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ANGERS, FRANÇOIS-RÉAL, auteur, avocat, fonctionnaire et journaliste, né le 20 novembre 1812 à Pointe-aux-Trembles (Neuville, Québec), fils de François Angers, cultivateur, et de Marie-Desanges Larue ; le 4 avril 1842, il épousa à Sainte-Marie-de-la-Nouvelle-Beauce (Sainte-Marie, Québec) Louise-Adèle Taschereau, puis le 23 novembre 1853, à Québec, Louise Panet ; décédé le 27 mars 1860 à Québec et inhumé quatre jours plus tard à Pointe-aux-Trembles.
François-Réal Angers fait ses études aux petit séminaire de Québec. Il est en belles-lettres quand, le 9 décembre 1830, il participe avec quelques confrères à la fondation de la Société littéraire, première société du genre à être mise sur pied au petit séminaire, comme le confirme Honorius Provost dans son volume sur le séminaire de Québec. Avec deux autres collègues, il est choisi comme membre du comité chargé de « dresser l’acte d’érection de la Société Littéraire et [de] proposer un plan de règlement pour la dite Société ». Cet acte est présenté et sanctionné, après quelques amendements, à la séance du 14 décembre de la même année ; la société ne vécut que quatre mois.
En 1836, à l’époque où il est étudiant en droit, Angers publie une brochure ayant pour titre Système de sténographie, applicable au français et à l’anglais. Une fois reçu au barreau, le 6 octobre 1837, il est nommé sténographe de la chambre d’Assemblée du Bas-Canada, et son ouvrage lui est sans doute d’un précieux secours dans l’exercice de ses fonctions. Tout en pratiquant sa profession d’avocat, il est corédacteur de 1845 à 1848 de la Revue de législation et de jurisprudence qui constitue, selon les historiens André Beaulieu et Jean Hamelin, « l’une [des] plus anciennes collections des décisions des tribunaux du Bas-Canada ». En 1850 et 1851, il occupe la présidence de l’Institut canadien de Québec. Son nom ne figure toutefois pas sur la liste des membres fondateurs établie par Alphonse Désilets et publiée en 1948. Puis, de 1851 jusqu’à sa mort, il est l’un des principaux collaborateurs des Décisions des tribunaux du Bas-Canada.
Avant d’entreprendre sa carrière de juriste, Angers s’était fait connaître comme auteur. On trouve cinq de ses poèmes dans le Répertoire national, compilé par James Huston en 1848–1850. Ces pièces en vers épousent souvent la forme de la chanson. Dans son poème l’Avenir, Angers chante la liberté, condamne l’esclavage et souhaite que, unis aux fils d’Albion, les Canadiens français forment une nation. Dans Réconciliation, il s’oppose aux luttes armées qui conduisent le plus souvent à la division, à la séparation, voire à la mort. Dans la Voix d’une ombre, il désapprouve l’insurrection des patriotes et déplore le sort réservé à ses « trop malheureux frères / Égarés par leurs cœurs » et forcés de s’exiler. Dans son poème À saint Jean-Baptiste, il rend hommage au noble et saint patron des Canadiens français à qui il demande protection.
Mais le plus grand succès d’Angers demeure sans contredit sa chronique publiée à Québec en 1837 et intitulée les Révélations du crime ou Cambray et ses complices [...] dans laquelle il reconstitue le climat de terreur instauré à Québec entre 1832 et 1834 par un groupe de brigands qui se terraient à Cap-Rouge, près de Québec, sous la direction de Charles Cambray (en réalité Charles Chambers), marchand de bois de Québec et frère de Robert Chambers, futur maire de la ville. Ce récit romancé des crimes de « la bande à Chambers », que d’aucuns considèrent à tort comme le premier roman canadien-français, demeure, selon le professeur David M. Hayne, « un des ouvrages les plus lisibles et les plus répandus de la première moitié du xixe siècle canadien ». La chronique, rééditée en 1867, en 1880 et en 1969, fut publiée en feuilleton dans au moins trois journaux et fut traduite en anglais en 1867 sous le titre de The Canadian brigands ; an intensely exciting story of crime in Quebec, thirty years ago !
Angers renonça très tôt à la littérature pour se consacrer entièrement à sa profession d’avocat. C’est d’ailleurs lui qui, en compagnie de Thomas-Jean-Jacques Loranger*, défendit les censitaires entre 1854 et 1856 devant la Cour seigneuriale présidée par le juge en chef Louis-Hippolyte La Fontaine* et chargée de juger les réclamations faites à la suite de l’adoption de la loi abolissant le régime seigneurial. Au cours des longs débats qui marquèrent l’audition des nombreuses causes, il se révéla un éminent juriste et un orateur aussi talentueux que convaincant.
Bien qu’il ait fait une brillante carrière de juriste, François-Réal Angers reste peu connu. Les brèves notices biographiques éparpillées çà et là ne sont pas exemptes d’erreurs quant à la date de son décès et aux œuvres qu’il aurait écrites. À sa mort, le 27 mars 1860, un chroniqueur anonyme du Canadien écrit que « le barreau perdait [...] le premier de ses avocats, son orateur le plus distingué ; la littérature canadienne, un de ses plus beaux ornements ; le pays, un patriote ardent et dévoué ». Un des fils nés de son premier mariage, Auguste-Réal*, connut une carrière politique remarquable et devint en 1887 lieutenant-gouverneur du Québec.
En plus de ses poèmes publiés dans les journaux de 1836 à 1843 et reproduits, à l’exception d’un, dans le Répertoire national (Huston ; 1848–1850 ; 1893), François-Réal Angers est l’auteur de : Système de sténographie, applicable au français et d l’anglais (Québec, 1836) ; les Révélations du crime ou Cambray et ses complices ; chroniques canadiennes de 1834 (Québec, 1837). Ce volume, réédité à Québec en 1867 et 1880, puis à Montréal en 1969, fut aussi traduit en anglais sous le titre de : The Canadian brigands ; an intensely exciting story of crime in Quebec, thirty years ago ! (Montréal, 1867).
ANQ-Q, CE1–1, 23 nov. 1853, 31 mars 1860 ; CE1–15, 20 nov. 1812 ; ZQ6, 4 avril 1842.— Le Séminaire de Québec : documents et biographies, Honorius Provost, édit. (Québec, 1964).— Le Canadien, 28, 30 mars 1860.— DOLQ, 1 : 578–579, 655–656.— Réginald Hamel et al., Dictionnaire pratique des auteurs québécois (Montréal, 1976).— Morgan, Bibliotheca Canadensis, 10.— P.-G. Roy, les Avocats de la région de Québec.—Wallace, Macmillan dict.— Alphonse Désilets, « les Fondateurs de l’Institut canadien », Rev. de l’univ. Laval, 2 (1947–1948) : 708–712.— P.-G. Roy, « la Bande de Chambers », Cahiers des Dix, 3 (1938) : 89–113.
Aurélien Boivin, « ANGERS, FRANÇOIS-RÉAL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/angers_francois_real_8F.html.
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Auteur de l'article: | Aurélien Boivin |
Titre de l'article: | ANGERS, FRANÇOIS-RÉAL |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
Date de consultation: | 8 déc. 2024 |