BELL, WILLIAM, homme d’affaires et officier de milice, né le 1er mai 1806 à Londres, deuxième enfant de William Bell* et de Mary Black ; le 6 octobre 1831, il épousa à Kingston, Haut-Canada, Maria Miller, et ils eurent deux fils et deux filles ; décédé le 4 août 1844 à Perth, Haut-Canada.

William Bell n’avait que 11 ans lorsqu’il vit pour la première fois, en compagnie de son père, missionnaire presbytérien, l’établissement militaire isolé de Perth. Après avoir passé trois ans à titre de commis débutant au magasin général de William Morris*, il s’associa à son frère jumeau, John, formé auprès du marchand Roderick Matheson*. La W. and J. Bell ouvrit un magasin général à Perth le 4 janvier 1828 et s’attira bientôt le mépris et la colère du puissant Morris en vendant moins cher et à profit moindre que celui-ci. Cette concurrence mina toute possibilité de relations amicales entre les familles Bell et Morris, puis finit par diviser la congrégation presbytérienne de Perth.

En 1829, John et son jeune frère Robert* ouvrirent une succursale à Morphy’s Falls (Carleton Place), tandis que William continuait à étendre les activités des frères Bell à titre de commissionnaire de la compagnie montréalaise de Benjamin Hart*, entre autres, surtout pour la vente de potasse et de beurre. Par ailleurs, les frères Bell s’engagèrent directement dans la traite des fourrures et le commerce du bois sur la rivière Tay et le fleuve Mississippi. Ils investirent dans l’immobilier et, de concert avec James Rosamond, financèrent plusieurs des premières entreprises industrielles de Carleton Place. Dès 1838, William Bell et cinq de ses six frères faisaient du commerce dans le comté de Lanark, à titre de marchands ou de commis. Ils avaient une vaste gamme d’activités, à partir de l’acquisition des ressources dans l’arrière-pays jusqu’à la vente dans les agglomérations. Bien que les Bell n’aient pas été actionnaires de la Tay Navigation Company, dont Morris était le principal propriétaire, la W. and J. Bell bénéficia de l’ouverture du canal Rideau en 1832, puis du canal Tay en 1834. En octobre 1839, William Bell représenta Perth à une rencontre préparatoire à la fondation de l’Inland Steam Transportation and Insurance Company ; cette société devait concurrencer l’Ottawa and Rideau Forwarding Company, qui détenait le monopole du commerce transitaire vers Montréal par le canal Rideau. L’Inland Steam Transportation and Insurance Company ne parvint jamais à s’organiser vraiment, mais les Bell, qui envisageaient de constituer une flotte à Perth, construisirent un chaland en 1841.

Pendant la crise commerciale de 1837–1838, les banques du Bas et du Haut-Canada suspendirent leurs paiements en numéraire, ce qui épuisa les réserves de monnaie des marchands. Déjà aux prises avec des arriérés et des stocks importants, la W. and J. Bell, comme plusieurs autres compagnies, réagit en émettant en 1837 son propre papier-monnaie, qui pouvait être converti en billets de banque mais non en pièces de monnaie à son magasin de Perth. Joliment dessinés et gravés à Montréal par Adolphus Bourne*, ces billets, présentés en cinq coupures de 50 cents et moins, demeurèrent en circulation jusqu’à la fin de 1839.

Réformiste modéré et partisan de Malcolm Cameron*, élu député de Lanark en 1836, Bell était un ennemi farouche du family compact. Néanmoins, il prouva ses sentiments loyalistes à titre de capitaine dans le 3rd Régiment of Leeds militia pendant les rébellions de 1837–1838. Aux tensions politiques et commerciales d’après 1837 s’ajouta un drame personnel qui perturba son équilibre émotif. La mort de sa femme et de son fils né en mars 1837 le plongea dans la dépression. C’est à l’insu et sans la bénédiction de son père, un homme de principes, qu’il avait épousé Maria Miller, de naissance illégitime. Après la mort de Maria, William aggrava l’embarras de son père en se soûlant en public ; à plusieurs reprises, ses parents durent s’occuper de ses enfants. Troublé, le patriarche de la famille exigea une déclaration d’abstinence totale de la part de chacun de ses descendants vivants, mais ce fut peine perdue.

La W. and J. Bell se tira d’affaire après le marasme du début des années 1840, mais pas William Bell fils. Sa mort, survenue à 38 ans après une période de maladie, enleva à Perth l’un de ses plus brillants leaders commerciaux ; privée de sa direction, la W. and J. Bell s’effondra en 1846. Contrairement à la vie de son père, qui fut marquée par la persistance et la stabilité, celle de William Bell se caractérisa par une réussite rapide et un déclin déconcertant.

Larry Turner

AO, MU 842, J. G. Malloch diary ; RG 22, sér. 155, William Bell Jr et John Bell.— APC, MG 24, D61, 2–3.— Presbyterian Church in Canada Arch. (Toronto), William Bell, diary, vol. 13.— QUA, 2402, 5–12 ; 14–15 ; A. M. Campbell, « Fractional currency instituted by W. and J. Bell, Perth, Upper Canada, in 1837 ».— Bathurst Courier and Ottawa General Advertiser (Perth, Ontario), 14 août 1834, 24 nov. 1839.— Brockville Recorder, 16 mars 1837.— Chronicle & Gazette, 23 oct. 1839.— Toronto Herald, 12 août 1844.— Isabel [Murphy] Skelton, A man austere : William Bell, parson and pioneer (Toronto, 1947).— Tulchinsky, River barons, 50.— Larry Turner, The first Tay Canal in the Rideau corridor, 1830–1850 (Canada, Direction des parcs et lieux hist. nationaux, Rapport sur microfiches, no 142, Ottawa, 1984) ; « The « Shinplasters » of W. & J. Bell, Perth, Upper Canada, 1837–1839 », Canadian Paper Money Journal (West Hill [Toronto]). 22 (1986) : 4–13.

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Larry Turner, « BELL, WILLIAM (1806-1844) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 13 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/bell_william_1806_1844_7F.html.

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Auteur de l'article:    Larry Turner
Titre de l'article:    BELL, WILLIAM (1806-1844)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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