Titre original :  Photograph Max Bibaud, Montreal, QC, 1862 William Notman (1826-1891) 1862, 19th century Silver salts on paper mounted on paper - Albumen process 8 x 5 cm Purchase from Associated Screen News Ltd. I-2572.1 © McCord Museum Keywords:  male (26812) , Photograph (77678) , portrait (53878)

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BIBAUD, FRANÇOIS-MAXIMILIEN (il ajouta plus tard le prénom indien Uncas et le prénom Marie, utilisa à l’occasion le pseudonyme anagrammatique de Neilimixam Duabib et signa souvent Bibaud, jeune), avocat, professeur de droit, polygraphe et chroniqueur, né à Montréal le 23 octobre 1823, fils de Michel Bibaud*, journaliste et historien, et d’Élizabeth Delisle, décédé célibataire à Montréal, le 9 juillet 1887.

François-Maximilien Bibaud fit des études classiques chez les sulpiciens au petit séminaire de Montréal de 1833 à 1843 et embrassa l’état ecclésiastique. Il collabora aux Mélanges religieux de Montréal à titre de rédacteur adjoint (1846) après avoir fait ses premières armes d’écrivain (1842) dans l’Encyclopédie canadienne de son père, publiée à Montréal. À peine Bibaud avait-il décidé, à la fin de novembre 1846, d’abandonner définitivement la vie ecclésiastique qu’il choisit de devenir avocat. Pour s’y préparer, il fit, comme la loi d’alors l’exigeait, quatre années de cléricature dans l’étude de Joseph Bourret et de Toussaint Peltier*. Au cours de ces années, pour se préparer à l’examen qu’il allait devoir subir, il rédigea avec un soin et une application peu ordinaires quatre manuscrits où il consigna l’ensemble des connaissances juridiques acquises par ses lectures et son travail personnel ; pour le droit anglais, un abrégé de l’ouvrage de William Blackstone, Commentaries on the laws of England ; pour le droit coutumier, une mise à jour accompagnée de commentaires de la Coutume de Paris ; et pour le droit romain une traduction des Institutes de Justinien Ier, plus un fort volume intitulé « Traités de Droit [...] » et consacré aux obligations et aux contrats. Portant fièrement cette collection de manuscrits sous le bras, il se présenta, le 5 avril 1851, à son examen d’admission au Barreau de Montréal. « Ce fut, écrivit-il plus tard avec sa vanité habituelle, un examen hors ligne, où j’étalai mon érudition. » Il impressionna fort ceux qui l’interrogeaient, tant par le ton de ses réponses que par la qualité de ses ouvrages manuscrits. On lui demanda sur-le-champ s’il ne songerait pas à enseigner le droit. En fait, Bibaud y pensait depuis deux ans, mais il se disposait à ne donner que des cours privés. Ses examinateurs lui proposèrent plutôt de pallier l’absence de tout enseignement organisé du droit dans le Bas-Canada par la fondation d’une véritable école. La perspective d’une telle carrière plut assez à Bibaud pour qu’il laissât se constituer autour de George-Étienne Cartier* et d’Augustin-Norbert Morin* un petit comité de neuf avocats qui adressa, dès le 7 avril, une lettre à Mgr Ignace Bourget et au père Félix Martin, recteur du nouveau collège Sainte-Marie, afin d’appuyer le projet d’établir une chaire de droit. Ils firent habilement valoir auprès de l’évêque de Montréal l’intérêt qu’il y aurait à offrir aux étudiants canadiens-français un enseignement qui puisse concurrencer celui que le McGill College était en train d’organiser. L’évêque et le père Martin se déclarèrent d’ailleurs rapidement d’accord avec le plan proposé et s’entendirent pour loger la future école dans le collège des jésuites. Pour lancer son cours, Bibaud prononça, dès le 1er mai 1851, un « discours inaugural », mais l’enseignement proprement dit ne débuta qu’en septembre avec six élèves, dont quatre seulement persévérèrent.

Le cours de droit durait deux ans et les étudiants accomplissaient leur stage simultanément. Les leçons se donnaient trois matins par semaine pendant toute l’année, le mois d’août excepté. Pendant les premières années, Bibaud assuma seul tout l’enseignement. En 1858, il engagea Joseph-Achille-A. Belle à titre de « professeur de pratique » pour les aspirants au barreau ; plus tard, Léonard-Ovide Hétu joua le même rôle auprès de ceux qui se destinaient au notariat. Tous deux, anciens élèves de Bibaud, dispensaient leur enseignement dans leur étude pendant les mois de juin et de juillet. Quant à celui qui s’intitulait pompeusement « professeur en chef » et « doyen », il concevait son enseignement comme devant être tout à la fois « historique, méthodique, philosophique et pratique ». Il ambitionnait de faire en sorte que son école soit « une véritable société de discussion, où les élèves [pourraient faire] toutes les objections qu’ils [voulaient] ». Prétendant s’inspirer des méthodes suivies dans les universités allemandes, Bibaud faisait participer régulièrement ses élèves à des séances de révision et tenait, d’abord deux puis une fois par année, des « Repetitoria solennels » où quelques avocats avaient la tâche d’interroger les étudiants sur les matières du programme. La séance se déroulait devant un public de juristes et d’ecclésiastiques à qui Bibaud n’était que trop fier de montrer l’excellence de la formation qu’il donnait. Et, sans doute pour assurer le recrutement de l’école, les élèves des classes terminales du collège y assistaient aussi. Faute de publications juridiques pouvant servir de soutien à son enseignement, Bibaud devait pratiquement dicter ses cours ; afin de consacrer plus de temps aux discussions avec ses étudiants, il entreprit de publier, à Montréal, en 1859, ses Commentaires sur les lois du Bas-Canada, ou conférences de l’école de droit, liée au collège des RR. PP. jésuites, suivis d’une notice historique. Par son programme et ses méthodes pédagogiques, Bibaud faisait montre d’une originalité étonnante, surtout dans un pays presque complètement dépourvu de tradition universitaire.

Le nombre d’étudiants de Bibaud connut une progression lente, mais constante, et celui-ci pouvait se vanter que, malgré la fondation des facultés de droit de McGill et Laval, son cours restait « le cours à la mode ». En 1862, les inscriptions atteignaient pour la première fois 40 noms. L’année suivante, il publiait la liste de tous ceux qui avaient jusqu’alors fréquenté son école : 140 aspirants au barreau et 38 au notariat ; de ce nombre, 86 avaient obtenu la « licence en droit » que l’école décernait. Des personnages aussi connus que George-Édouard Desbarats*, Hector Fabre*, Louis-Amable Jetté*, Ludger Labelle*, Siméon Pagnuelo et François-Xavier-Anselme Trudel figuraient alors parmi les diplômés de cette école.

Le 1er septembre 1867, Bibaud annonçait dans les journaux sa décision d’abandonner l’enseignement. Mais la fermeture de son école n’était en réalité qu’un épisode du conflit qui opposait Mgr Bourget à l’université Laval. D’un côté, Bibaud rejetait fièrement toute idée d’affiliation ; de l’autre, le collège Sainte-Marie n’avait pas le pouvoir de conférer des diplômes de droit, comme Bibaud l’aurait souhaité. L’école de droit n’était dès lors plus en mesure de satisfaire aux nouvelles exigences que posait la loi régissant l’admission des aspirants au barreau.

On connaît mal les dernières années de la vie de Bibaud puisqu’il cessa simultanément d’enseigner le droit et d’écrire sur des questions juridiques. Mais pendant les 16 années de sa vie active comme juriste, il avait fait preuve d’une activité étonnante. Parallèlement à sa tâche de professeur et tout en continuant de publier un nombre impressionnant d’ouvrages et d’opuscules de nature historique, il fit paraître dans les journaux des articles souvent considérables sur les grandes réformes juridiques de son temps et prononça, devant les sociétés littéraires, diverses « lectures » qu’il prit soin par la suite de faire imprimer pour mieux établir sa réputation, dont il était soucieux à l’excès. Dans l’ensemble de sa production juridique, deux œuvres occupent toutefois une place à part. Son Essai de logique judiciaire, publié à Montréal en 1853, est une œuvre philosophique où Bibaud analyse les divers types d’arguments logiques pour les appliquer à l’interprétation du droit ; mais le style inutilement polémique qu’il adopte gâte la valeur de l’exposé. C’est surtout dans ses Commentaires sur les lois du Bas-Canada que Bibaud révèle l’étendue surprenante de ses connaissances et sa maîtrise remarquable des multiples sources du droit québécois de l’époque, qu’il s’agisse de droit romain ou canonique, de droit coutumier, de droit anglais, français ou canadien. Il a tout lu ; ce qu’on peut lui reprocher, c’est d’en faire, ici comme ailleurs, un trop grand étalage. Il ne résiste jamais à la tentation de critiquer les auteurs, de relever les erreurs des juges et de censurer les législateurs, mais sur un ton hargneux et déplaisant. Il faut faire abstraction de ces quelques défauts pour apprécier un ouvrage par ailleurs remarquable et qui constitue le seul exposé méthodique original du droit du Bas-Canada publié avant le Code civil.

Les recherches et publications historiques de Bibaud sont aussi importantes. Ces travaux, d’abord encyclopédiques, « chronologiques » et biographiques, apportent une contribution originale par l’attention portée aux Indiens dans certaines publications. Bibliographe bien informé et soucieux des « panthéons », Bibaud aura finalement, avec ses travaux, jalonné l’histoire des progrès intellectuels du Canada français et surtout marqué l’enseignement du droit et la littérature juridique.

André Morel et Yvan Lamonde

François-Maximilien Bibaud est l’auteur de nombreux ouvrages touchant différents aspects de la vie culturelle, comme le droit, l’histoire et la religion. Pour obtenir un inventaire détaillé de ses œuvres – tant manuscrites qu’imprimées – le lecteur pourra consulter les sources suivantes : Concordia Univ. Library (Montréal), Special coll., D7 B5, mss on hist., French Canada, law and religion, 1847–1884 ; Guide to the manuscript collection in the Toronto public libraries (Toronto, 1954), 12 ; É.-Z. Massicotte, « Quelques notes sur Maximilien Bibaud », BRH, 52 (1946) : 90–93 ; Arthur Perrault, « Bibliographie des œuvres de Maximilien Bibaud », Themis (Montréal), 2 (1951–1952) : 31–34.

Comme il serait trop long d’énumérer l’ensemble des ouvrages écrits par Bibaud, nous retiendrons ceux qui ont contribué le plus à une connaissance articulée de l’histoire canadienne : Biographie des Sagamos illustres de l’Amérique septentrionale, précédée d’un index de l’histoire fabuleuse de ce continent (Montréal, 1848) ; les Institutions de l’histoire du Canada, ou annales canadiennes jusqu’à l’an MDCCCXIX [...] (Montréal, 1855) ; Dictionnaire historique des hommes illustres du Canada et de l’Amérique (Montréal, 1857) ; le Panthéon canadien (choix de biographies), dans lequel on a introduit les hommes les plus célèbres des autres colonies britanniques (Montréal, 1858) ; Adèle et Victoria Bibaud sont les responsables d’une deuxième édition parue à Montréal, en 1891, sous le titre le Panthéon canadien ; choix de biographies. Les AUM possèdent d’ailleurs un manuscrit de cet ouvrage (P 58, Q1/199). D’autres manuscrits se retrouvent aussi dans ce dépôt (P 58, M/15–16) : « Mémoires intimes comme introduction aux « Mémoires de mon temps » et « Mémoires de mon temps ». Pour leur part, les Archives du collège de L’Assomption (Montréal) conservent le manuscrit de « Nature canadienne ou mes pérégrinations » écrit en 1867.

Bibaud a également laissé plusieurs articles dans les journaux de l’époque. Signant parfois « Bibaud, jeune », il a rédigé un certain nombre d’articles relatifs aux lois civiles en vigueur dans le Bas-Canada et à l’enseignement du droit. À ce sujet, le chercheur pourra retourner aux journaux suivants : le Colonisateur (Montréal), 1862–1863 ; Mélanges religieux (Montréal), 15, 18, 22 avril, 6 mai 1851 ; la Minerve, mai-juill. 1851, 31 juill. 1852 ; l’Ordre (Montréal), 12 déc. 1858–16 févr. 1860.

Durant sa carrière, Bibaud s’est engagé au sein de deux polémiques importantes. On peut trouver des articles concernant sa controverse avec l’Institut canadien de Montréal, au sujet de l’apostasie du commissaire François-Pierre Bruneau*, dans les journaux montréalais suivants en 1853 : la Minerve ; le Moniteur canadien ; Montreal Gazette ; le Pays ; le Semeur canadien. Quant à sa controverse avec Gonzalve Doutre*, au sujet de l’apprentissage et de l’exercice de la profession d’avocat, le lecteur pourra consulter l’Ordre, 14–16 sept. 1863. [a. m. et y. l.]

ANQ-M, État civil, Catholiques, Notre-Dame de Montréal, 26 oct. 1823, 12 juill. 1887 ; M–72–41.— APC, MG 29, D29.— La Minerve, 20 août 1867.— Camille Bertrand, La collection d’archives Baby (Montréal, 1975), 10.— DOLQ, I : 58, 390s., 488.— Le Jeune, Dictionnaire, I : 170.— L.-O. David, Mélanges historiques et littéraires (Montréal, 1917), 282.— Paul Desjardins, Le collège Sainte-Marie de Montréal (2 vol., Montréal, 1940-[1944]), II : 60–103.— Edmond Lareau, Histoire du droit canadien depuis les origines de la colonie jusqu’à nos jours (2 vol., Montréal, 1888–1889).— André Morel, « La codification devant l’opinion publique de l’époque », Livre du centenaire du Code civil (2 vol., Montréal, 1970), I : 27–45.— Édouard Fabre Surveyer, « Une école de droit à Montréal avant le Code civil », Rev. trimestrielle canadienne (Montréal), 6 (1920) : 140–150.— Léon Lortie, « The early teaching of law in French Canada », Dalhousie Law Journal (Halifax), 2 (1975–1976) : 521–532.

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André Morel et Yvan Lamonde, « BIBAUD (Bibaud, jeune), FRANÇOIS-MAXIMILIEN (Uncas, Marie, Neilimixam Duabib)  », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 3 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/bibaud_francois_maximilien_11F.html.

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Auteur de l'article:    André Morel et Yvan Lamonde
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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