LePAGE, JOHN, instituteur, homme d’affaires et poète, né le 28 décembre 1812 à Pownal, Île-du-Prince-Edouard, troisième enfant d’Andrew LePage et d’Elizabeth Mellish ; en 1847, il épousa Alice Foster, et ils eurent trois enfants qui moururent en bas âge, puis, en 1852, Charlotte McNeill, et de ce mariage naquirent cinq enfants ; décédé le 8 ou 9 janvier 1886 à Charlottetown.
Le père de John LePage avait immigré à l’Île-du-Prince-Edouard vers 1807, venant des îles Anglo-Normandes. John étudia dans les écoles de l’île et devint ensuite instituteur. Il enseigna d’abord à l’école du lot 49, dans le comté de Queens, puis pendant plusieurs années à Malpeque, comté de Prince, avant de devenir troisième maître à la Central Academy de Charlottetown vers 1848. Chargé d’enseigner à des élèves du niveau élémentaire, il vit son poste supprimé en 1860, année où la Central Academy décida de se limiter à l’enseignement secondaire. Il entra alors à titre de commis à la Bank of Prince Edward Island, nouvellement établie, mais quitta peu de temps après cet établissement pour devenir secrétaire-trésorier de la Charlottetown Gas Light Company, emploi qu’il occupa jusqu’au moment où il prit sa retraite en 1883.
LePage se fit surtout connaître par sa poésie, publiée dans deux volumes importants parus à Charlottetown en 1860 et 1867, sous le titre de The Island minstrel [...]. On retrouve dans l’édition de 1867 un certain nombre de poèmes parus dans le premier livre, mais les deux volumes ont des contenus très différents. LePage publia aussi au moins deux pamphlets, quelques cahiers de poésie et écrivit souvent des vers pour les journaux de l’île sous les initiales P. L. I. ou P. L. J.
LePage était un poète très proche de son public parce qu’en général il traitait dans ses vers de sujets tirés d’un milieu que lui-même et ses lecteurs connaissaient bien par expérience davantage qu’il ne recherchait et exprimait des valeurs et des sentiments personnels. Il composa des poèmes pour des occasions spéciales, des odes, des éloges aux héros militaires, des élégies sur les notables locaux, mais l’intérêt de sa poésie réside surtout dans la manière comique et le ton satirique avec lesquels il parle de certains aspects politiques et sociaux de la vie dans l’île. Dans ces poèmes, il utilisa souvent des rythmes et des strophes burlesques, de manière à abaisser les prétentions et la suffisance propres aux personnalités et aux événements de l’époque. Le plus remarquable poème dans ce genre est son pamphlet (Flies in amber) : an authentic history of the land commission and other stirring events in Prince Edward Island (Charlottetown, 1862) qui traite des efforts infructueux de la commission royale de 1860–1861 établie par le gouvernement d’Edward Palmer pour résoudre le problème de la tenure des terres à l’Île-du-Prince-Édouard. Dans ce poème, LePage utilise une jeune Indienne (sa muse) comme narratrice et, en décrivant les travaux de la commission, il parodie le style de Song of Hiawatha de Longfellow. En construisant ainsi le poème, LePage peut recourir à l’optique et au dialecte pseudo-indien de la jeune Micmaque pour glisser un commentaire railleur et accablant dans sa narration en apparence innocente des événements.
LePage n’a pas eu la prétention d’écrire de la « grande » poésie, mais pour lui ces « vers du pays » qui « n’[avaient] peut-être pas la beauté de certains poèmes venus de l’étranger [... pouvaient] néanmoins être jugés acceptables ». Cette remarque semble être une bonne appréciation de ses talents poétiques, mais on doit y ajouter la remarque de LePage selon laquelle « le monde est fait d’une multitude de petits riens ».
John LePage est l’auteur des ouvrages suivants parus à Charlottetown : Shipwreck of the « Fairy Queen », in Northumberland Strait, October 7th, 1853 [and] Fate of Sir John Franklin [...] (1853) ; The spirit of English poetry : a lecture delivered before the Mechanics’ Institute, Charlottetown, on the evening of Tuesday, 21st April, 1857 (1857) ; The Island minstrel : a collection of the poetical writings [...] (1860) ; Rhymes for the times and reason for the season ; or, a rhyming rhapsody on American revolutions (1861) ; An address to America (1862) ; Farewell to 1862 (1862) ; (Flies in amber) : an authentic history of the land commission and other stirring events in Prince Edward Island (1862) ; Rifle shooting at Truro, N.S., Friday, Sept. 12, 1862 (1862) ; The calling out of the posse comitatus (1865) ; The Island minstrel : a collection of some of the poetical writings [...] (1867) ; Visits of distinguished personages to Prince Edward Island, duly chronicled (1869) ; Loss of H.M. ironclad turret-skip « Captain », off Cape Finnisterre, on the night of 6th September, 1870 (1870) ; Choral symphonies, at an entertainment given in the basement of the Wesleyan Chapel, Charlottetown, P.E. Island, February 3rd, 1871 (1871) ; The Island minstrel, miscellaneous papers (1885).
Examiner (Charlottetown), 9 janv. 1886.— Islander, 16 sept. 1859, 27 déc. 1861.— Patriot (Charlottetown), 9 janv. 1886.— Wallace, Macmillan dict.
Thomas B. Vincent, « LePAGE, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/lepage_john_11F.html.
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Auteur de l'article: | Thomas B. Vincent |
Titre de l'article: | LePAGE, JOHN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
Date de consultation: | 2 déc. 2024 |