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BREMNER, BENJAMIN ARMITAGE, homme d’affaires et historien, né le 20 mars 1851 à Charlottetown, huitième des neuf enfants de John Samuel Bremner, imprimeur, et de Sarah Beer ; le 24 septembre 1879, il épousa à Marie, Île-du-Prince-Édouard, Mary Jane Webster, et ils eurent trois filles ; décédé le 29 décembre 1938 à Charlottetown.
On sait peu de chose sur la vie de Benjamin Armitage Bremner, ce qui est plutôt paradoxal puisqu’il fut surtout connu comme auteur de trois ouvrages d’histoire locale. Bremner, qui résida toute sa vie à Charlottetown, était issu d’une lignée illustre. Parmi les personnages les plus remarquables du côté paternel figuraient ses oncles William Bremner, agent des douanes, et George Richard Goodman, qui fut conseiller exécutif et législatif de l’Île-du-Prince-Édouard, contrôleur des douanes et inspecteur de navires. Dans la famille maternelle de Bremner, il y eut, dans la deuxième moitié du xixe siècle, six conseillers municipaux, un maire de Charlottetown (Henry Beer) et deux membres de la Chambre d’assemblée de l’Île-du-Prince-Édouard (Henry et George Beer).
On peut recueillir certains renseignements sur Bremner au fil de ses récits. Il commença sa formation scolaire à « l’école maternelle » de l’église anglicane St Paul, congrégation qu’il fréquenta dans sa jeunesse, mais il n’indique pas s’il la poursuivit. Sur le plan professionnel, Bremner et ses frères aînés, George (1840–1909) et William Henry (1841–1891), suivirent les traces de leur père et entrèrent dans le métier de l’imprimerie. En 1866, Benjamin Armitage travailla dans l’atelier d’imprimerie de George, l’Excelsior Printing Office, qui publia des œuvres de la poète Elizabeth Newell Lockerby* et du révérend Matthew Richey*. William Henry eut sa propre marque d’imprimeur. Au milieu des années 1870, les frères fondèrent Bremner Brothers, un commerce de papeterie, de livres et d’imprimerie sis au 44, rue Queen. Cette entreprise bien connue publia notamment The plan of salvation (1874) de Donald McDonald*, History of Prince Edward Island (1875) de Duncan Campbell*, Philosophy of the Bible vindicated (1876) de Cornelius O’Brien*, ainsi qu’une édition de History of England (1878), de l’historienne britannique Edith Thompson. Après s’être retiré de l’entreprise vers la fin du siècle, Benjamin Armitage devint voyageur de commerce pour la Carter and Company Limited, qui se spécialisait dans la vente de livres et de semences. Nommé associé en 1902, il conserverait ce titre jusqu’à sa retraite, vers 1927.
Au sein de la communauté de Charlottetown, Bremner fut un membre éminent de l’Independent Order of Odd Fellows, d’abord dans la St Lawrence Lodge No. 8, puis dans la Wildey Lodge No. 27. Il fut élu aux postes de grand maître en 1884 et de grand représentant de la Sovereign Grand Lodge en 1883 et 1884, ainsi que de 1888 à 1891. Par son leadership, il contribua à l’organisation du Grand Encampment of the Maritime Provinces, qui eut lieu le 9 août 1892. Il fut également membre de la franc-maçonnerie et de l’église First Methodist (qui deviendrait l’église Trinity United).
La vie de Bremner prit un nouveau tournant après son départ à la retraite et la mort de sa femme, survenue le 31 octobre 1926 à la suite d’une défaillance cardiaque. Témoin de grands bouleversements au cours de son existence, dont l’accession de la colonie de l’Île-du-Prince-Édouard au statut de province, le règlement du problème des terres [V. George Coles*] et l’arrivée de commodités modernes telles que la plomberie intérieure, l’automobile et la radio, Bremner commença à rédiger des souvenirs de l’île telle qu’il l’avait connue dans sa jeunesse. D’abord publiés en série dans le Charlottetown Guardian, ses récits parurent ensuite sous le titre Memories of long ago (1930). Dans sa préface, Bremner mentionna qu’il avait écrit « ces articles par passe-temps – surtout à partir de souvenirs, sans recourir à l’imagination pour enjoliver un sujet, et sans non plus leur prêter de valeur littéraire ». Ses emprunts fréquents aux vers populaires du « poète lauréat de l’île », John LePage*, ainsi qu’à d’autres auteurs, rehaussèrent l’attrait de ses écrits. Tout au long de ses 39 anecdotes, qui combinaient en parts égales l’étude de caractères, le rappel d’événements importants et la description de lieux, le ton était sentimental à l’excès, et il ne déplaisait pas à Bremner de déplorer certains aspects de la société contemporaine. Dans un passage sur les productions théâtrales, par exemple, il exprima ces regrets : « Je ne crois pas que nous entendions autant de bons chanteurs aujourd’hui [...] qu’il y a vingt-cinq ans » et, comparativement aux nombreuses « comédies musicales » montées à cette époque, « il ne semble pas y avoir de nos jours le désir ni l’ambition d’accomplir de telles œuvres ». Il attribua ce déclin à la popularité des films, plus particulièrement des nouveaux films « parlants », et au plus grand choix de divertissements auquel l’automobile donnait accès. À cette nostalgie s’ajoutait une note de sensibilité à la protection de l’environnement dans un autre de ses récits, où il se plaignait de la pêche abusive qui causait la diminution du nombre de truites dans les ruisseaux de l’île.
Bremner avait plus de 80 ans lorsqu’il publia deux autres livrets historiques : An Island scrapbook, en 1932, et Tales of Abegweit (Prince Edward Island), en 1936. Dans ces deux ouvrages, il reprit le style anecdotique de Memories of long ago et réimprima des récits d’autres sources. Bien que les écrits de Bremner n’aient pas la valeur documentaire recherchée par les lecteurs érudits, ils conservent une place importante dans l’historiographie de la province. Publiées à une époque où il s’écrivait peu de chose sur le passé de l’île – Alexander Bannerman Warburton*, Daniel Cobb Harvey* et Joseph-Henri Blanchard figuraient parmi les rares autres historiens qui publiaient des textes –, les riches descriptions de gens, d’événements et de lieux écrites par Bremner ouvrent une fenêtre importante sur la vie dans cette province à la fin du xixe siècle et au début du xxe.
Demeuré actif jusqu’à ses derniers jours, Benjamin Armitage Bremner mourut le 29 décembre 1938. À son décès, la presse locale mentionna qu’il était sur le point de terminer un quatrième ouvrage historique, qui ne fut toutefois jamais publié. Il laissa dans le deuil ses filles Maud Lilian, Edith Louise et Hazel.
Benjamin Armitage Bremner est l’auteur de Memories of long ago, being a series of sketches pertaining to Charlottetown in the past (Charlottetown, 1930), de An Island scrapbook [...] (Charlottetown, 1932) et de Tales of Abegweit (Prince Edward Island) [...] (Charlottetown, 1936).
PARO, P.E.I. Geneal. Soc. coll., family files, Bremner family file.— Charlottetown Guardian, 1er nov. 1926, 30 déc. 1938.— Fulton Underhay, « The descendants of John Webster and Catherine Sanderson » : www.islandregister.com/jwebster.html (consulté le 31 oct. 2012).— J. F. Whear, « Oddfellowship », dans Past and present of Prince Edward Island [...], D. A. MacKinnon et A. B. Warburton, édit. (Charlottetown, [1906]), 194.
Ryan O’Connor, « BREMNER, BENJAMIN ARMITAGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 7 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/bremner_benjamin_armitage_16F.html.
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Auteur de l'article: | Ryan O’Connor |
Titre de l'article: | BREMNER, BENJAMIN ARMITAGE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2014 |
Année de la révision: | 2014 |
Date de consultation: | 7 déc. 2024 |