LE JEUNE, OLIVIER, domestique de Guillaume Couillard, baptisé à Québec le 14 mai 1633 ; décédé à Québec le 10 mai 1654 et inhumé au même endroit le même jour.
Originaire de Madagascar ou de la Guinée, il fut emmené tout jeune à Québec par l’un des frères Kirke qui le céda pour 50 écus à Le Baillif, commis français qui s’était mis au service des Anglais. En juillet 1632, ce dernier en fit don à Guillaume Couillard. À son baptême, ce Noir avait reçu le prénom d’Olivier en l’honneur d’Olivier Letardif, commis général ; à son inhumation, nous le trouvons porteur du nom de famille du jésuite Paul Le Jeune, qui lui avait fait le catéchisme. En 1638, il est mis « vingt quatre heures a La chaisne » pour avoir calomnié Nicolas Marsolet ; il signe son aveu d’une croix. Nous ignorons si Couillard le traita en esclave ou lui accorda l’affranchissement, car dans le registre des sépultures, Olivier est qualifié de domestique. Aucun texte n’établit qu’il ait été esclave. Il a pu aussi bien être dans le cas des Amérindiennes Charité et Espérance, que Champlain n’eut pas la permission d’emmener en France et que Couillard adopta.
L’esclavage ne deviendra légal en Nouvelle-France que le 13 avril 1709 par une ordonnance de l’intendant Raudot* ; il a quand même existé au xviie siècle : le mot esclave est employé dans les registres de Lachine, le 28 octobre 1694, pour qualifier le panis (esclave) de René Chartier. Le commerce des esclaves a sûrement commencé avant 1694 : le traiteur Pierre Ducharme achète un petit panis avant 1691, et la veuve de Laurent Tessier vend un Amérindien vers 1689. L’habitude des Français d’accepter des esclaves amérindiens commence encore plus tôt : en 1674, Louis Jolliet emmène du Mississipi un petit esclave qu’on lui a donné là-bas ; en 1671, les Iroquois donnent au gouverneur de Rémy de Courcelle deux esclaves potéoutamises pour calmer son courroux. Il y a donc eu de fait esclavage au xviie siècle et l’ordonnance de 1709 ne vient que sanctionner un usage établi. Il faut se rappeler, de plus, ce principe international alors en vigueur : un Noir est esclave où qu’il se trouve, à moins d’avoir été affranchi.
Si Olivier Le Jeune est le premier Noir à se montrer dans la vallée du Saint-Laurent, il avait été devancé en Nouvelle-France par un autre, anonyme, qui mourut du scorbut à Port-Royal au cours de l’hiver 1606–1607, et par ce Mathieu de Coste (de Costa), engagé par le sieur Du Gua de Monts, qui aurait servi en Acadie vers 1608.
ASQ, Documents Faribault, 17.— JR (Thwaites), V : 62, 64, 196–198.— Lescarbot, Histoire (Tross), II : 455.— Marcel Trudel, L’esclavage au Canada français : histoire et conditions de l’esclavage (Québec, 1960), 3–17.
Bibliographie de la version révisée :
Bibliothèque et Arch. nationales du Québec, Centre d’arch. de Québec, CE301-S1, 10 mai 1654.
Marcel Trudel, « LE JEUNE, OLIVIER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/le_jeune_olivier_1F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/le_jeune_olivier_1F.html |
Auteur de l'article: | Marcel Trudel |
Titre de l'article: | LE JEUNE, OLIVIER |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1966 |
Année de la révision: | 2017 |
Date de consultation: | 1 déc. 2024 |