MARKS, THOMAS, homme d’affaires et homme politique, né le 21 juin 1834 à Kilfinnane (république d’Irlande), fils de Samuel Marks et d’une prénommée Mary ; le 28 juillet 1875, il épousa à Sault-Sainte-Marie (Sault Ste Marie, Ontario) Agnes Jane Buchanan, et ils eurent un fils et trois filles dont seule l’aînée, Mary Norah, vécut au delà de l’enfance ; décédé le 9 juillet 1900 à Toronto.

La famille de Thomas Marks immigra dans le Haut-Canada au cours des années 1840 et s’établit d’abord près de Bytown (Ottawa) puis dans le district d’Algoma. En 1857, le jeune Thomas possédait une expérience des affaires et des capitaux suffisants pour établir, à Bruce Mines, un magasin général avec son frère aîné, George. La Thomas Marks and Brother ouvrit en 1868 une succursale à Landing, qui devint peu de temps après Prince Arthur’s Landing, puis Port Arthur (Thunder Bay) ; en 1871, elle en ouvrit une autre à Sault-Sainte-Marie. Dix ans plus tard, à la suite de la dissolution de cette société, naissait la Thomas Marks and Company. Entre-temps, Marks était devenu l’un de ceux qui s’employaient le plus énergiquement à faire de Prince Arthur’s Landing un port et un centre de transbordement.

Marks avait élu domicile à cet endroit en 1872, convaincu que cet emplacement urbain, récemment arpenté, offrait de bonnes perspectives d’avenir à titre de terminus, sur le lac Supérieur, du tronçon ouest du futur chemin de fer transcontinental du Canada. Cependant, en 1875, le gouvernement libéral fédéral jugea préférable d’opter pour une nouvelle localité sise au bord d’une rivière voisine, la Kaministikwia, soit Fort William (Thunder Bay). La construction de la ligne qui devait se rendre jusqu’au Manitoba commença immédiatement. Auparavant, Marks, qui était conservateur, s’était allié à des groupes libéraux pour faire pression contre la localisation du terminus dans la baie Nipigon. Cette fois, il réunit ses associés, dont ses neveux George Thomas Marks* et les frères Wiley, en un groupe familial qui prendrait en main le développement de Prince Arthur’s Landing. En 1875, il entama un mandat de neuf ans à titre de président du conseil de la municipalité de Shuniah, fonda le premier journal de la région composé à la linotype, le Thunder Bay Sentinel, sous la direction de Michael Hagan, et lança la construction d’un chemin de fer de six milles, le Prince Arthur’s Landing and Kaministiquia Railway. La célèbre rivalité entre Port Arthur et Fort William commençait.

En 1877, la liaison des voies du chemin de fer local à celles du chemin de fer canadien du Pacifique permit à Marks d’assurer, par rail, l’approvisionnement des équipes de construction qui travaillaient le long de la ligne. Lorsque l’on adjugea d’autres marchés, au début de 1879, il s’associa à la Purcell and Company (Patrick Purcell, John Ginty et Hugh Ryan), qui construisait la « section A », d’une longueur de 118 milles, entre les rivières English et Eagle. Le gouvernement fédéral conservateur acheta en 1881 ce que le Sentinel appelait « notre petit chemin de fer à nous », c’est-à-dire le Prince Arthur’s Landing and Kaministiquia Railway ; l’emplacement du terminus semblait donc assuré. Bientôt, la Thunder Bay Dock, Forwarding and Elevator Company, fondée par Marks l’année suivante, occupa les meilleures installations sur les quais.

En 1883, la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique devint finalement propriétaire de la ligne gouvernementale vers le Manitoba. L’année suivante, Prince Arthur’s Landing fut érigé en municipalité sous le nom de Port Arthur. Marks, membre influent de la congrégation anglicane et du milieu des affaires de l’endroit, en devint le premier maire. Il s’occupait d’entreprises nombreuses, dont la Northern Hotel Company, constituée juridiquement en 1885, l’Algonquin, vapeur de construction écossaise, et l’élévateur de conditionnement, propriété de la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique, que la Marks, King and Company loua dans les années 1890 et qui, contrairement aux élévateurs plus rudimentaires (de simples silos), nettoyait et asséchait le grain. En outre, Marks était président de la compagnie Thunder Bay Colonization Railway, constituée juridiquement en 1883 et rebaptisée quatre ans plus tard Port Arthur, Duluth and Western Railway.

En 1890, à la stupéfaction du milieu des affaires de Port Arthur, la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique choisit Fort William comme terminus et point d’embranchement [V. John McKellar]. Ne se tenant pas pour battu, Marks entreprit d’exploiter un bac, le vapeur Mocking Bird, en attendant une décision qui devait déterminer si on allait relier les deux centres par son vapeur et son chemin de fer, ou par tramway électrique. Cette dernière solution l’emporta.

En 1900, William Mackenzie* et Donald Mann* achetèrent le Port Arthur, Duluth and Western Railway, qui leur donnait accès au port de la baie Thunder. Port Arthur devint finalement un terminus au début de 1902 quand ils eurent terminé la construction du Canadian Northern Railway, qui menait à Winnipeg. Marks était mort 18 mois auparavant d’une insuffisance rénale dans un hôpital de Toronto.

Thomas Marks ne fit qu’une brève apparition sur la scène canadienne, à l’époque de l’aménagement du corridor de transport entre les Prairies et l’Est industriel. Sur le plan régional, cependant, il joua un rôle déterminant et compte parmi les fondateurs de Port Arthur et du port de la baie Thunder.

Elinor Barr

AN, MG 26, A : 217529–217531 ; RG 31, C1, 1871, Bruce Mines : 23 ; RG 43, AI, 2, 330, file 4839.— AO, MU 2004 ; RG 22, sér. 380, n° 160.— Bibliothèque nationale du Canada (Ottawa), « Canadian Pacific Railway, returns, 1879–1884 ».— Bruce Mines Museum (Bruce Mines, Ontario), Customs port reg., 1856, 1858.— City of Thunder Bay Records Centre and Arch. (Thunder Bay, Ontario), Town of Port Arthur [Thunder Bay], council minutes.— Lakehead Univ. Library Arch. (Thunder Bay), MG 5, n° 51(Flatt coll.), accord du 16 mars 1892.— St John the Evangelist Church (Thunder Bay), Reg. of baptisms, mariages, and burials, book 1 : 48, 58.— Shuniah Municipal Office (Thunder Bay), Shuniah Township, council minutes, 1873–1890.— Thunder Bay Hist. Museum Soc., File information on the Marks family ; Marks Store records, 1868–1896 ; portrait of Thomas Marks.— Canada, Parl., Doc. de la session, 1879, n° 186.— Ontario, Statutes, 1891, chap. 93.— Walpole Roland, Algoma West, its mines, scenery, and industrial resources (Toronto, 1887), 13.— Thunder Bay district, 1821–1892 : a collection of documents, introd. de [M.] E. Arthur, édit. (Toronto, 1973).— Daily Sentinel (Prince Arthur’s Landing, plus tard Port Arthur), 1882–1893.— Daily Times-Journal (Fort William [Thunder Bay]), 1893–1900, particulièrement 10 juill. 1900.— Fort William Journal, 1887–1899.— Weekly Herald and Algoma Miner (Port Arthur), 1882–1899.— Weekly Sentinel (Port Arthur), 1875–1895.— J. P. Bertrand, Highway of destiny ; an epic story of Canadian development (New York, 1959).— G. B. Macgillivray, A history of Fort William and Port Arthur newspapers from 1875 (Fort William, 1968).

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Elinor Barr, « MARKS, THOMAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 5 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/marks_thomas_12F.html.

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Auteur de l'article:    Elinor Barr
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
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