CARRUTHERS, WALLACE BRUCE MATTHEWS, officier de milice, né le 13 février 1863 à Kingston, Haut-Canada, benjamin des six enfants de John Carruthers et de Mary Matthews ; en 1901, il épousa dans cette ville Henrietta MacPherson (décédée en 1905), et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé au même endroit le 21 octobre 1910.

Le père de Bruce Carruthers, immigrant écossais, se tailla une place confortable à Kingston en tant qu’épicier. Généreux bienfaiteur du Queen’s College et de l’église presbytérienne Chalmers, il soutenait aussi le Royal Military College of Canada. C’est là que Bruce, qui partageait les intérêts de son père, fit ses études supérieures. Diplômé en 1883, il obtint une commission de lieutenant dans le 21st Hussars de l’armée britannique, servit quatre ans en Irlande, puis démissionna. De retour à Kingston, il devint lieutenant, puis capitaine dans le 14th Battalion of Rifles. En octobre 1899, comme il voulait participer à la guerre des Boers, il s’enrôla comme sergent dans le 2nd (Special Service) Battalion du Royal Canadian Regiment of Infantry. Pendant l’année qu’il passa en Afrique du Sud, il prit part à la bataille de Paardeberg ainsi qu’aux affrontements qui menèrent à la prise de Pretoria.

Revenu au Canada en novembre 1900, Carruthers se porta de nouveau volontaire dans le 2nd Regiment des Canadian Mounted Rifles à titre de lieutenant. La bataille de Boschbult marqua le point culminant de sa deuxième affectation en Afrique du Sud. Le 31 mars 1902, un commando de Boers attaqua l’unité britannique dans laquelle se trouvait son régiment. Lui-même et 30 hommes parvinrent à former, avec d’autres, un rideau derrière lequel le gros des forces commença à se retrancher. Puis, un mouvement de repli anéantit cette protection et Carruthers, avec 20 Canadiens, fut séparé du détachement. Ils combattirent contre un ennemi très supérieur en nombre jusqu’à ce que 17 d’entre eux aient été tués ou blessés et que les munitions soient épuisées. Le Standard de Londres rapporta que l’uniforme de Carruthers était « criblé de balles ». Le secrétaire d’État aux Colonies, Joseph Chamberlain, envoya des félicitations au gouvernement du Canada, et Carruthers fut promu capitaine.

Pendant la guerre des Boers, on avait abondamment fait appel à l’héliographe, au sémaphore, aux fanions et aux lampes pour la signalisation tactique, et Carruthers avait compris à quel point il était nécessaire de former une unité qui enseignerait le maniement convenable de cet équipement. Après son retour au Canada en juillet 1902, il présenta une communication sur la signalisation au Royal Military College Club et exerça de fortes pressions en faveur de la création d’un service des transmissions. Apparemment, il entreprit aussi une campagne afin de convaincre l’état-major de la milice des avantages de cette initiative. L’officier commandant de la milice, lord Dundonald [Cochrane*], qui voulait lancer un programme de modernisation, l’appuya. Le 24 octobre 1903, un service indépendant de transmissions fut formé en vertu d’un ordre général. C’était le premier service de ce genre dans tout l’Empire britannique et l’ancêtre de l’actuel Corps royal canadien des transmissions. Affecté le 3 février 1904 à l’un des deux postes d’inspecteur des transmissions avec le grade de major, Carruthers installa son quartier général à Kingston. Il relevait du Conseil de la milice et devait superviser la formation théorique et pratique en matière de transmissions, et procéder à l’inspection des signaleurs et de leur équipement. L’entraînement commença pour de bon en 1905 aux camps d’été de la milice et dans des écoles temporaires établies dans huit villes. En l’espace de quelques années, plusieurs centaines de miliciens se qualifièrent comme signaleurs, et dans son rapport de 1908, le Conseil de la milice loua « le haut niveau d’efficacité atteint par ce service et la qualité de la formation donnée par ses membres à la milice ». Cette année-là, en grande partie grâce à Carruthers, le service comptait 13 sections, réparties dans tout le pays, et formait une solide unité indépendante. Depuis la réorganisation du service qui avait eu lieu le 20 mars 1906, il en était l’officier commandant avec le titre de sous-adjudant général des transmissions.

Carruthers était un personnage en vue à Kingston. Membre du conseil d’administration de la Queen’s College School of Mining et du Kingston General Hospital, il appartenait à la St Andrew’s Society et au Kingston Yacht Club. De 1890 à 1904, il fut l’un des plus éminents libéraux de la ville en qualité de président du Young Liberals Club et de membre de la Reform Association of Kingston. Joueur de football enthousiaste pendant ses années d’études, il devint vice-président de l’Ontario Rugby Football Union lorsqu’elle naquit en 1883. En 1904, il fut président du Royal Military College Club.

Bien qu’il ait souffert de tuberculose, Wallace Bruce Matthews Carruthers ne cessa ses activités que deux semaines avant sa mort. On lui fit d’imposantes funérailles militaires à l’église presbytérienne Chalmers, et il fut inhumé au Cataraqui Cemetery.

Graeme S. Mount

Des détails généalogiques ont été fournis à l’auteur par Peter Beeman, de Kingston, Ontario, descendant du frère du sujet, John Bell Carruthers.  [g. s. m.]

AN, RG 38, 17.— AO, RG 80-5, no 1901-207250.— Chalmers United Church (Kingston), dossier concernant W. B. M. Carruthers.— Daily British Whig, 22, 24 oct. 1910.— H. G. Hart, The new annual army list [...] (Londres), 1885, 1888.— History of the Royal Canadian Corps of Signals, 1903–1961, J. S. Moir, édit. (Ottawa, 1962).— R. A. Preston, Canada’s RMC : a history of the Royal Military College (Toronto, 1969).

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Graeme S. Mount, « CARRUTHERS, WALLACE BRUCE MATTHEWS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 5 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/carruthers_wallace_bruce_matthews_13F.html.

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Auteur de l'article:    Graeme S. Mount
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
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