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LANGEVIN, JEAN (baptisé Jean-Pierre-François-Laforce), prêtre catholique, professeur, administrateur scolaire, auteur et évêque, né le 22 septembre 1821 à Québec, fils aîné de Jean Langevin et de Sophie Laforce ; décédé le 26 janvier 1892 à Rimouski, Québec.
Jean Langevin grandit dans le climat chaleureux d’un foyer uni et solidaire, où l’atmosphère intellectuelle favorisa l’éclosion précoce de son intelligence. Après des études sous la direction d’une gouvernante, il entra au petit séminaire de Québec en 1831 et y fit de brillantes études. Il prit la soutane au grand séminaire le 2 octobre 1838. Le même jour, on le nomma professeur de mathématiques au petit séminaire, fonction qu’il continua d’exercer après son ordination le 12 septembre 1844. Il passa cinq ans dans ce milieu éminemment favorable sur le plan intellectuel, en présence de personnages qui joueraient des rôles de premier plan dans l’Eglise canadienne, tels Elzéar-Alexandre Taschereau, Edward John Horan* et Louis-Jacques Casault*. Langevin se livra aussi à diverses recherches en histoire, en arts et en archéologie, pour le plus grand profit des membres de l’Institut canadien de Québec, dont il fit partie.
En 1849, Langevin devint assistant du curé de la paroisse La Nativité-de-Notre-Dame, à Beauport, puis l’année suivante curé de Sainte-Claire. Il revint à Beauport au même titre en 1854. Dans ces paroisses, il se soucia de l’éducation de la jeunesse et il ouvrit son presbytère aux enfants pauvres. Les problèmes de l’école rurale le préoccupaient vivement : manque de maîtres qualifiés, pénurie de matériel scolaire, absentéisme des écoliers, désintéressement des ruraux. On lui confia la mission de corriger ces déficiences en avril 1858, quand on le nomma principal de l’école normale Laval, à Québec.
Langevin dressa alors un programme des matières de base à enseigner dans les écoles élémentaires et modèles, ainsi qu’un tableau de la distribution du temps. Des classes pratiques alternaient avec des classes dites didactiques que Langevin visitait souvent en stimulant l’ardeur des élèves au moyen de concours, d’examens privés et publics, oraux ou écrits. Ce mélange de théorie et de pratique fut baptisé méthode Langevin, du nom de son promoteur. Langevin conçut aussi des outils d’enseignement. Dès 1848, il avait publié à Québec Traité élémentaire de calcul différentiel et de calcul intégral, auquel vinrent s’ajouter d’autres publications dans les domaines de l’histoire, de l’agriculture et de la liturgie ; il se fit surtout connaître comme pédagogue et théoricien de l’éducation par son ouvrage Cours de pédagogie ou Principes d’éducation, paru à Rimouski en 1869.
La pédagogie de Langevin se base sur un fort esprit familial avec toutes les exigences et les vertus que cela suppose. S’y ajoute une foi solide dans les possibilités humaines et divines de tout baptisé qui, malgré ses inévitables limites, n’en est pas moins un candidat pour le ciel, donc un être perfectible. Dans le cœur de tout être divinisé sommeille un désir d’ascension sur lequel il faut tabler pour l’éduquer. Langevin insistait sur l’importance de la discipline et le souci du détail et il se montrait intraitable devant le manque d’ordre et la légèreté d’esprit. Il voulait donner la formation la plus complète possible aux futurs enseignants. Le programme comprenait même des exercices physiques à caractère militaire. La culture physique devait s’harmoniser avec celle des arts. Dans ce domaine, les arts manuels voisinaient les beaux-arts qui ne pouvaient, selon lui, se passer de culture scientifique.
La formation conçue par Langevin ne s’arrêtait pas à l’école normale. Il s’efforça d’épauler ses anciens étudiants dans leur labeur quotidien et de prolonger dans leur vie professionnelle l’esprit puisé à l’école normale. Il correspondait avec eux et leur fournissait du matériel pédagogique. Il fit figure de pionnier en donnant des cours par correspondance en mathématiques, en histoire, en géologie et en archéologie. De même il fut, semble-t-il, le premier à réclamer une échelle de salaires pour les professeurs.
En 1867, Langevin quitta à regret l’école normale Laval à la suite de sa nomination à titre d’évêque du nouveau diocèse de Rimouski ; il devrait administrer un immense territoire d’environ 150 000 milles carrés réparti sur les deux rives du Saint-Laurent. Éloignement, pauvreté, isolement, ignorance, telle se résumait la situation socio-économique des quelque 60 000 personnes disséminées dans ce diocèse qui comptait seulement 32 paroisses. Langevin. entreprit d’y réaliser les plans d’apostolat qu’il avait esquissés : « entretien et vitalité du séminaire diocésain ; promotion de l’éducation et de l’instruction ; travail acharné en faveur de la colonisation et de l’agriculture ; lutte pour la stabilité des diocésains, pour la tempérance et la modestie ; soutien de la vie chrétienne par la prédication aux adultes, le catéchisme aux enfants, les confréries de toutes sortes ; organisation de la vie familiale et de la vie paroissiale ; appels incessants à la pratique des vertus sociales, au respect de l’autorité ».
Mgr Langevin déclara à ses ouailles qu’il considérait de son devoir de les « encourager à [se] livrer avec ardeur à l’agriculture et à coloniser les terres incultes ». C’est là le premier aspect de son travail apostolique. De fait, sa pensée socio-économique fut tout à fait conforme à celle des autres chefs ecclésiastiques de la seconde moitié du xixe siècle. Son modèle idéologique, selon Gérald Garon, était manifestement « celui d’une société traditionnelle, de type rural et agricole, de type théocratique et sacral, à caractère providentialiste ». Cette pensée l’incita à convertir en agriculteurs les Amérindiens, les pêcheurs, les ouvriers et les travailleurs forestiers. Tout ce qui se rapportait à cet objectif retint son attention et ses efforts : les voies de communication, l’immigration, les associations professionnelles, les sociétés de colonisation et d’agriculture, l’aide matérielle, spirituelle et intellectuelle aux ruraux. Dans Réponses aux programmes de pédagogie et d’agriculture [...] ainsi que dans Cours de pédagogie ou Principes d’éducation, il insista particulièrement sur deux objectifs patriotiques de l’école, qui illustrent sa volonté de promouvoir l’agriculture et la colonisation : l’école doit donner le goût de la terre natale et celui du métier d’agriculteur.
Pour qu’un tel idéal puisse se concrétiser, il fallait multiplier les écoles et assurer un enseignement de qualité. À son arrivée dans le diocèse en 1867, Mgr Langevin avait trouvé trois communautés enseignantes : les Sœurs de la charité de Québec, chargées en plus du soin des malades et des indigents, la Congrégation de Notre-Dame et les Religieuses de Jésus-Marie. Le diocèse comptait à peine 175 écoles primaires. Pour en augmenter le nombre, il fallait trouver du personnel compétent. Devant la quasi-impossibilité de recruter de jeunes diplômés dans les écoles normales de Québec ou de Montréal, Langevin entreprit des démarches auprès du ministère de l’Instruction publique afin d’établir une école normale à Rimouski, mais en vain. Comme solution de rechange, il fonda un institut destiné à former des enseignantes issues du diocèse. Ce dernier devait demeurer une association de laïques bien formées chargées des écoles primaires. Après cinq années d’hésitations et d’observations méticuleuses, Langevin finit par se rendre aux requêtes d’Élisabeth Turgeon, qui n’entrevoyait la persistance de l’œuvre que par le biais d’une communauté religieuse. C’était aussi l’avis du vicaire général Edmond Langevin* qui, par son habileté et sa calme persévérance, sut infléchir les volontés de son frère. Les Sœurs des petites écoles furent fondées en 1875 et devinrent la Congrégation de Notre-Dame du Saint-Rosaire en 1891. Tout au long de son épiscopat, Langevin s’occupa de leur donner ses instructions puisées dans Cours de pédagogie, avant de les voir se répandre en milieu rural, « investies de la mission patriotique de promouvoir l’agriculture ».
Un souci ruraliste analogue animait Mgr Langevin à l’endroit du collège de Rimouski qu’il érigea en séminaire diocésain le 4 novembre 1870. Il en fut supérieur de 1867 à 1882 et de 1883 à 1885. Si les relations avec l’établissement ne furent pas toujours faciles, il faut néanmoins reconnaître l’inlassable dévouement de l’évêque à l’égard de cette maison qui s’installa dans un nouvel édifice en 1876, grâce à une souscription célèbre dite Œuvre du quinze sous. Après l’incendie du 5 avril 1881, Langevin reprit les pénibles démarches pour ressusciter l’établissement de ses cendres. Là comme ailleurs, le pédagogue alliait théorie et pratique ; il recommandait aux étudiants de s’approprier les techniques et le savoir agricoles en occupant leurs loisirs au travail dans la ferme du séminaire, un don de Langevin lui-même.
Bien appuyé par son frère Edmond, Mgr Langevin posa son diocèse sur des bases solides. L’un des facteurs de progrès avait été le développement du réseau routier et surtout la mise en place en 1876 du lien ferroviaire unissant Rivière-du-Loup au Nouveau-Brunswick et à la Nouvelle-Écosse. Toutefois, le travail missionnaire dans cet immense diocèse commençait à peser lourd sur les épaules de Langevin. Le 28 août 1882, il annonçait à ses fidèles la division du diocèse et l’érection de la préfecture apostolique du Golfe-Saint-Laurent. Mgr François-Xavier Bossé prit en charge ces quelque 5 000 personnes, Acadiens et Amérindiens pour la plupart, que l’évêque n’avait pu visiter qu’une seule fois, en 1875.
L’administration de Mgr Langevin a été parfois sévèrement jugée. Ainsi l’historienne Andrée Désilets l’a comparée à « une lutte de vingt-cinq ans pour la réalisation de ses propres volontés dans son diocèse et au sein de l’épiscopat ». Il est vrai que Langevin s’est souvent trouvé engagé dans des luttes et des épreuves de force. Mais celles-ci étaient-elles si exceptionnelles dans le dernier tiers du xixe siècle, où religion et politique étaient si intimement liées ? Certes, il eût été bien difficile pour Langevin de dissimuler sa sympathie à l’égard du parti conservateur, auquel appartenait son frère Hector-Louis*. Dans l’un de ses premiers mandements, il appuya la Confédération qui venait d’être promulguée comme « l’expression de la volonté suprême du Législateur, de l’Autorité légitime, et par conséquent de celle de Dieu même ».
Les solidarités familiales et politiques de Mgr Langevin lui interdisaient d’adhérer au Programme catholique publié le 20 avril 1871 par des ultramontains intransigeants [V. François-Xavier-Anselme Trudel*], qui traduisait bien les préoccupations et les idées de l’évêque de Trois-Rivières, Mgr Louis-François Laflèche. L’amitié de Langevin pour ce dernier, née à l’occasion du Premier Concile du Vatican, en souffrit quelque peu surtout pendant la campagne électorale de 1872, alors qu’une presse soi-disant catholique menaçait de remettre à l’honneur le Programme catholique et les divergences des évêques à son sujet. Langevin dénonça ces journaux qui prétendaient dicter aux catholiques la conduite à tenir en temps d’élection, sans égard aux pasteurs chargés d’appliquer les règles de prudence dans leur diocèse. Cependant, entre les deux évêques qui furent, toutes nuances faites, des ultramontains disciples de Pie IX et des partisans du Syllabus, l’amitié allait renaître, surtout autour de la question de l’abus d’influence.
En 1874, une nouvelle loi électorale fédérale précisait : « Toute personne qui, directement ou indirectement, par elle-même ou par quelque autre, en son nom, emploie ou menace d’employer la force, la violence ou la contrainte, ou inflige ou menace d’ingliger par elle-même ou par l’entremise de tout autre personne quelque lésion, dommage, préjudice ou perte, ou de toute manière que ce soit a recours à l’intimidation contre quelque personne pour induire ou forcer cette personne à voter ou à s’abstenir de voter [...] sera réputée avoir commis l’offense appelée « influence indue ». L’élection provinciale de 1875 dans la circonscription de Bonaventure donna l’occasion à Langevin d’appliquer sa conception théocratique de la société en vertu de laquelle l’Église peut imposer ses candidats politiques, les « bien-pensants », allant jusqu’à s’opposer avec tout le poids de ses armes spirituelles à la volonté populaire. La lutte se préparait entre le conservateur Pierre-Clovis Beauchesne et le libéral John Robinson Hamilton. Mgr Langevin crut bon écrire : « J’apprends qu’un certain marchand protestant pose sa candidature à la Chambre locale pour le comté de Bonaventure. Il me semble que nos intérêts religieux surtout seraient mal placés entre ses mains. Je désire donc que le clergé use de son influence prudemment mais activement, pour engager nos catholiques à ne pas le supporter. » Plusieurs lettres de la même inspiration accompagnèrent la lettre pastorale du 28 mai 1875, dans laquelle l’évêque faisait ses recommandations au moment même où la campagne électorale battait son plein.
Le clergé participa ouvertement à la campagne électorale, de sorte que les journaux libéraux s’en plaignirent. Beauchesne l’emporta par une majorité de 70 voix, mais Hamilton et ses amis décidèrent de contester le résultat de l’élection devant les tribunaux en invoquant l’abus d’influence du clergé. Le juge Louis-Napoléon Casault, professeur de droit à l’université Laval, rendit son jugement le 19 décembre 1876. Il déclara les deux candidats inaptes à siéger pendant sept ans : Hamilton parce qu’il avait payé à boire le jour de l’élection et Beauchesne pour défaut de satisfaire aux conditions de propriété requires et abus d’influence de la part du clergé.
L’affaire Casault-Langevin fut la longue suite des tractations entreprises par Mgr Langevin auprès de Mgr Taschereau, de ses autres collègues dans l’épiscopat, auprès de Rome même, en réaction contre le jugement Casault. Langevin voulait d’abord que Casault « soit privé de sa chaire dans l’intérêt de la jeunesse et pour l’honneur de l’Université ». Ensuite, dans un mandement publié le 15 janvier 1877, il condamnait cinq propositions contenues dans le jugement Casault et déclarait « indignes des sacrements ceux qui soutiendraient ces propositions ou aucune d’elles, jusqu’à ce qu’ils les aient désavouées ». Il aurait bien souhaité recevoir l’adhésion de tous ses collègues dans l’épiscopat ; ceux-ci se montrèrent plutôt tièdes et réticents devant le document, attitude qui fit naître de la déception, voire les soupçons les plus noirs, dans l’esprit de Mgr Langevin, en particulier à l’endroit d’un ancien sympathisant, l’évêque de Sherbrooke, Antoine Racine.
Dans toute cette affaire, la solitude et la déception attendaient Langevin. Rome envoya un délégué, Mgr George Conroy*, qui le 13 octobre 1877 se fit le porte-parole de la Propagande : le juge Casault pouvait conserver sa chaire de droit à l’université. Mgr Conroy fut en outre à l’origine de la lettre pastorale des évêques de la province ecclésiastique de Québec en date du 11 octobre 1877, dans laquelle tout le clergé recevait des instructions précises sur la façon de se comporter en temps d’élections.
Le problème de l’abus d’influence fit, en cette année 1877, une autre victime au sein même de la famille Langevin. En effet, le 22 janvier 1876, Hector-Louis avait été élu dans Charlevoix au terme d’une lutte épique contre Pierre-Alexis Tremblay*. Celui-ci dut sa défaite au rôle du clergé qui n’hésita pas à brandir les menaces de sanctions spirituelles contre les sympathisants libéraux. Tremblay contesta cette élection jusqu’en Cour suprême du Canada, où il obtint gain de cause le 28 février 1877. Le juge Jean-Thomas Taschereau invalida l’élection pour abus d’influence. Hector-Louis estimait que ses liens familiaux lui permettraient d’obtenir la bienveillance du clergé s’il se présentait dans la circonscription de Rimouski aux élections générales de septembre 1878. Mal lui en prit, car il fut vaincu par le liberal Jean-Baptiste-Romuald Fiset. Pour expliquer cette défaite, on a évoqué « l’impopularité de Mgr Langevin qui soulevait les préjugés contre son frère Hector ».
Langevin avait un caractère difficile. Un ecclésiastique de son entourage l’a même désigné comme « le Dieu du tonnerre ». Selon Andrée Désilets, il était « le type de l’évêque autoritaire, d’une autorité absolue et sans appel, ambitieux, méticuleux, capable même d’agressivité, d’injustice et de tyrannie ». Nive Voisine a qualifié ce portrait de « cruel mais réaliste ». Pour compléter l’image de ce personnage, fait de contrastes, on peut ajouter l’appréciation de Gérald Garon : « Mgr Langevin a [...] laissé le souvenir d’un homme à la fois dur et tendre, violent et doux, fier et humble, aimé et redouté, comblé de louanges et dénigré, généreux et avare, généralement respectueux mais parfois impertinent, idéaliste et réaliste, artiste et scientifique. »
La spiritualité de Langevin s’alimentait à l’école de saint Ignace. Elle se caractérisait par un contenu volontariste, actif, énergique et intransigeant, tendu vers une action précise et efficace, « appuyée sur la conviction que l’éducateur tient en main la destinée du peuple ». Voilà, le tempérament mis à part, la profonde différence entre Langevin et son frère Edmond, ce tertiaire dont la spiritualité s’inspirait plutôt de celle d’un François d’Assise, volontiers souriant dans l’accueil et patient dans l’écoute. Peut-être peut-on se rallier autour du souvenir qu’a laissé Langevin dans la mémoire d’un ancien du séminaire de Rimouski : « il était un homme d’autorité. Il était évêque, et voulait que ceux qui traitaient avec lui le sachent. Mais s’il aimait à gourmander prêtres, séminaristes et élèves, s’il trouvait mal que l’on toussât, lorsque l’évêque parlait, il avait une bonté de cœur que rien ne put jamais surpasser. »
Langevin vécut les trois dernières années de sa vie dans l’affliction. Avec la mort de son frère Edmond, le 2 juin 1889, il perdit son vicaire général, mais peut-être davantage cet indispensable appui qui lui avait permis de traverser un règne souvent tumultueux, toujours difficile. À partir de ce moment, son mauvais état de santé physique et moral ne lui permit pas de faire face avec force et lucidité à la montagne de problèmes qui s’étaient accumulés tout au long de son administration. Selon les mots mêmes de son coadjuteur André-Albert Blais, c’est dans un « état de souffrance générale » que se trouvait alors le diocèse de Rimouski.
Concrètement, cela signifiait que, si le clergé du diocèse, dans son ensemble, comptait de bons et fidèles serviteurs de l’Église, on trouvait malheureusement trop de sujets sans vocation ou dont l’intelligence, la science et la valeur morale étaient bien faibles. Sur le plan administratif, Langevin avait accordé trop de liberté à des hommes sans expérience ou trop prodigues. Le séminaire, en particulier, se trouvait dans un « véritable état d’insolvabilité ». Mis en face de ces problèmes, Langevin répondait inlassablement : « Cela me regarde. Je suis évêque et je n’aime point qu’on empiète sur mes pouvoirs et sur mes droits. Vous me causez de l’ennui. »
Mis au courant de la situation, le préfet de la Propagande pria le cardinal Taschereau de conseiller à Mgr Jean Langevin d’abandonner ses fonctions épiscopales. Le 12 décembre 1890, ce dernier écrivait au cardinal : « Si le Saint-Père désire me voir donner ma démission de ma charge pastorale entre ses mains, je suis prêt à me conformer à ses intentions sans aucunement hésiter, moyennant une pension convenable. La volonté du Pape me sera toujours sacrée et je serai heureux de pouvoir déposer ce lourd fardeau à ses pieds, après vingt-quatre années d’administration diocésaine. » En février 1891, Mgr Blais succédait à Langevin, qui démissionna et reçut le titre honorifique d’archevêque de Leontopolis in partibus infidelium. Il mourut le 26 janvier 1892.
Jean Langevin est l’auteur de : Traité élémentaire de calcul différentiel et de calcul intégral (Québec, 1848) ; l’Histoire du Canada en tableaux [...] (Québec, 1860 ; 2e éd., 1865 ; 3e éd., 1869) ; Notes sur les archives de Notre-Dame de Beauport (Québec, 1860) ; Réponses aux programmes de pédagogie et d’agriculture pour les diplômes d’école élémentaire et d’école modèle (Québec, 1862 ; 2e éd., 1864), ouvrage qui parut aussi en anglais sous le titre de Answers to the programmes on teaching & agriculture, for elementary school, model school and academy diplomas (Québec, 1864) ; Cours de pédagogie ou Principes d’éducation (Rimouski, Québec, 1869) ; Mandements, lettres pastorales, circulaires de Mgr Jean Langevin, et statuts synodaux du diocèse de Saint-Germain de Rimouski (2 vol., Rimouski, 1878–1889).
Mgr Langevin a laissé plus de 10 000 lettres et documents divers répartis surtout entre les arch. de l’archevêché de Rimouski et les ANQ-Q. Les ASQ sont intéressantes aussi pour traiter du rôle de Langevin comme éducateur. Enfin les Archivio della Propaganda Fide (Rome), Scritturi riferite nei Congressi, America settentrionale, 32, demeurent l’unique source d’information concernant la démission de Mgr Langevin.
ANQ-Q, CE1-1, 23 sept. 1821.— Le Messager de Sainte-Anne de la Pointe au Père (Rimouski), 10 (1892), no 10.— Album des anciens du Séminaire de Rimouski (Rimouski, 1940).— Jacqueline Alary, Une congrégation se définit (Rimouski, 1967).— Jules Bélanger et al., Histoire de la Gaspésie (Montréal, 1981).— Noël Bélanger, « Une introduction au problème de l’influence indue, illustrée par la contestation de l’élection de 1876 dans le comté de Charlevoix » (thèse de licence, univ. Laval, 1960).— Béatrice Chassé, « l’Affaire Casault-Langevin » (thèse de m.a., univ. Laval, 1965).— Désilets, Hector-Louis Langevin.— Gérald Garon, « la Pensée socioéconomique de Mgr Jean Langevin » (thèse de m.a., univ. de Sherbrooke, Sherbrooke, Québec, 1977).— Mosaïque rimouskoise, une histoire de Rimouski sous la dir. de M.-A. Caron et al. (Rimouski, 1979).— Séminaire de Rimouski, fêtes de cinquantenaire les 22 et 23 juin 1920 (Rimouski, 1920).— Voisine, Louis-François Laflèche.— Nive Voisine et al., Histoire de l’Église catholique au Québec, 1608–1970 (Montréal, 1971).— Léo Bérubé, « Histoire religieuse du diocèse de Rimouski », SCHEC Sessions d’études, 34 (1967) : 67–74.— Nive Voisine, « la Correspondance Langevin–Laflèche », SCHEC Sessions d’études, 34 : 79–86 ; « Il y a cent ans... une bénédiction difficile », Rev. d’hist. du Bas Saint-Laurent (Rimouski), 3 (1976–1977) : 12–16.
Noël Bélanger, « LANGEVIN, JEAN (baptisé Jean-Pierre-François-Laforce) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/langevin_jean_12F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/langevin_jean_12F.html |
Auteur de l'article: | Noël Bélanger |
Titre de l'article: | LANGEVIN, JEAN (baptisé Jean-Pierre-François-Laforce) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 4 déc. 2024 |