Titre original :  George Jervis Goodhue, London, Ontario

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GOODHUE, GEORGE JERVIS, marchand, propriétaire terrien et homme politique, né le 1er août 1799 à Putney, dans le Vermont, fils de Josiah Goodhue, éminent médecin du Vermont et du Massachusetts, et de Rachel Burr, décédé le 11 janvier 1870 à London, Ontario.

George Jervis était l’un des trois frères Goodhue qui immigrèrent au Canada. Charles Frederick Henry se rendit à Sherbrooke, dans le Bas-Canada, et Josiah Cosmore s’installa dans la région de St Thomas, au Haut-Canada, avant de déménager à Chicago où il siégea au premier conseil municipal en 1835.

George Jervis étudia pendant quelque temps à Amherst, dans le Massachusetts, puis il vint s’installer dans le district de London en 1820, à l’âge de 21 ans. Il se fit rapidement « marchand général », distillateur et fabricant de perlasse dans le canton de Westminster. En 1827, il avait une succursale à Ancaster, d’où il tirait la plus grande partie de son approvisionnement. En 1825, il était retourné en Nouvelle-Angleterre pour épouser Maria Fullerton de Chester, dans le Vermont ; elle mourut en 1828, lui laissant une fille. En 1831, il se remaria avec Louisa Matthews, fille du capitaine John Matthews* qui avait été député de Middlesex à la chambre d’Assemblée ; elle donna naissance à deux fils et quatre filles. Une d’entre elles épousa l’un des fils de l’évêque Benjamin Cronyn* et une autre se maria avec Francis Wolferstan Thomas, directeur général de la Banque Molson.

La désignation de London comme capitale du district en 1826 fournit à Goodhue l’occasion de faire fortune. En 1830, il était établi place du palais de justice où il « vendait tout ce que les colons désiraient et achetait tout ce qu’ils avaient à vendre ». Deux ans plus tard, il fonda avec Laurence Laurason* une société qui se révéla profitable, la firme Laurason and Co., marchands généraux ; ils furent aussi agents de la Bank of Upper Canada durant une brève période, avant 1836, et, plus tard, tous deux en devinrent administrateurs – Goodhue remplit cette fonction de 1848 à 1854. La société fut dissoute sans conflit en 1840 et on dit que la contribution de Goodhue à l’entreprise lui rapporta la somme de $40 000. Au cours des années 30, il s’intéressa également aux chemins de fer ; il fut de ceux qui constituèrent en société, en 1834, la London and Gore Railroad Company (devenue plus tard le Great Western Railway), avec Allan MacNab, Dennis O’Brien et Laurason, puis en 1836, la Niagara and Detroit Rivers Rail Road Company. Ces deux entreprises aboutirent à des échecs et les pertes subies par Goodhue expliquent sans doute le manque d’intérêt qu’il manifesta par la suite à l’endroit des projets de développement.

Goodhue avait occupé des postes peu importants dans les cantons de Westminster et de London. Il devint maître de poste de London en 1830, bien qu’il ne fût naturalisé qu’en 1834, et il exerça cette fonction jusqu’en 1852. Quand London fut érigé en municipalité en 1840, il fut élu au conseil à titre de représentant du quartier St George et il devint le premier maire désigné par le vote des conseillers. Il ne se présenta pas à la réélection, mais il fut nommé magistrat de district après l’Union, en 1841. En 1842, lorsque Louis-Hippolyte La Fontaine et Robert Baldwin* eurent besoin d’un représentant de l’ouest du Haut-Canada au Conseil législatif, les attitudes proréformistes de Goodhue ou plutôt celles de son frère Josiah Cosmore et de son beau-père lui furent d’un grand secours. En outre, même s’il avait jadis adhéré à la secte congrégationaliste, il était devenu membre de l’Église d’Angleterre. Pour être nommé à la Chambre haute, il lui restait à franchir une étape décisive : obtenir l’assentiment des méthodistes de l’endroit. Il se rendit donc à l’une de leurs réunions et versa sur la table le contenu de sa bourse, une somme de $50, à ce qu’on dit ; comme de juste, il obtint sa nomination. À la Chambre haute, il se contenta de faire acte de présence, puis, au milieu des années 60, la maladie l’empêcha d’y siéger. Il ne fut pas nommé au sénat en 1867.

Après 1840, il s’occupa surtout de spéculation foncière et d’hypothèques ; « la gestion de ses biens, note le biographe de sa famille, devint sa raison de vivre ». Goodhue avait commencé à s’intéresser à la spéculation foncière dès 1830, alors qu’il avait acheté, au nord de London, 30 acres de terrain qu’il avait ensuite morcelées pour les vendre ; ce sera le premier développement hors du centre de la ville. Au cours des années suivantes, il multiplia les transactions. Profitant de la rébellion de 1837, il se porta acquéreur, en 1841, de certaines terres confisquées au rebelle Anthony Van Egmond*. Il acheta également des terres de la couronne, notamment dans le comté de Huron, et acquit d’autres propriétés par l’achat ou la saisie de biens hypothéqués, sur lesquels il chargeait un taux d’intérêt variant de 6 p. cent durant les périodes de prospérité à 24 p. cent pendant les années de dépression qui suivirent 1857. À sa mort, il avait des intérêts à London même et dans les comtés d’Elgin, Grey, Huron, Kent, Lambton, Middlesex, Oxford, Perth et Simcoe. La valeur de ses biens atteignait environ $650 000.

Sur le point de mourir, Goodhue dicta son testament à l’un des avocats les plus connus de London, Henry Corry Rowley Becher*. Le document stipulait que la majeure partie de ses biens ne pouvait être distribuée avant le décès de sa femme. Les membres de la famille s’opposèrent unanimement à cette clause et, sur leur demande, le député de London au parlement provincial, John Carling*, fit révoquer le testament par la législature de l’Ontario. Un autre député, Edward Blake*, se rendant compte que la législature créait un précédent en intervenant dans la succession, présenta immédiatement un autre projet de loi à l’effet que toute requête de cette nature serait désormais soumise à l’avis des autorités judiciaires compétentes avant l’adoption de mesures législatives. Les deux projets prirent force de loi en 1871. Becher refusait toujours de distribuer les biens et la cause fut entendue en appel devant un comité de neuf juges comprenant William Henry Draper*, John Godfrey Spragge*, Oliver Mowat* et John Hawkins Hagarty* ; le jugement, rendu en 1873, donna raison à Becher. Les héritiers tentèrent alors de faire adopter un second projet de loi dans le but de contourner les difficultés. En vertu de la loi votée à l’instigation de Blake, ce projet fut renvoyé à un groupe composé des mêmes juges, qui rendirent une décision défavorable aux héritiers. Les biens ne furent distribués qu’après la mort de Louisa en 1880.

Clarence T. Campbell affirme non sans raison que Goodhue fut « un homme d’affaires qui ne pensait guère qu’aux affaires ». Il n’était ni meilleur ni pire dans sa façon d’agir que tous les autres marchands du Haut-Canada qui firent fortune en s’installant dans des régions nouvellement ouvertes. Cependant, comme London fut l’un des derniers endroits de la province à se développer, l’immense fortune accumulée par Goodhue et l’âpreté avec laquelle il menait ses affaires ont laissé des souvenirs qui ne se sont pas encore effacés. Goodhue est entré dans la légende sous les traits d’une sorte de Midas devenu avare et c’est ainsi qu’il fait désormais partie du folklore de l’ouest de l’Ontario.

Frederick H. Armstrong

Middlesex County Surrogate Court (London, Ont.), no 668 (testament de G. J. Goodhue) ; no 1 980 (testament de Louisa Goodhue).— PAO, RG 8, I-7-F-2, box 20, nos 9, 68 ; box 25, nos 157s.— UWO, 128 (George J. Goodhue papers).— E. J. Carty, The diary of H. C. R. Becher, London Advertiser, 6 nov.–24 déc. 1926.— Re Goodhue [in appeal] : Tovey v. Goodhue ; Goodhue v. Tovey, Reports of cases adjudged in the Court of Chancery of Ontario, Alexander Grant, édit. (29 vol., Toronto, 1861–1883), XIX : 366–455.— Daily Advertiser (London), 12, 15 janv. 1870.— London Free Press, 17 janv. 1870, 2 août 1880.— C. T. Campbell, Pioneer days in London ; some account of men and things in London before it became a city (London, Ont., 1921), 29–33, 68, 84s., 88, 91, 119.— J. E. Goodhue, History and genealogy of the Goodhue family in England and America to the year 1890 (Rochester, N.Y., 1891), 40s., 71–73, 144s.— History of the county of Middlesex (Brock), 71, 74, 112, 140, 195, 216, 221, 225, 231, 258s., 264, 340, 568, 573.— F. H. Armstrong, Depression of 1857, London Free Press, 5 mai 1971 ; George Jervis Goodhue : pioneer merchant of London, Upper Canada, OH, LXIII (1971) : 217–232.

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Frederick H. Armstrong, « GOODHUE, GEORGE JERVIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 13 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/goodhue_george_jervis_9F.html.

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Auteur de l'article:    Frederick H. Armstrong
Titre de l'article:    GOODHUE, GEORGE JERVIS
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
Date de consultation:    13 déc. 2024