55–56.— John Askin papers (Quaife), 1 : 542.— « Journals of Legislative Assembly of U.C. », AO Report, 1912.— Select British docs. of War of 1812 (Wood), 2 : 114–117.— Almanach de Québec, 1801.— Lois Darroch Milani, Robert Gourlay, gadfly : the biography of Robert (Fleming) Gourlay, 1778–1863, forerunner of the rebellion in Upper Canada, 1837 ([Thornhill, Ontario, 1971]), 140, 151, 170–171, 211.— Wilson, Enterprises of Robert Hamilton.— J. E. Kerr, « Sketch of the life of Hon. William Dickson », Niagara Hist. Soc., [Pu, no 30 (1917) : 19–20.
Bruce G. Wilson, « DICKSON, THOMAS (mort en 1825) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/dickson_thomas_1825_6F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/dickson_thomas_1825_6F.html |
Auteur de l'article: | Bruce G. Wilson |
Titre de l'article: | DICKSON, THOMAS (mort en 1825) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1987 |
Année de la révision: | 1987 |
Date de consultation: | 4 déc. 2024 |