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HARRINGTON, BERNARD JAMES, minéralogiste, professeur, fonctionnaire et auteur, né le 4 août 1848 à St Andrews (Saint-André-Est, Québec), fils de William Harrington, marchand, et de Laura Seymour ; le 7 juin 1876, il épousa à Montréal Anna Lois Dawson, fille aînée de John William Dawson*, et ils eurent quatre fils et cinq filles ; décédé le 29 novembre 1907 dans la même ville et inhumé au cimetière du Mont-Royal le 2 décembre suivant.
L’arrière-grand-père de Bernard James Harrington, John Harrington, exerça le métier de constructeur de moulins au Massachusetts avant d’émigrer au Bas-Canada en 1802. Il s’installa dans le village de St Andrews, dans le comté d’Argenteuil. De 1803 à 1805, notamment avec des hommes d’affaires américains, il contribua à la mise sur pied de la première usine de papier au Canada. Ses revenus permirent bientôt à la famille Harrington d’acheter un imposant manoir situé près du village de St Andrews où naquit William, le père de Bernard James.
Affligé très jeune de problèmes de la vue, Bernard James Harrington passa peu de temps à l’école et c’est sous la direction de professeurs privés qu’il acheva ses études primaires. En 1865, il entra au McGill College, où, quatre ans plus tard, il termina avec distinction un baccalauréat en sciences naturelles. En 1871, il obtint un doctorat en minéralogie, encore avec distinction, de la Sheffield Scientific School du Yale College, à New Haven, au Connecticut. Il fut, croit-on, le premier Canadien à recevoir un doctorat de cette maison d’enseignement. Sa thèse portait sur le procédé Siemens-Martin de fabrication de l’acier.
En 1871, peu après son retour au Canada, Harrington assista le directeur du McGill College, John William Dawson, son futur beau-père, dans ses recherches à l’Île-du-Prince-Édouard. Ensemble, ils étudièrent les ressources économiques de l’île et évaluèrent les possibilités d’y trouver du charbon. Au mois de février de la même année, le McGill College lança un appel urgent en faveur d’un meilleur financement de l’enseignement des sciences : on craignait de perdre des étudiants au profit de la University of Toronto. Des souscripteurs, notamment John Henry Robinson Molson et Peter Redpath, promirent chacun 400 $ pendant cinq ans pour assurer le salaire d’un professeur. Harrington se vit offrir un poste d’enseignant au tout nouveau département des sciences pratiques, qui devint peu après le département des sciences appliquées. Il enseigna tout d’abord la chimie, la minéralogie et l’essai des minéraux. Le collège n’ayant pas d’argent pour l’enseignement de la métallurgie, Harrington se rendit dans les îles Britanniques au cours de l’été, afin de visiter des fonderies dans les principaux centres miniers et manufacturiers. Il enseigna ensuite cette matière pendant plusieurs années. De retour à Montréal, il fut nommé en 1872 chimiste et minéralogiste à la Commission géologique du Canada, succédant ainsi à Thomas Sterry Hunt*. La commission avait alors ses bureaux à Montréal et, pendant sept ans, Harrington cumula les deux postes. En 1879, ses obligations de plus en plus lourdes au collège l’obligèrent à démissionner de la commission. En 1883, il fut nommé professeur de la chaire de chimie et minéralogie David Greenshields. Une fois de plus, il cumula deux postes, mais il cessa d’enseigner la minéralogie et la métallurgie en 1891. Au cours de sa carrière, il fut aussi président de la Société d’histoire naturelle de Montréal, président de la section chimie et physique de la Société royale du Canada en 1890 et vice-président, section chimie, de la British Association for the Advancement of Science à la réunion de Toronto en 1897. Ses principales préoccupations scientifiques se rattachaient à la chimie inorganique et à la minéralogie. Il fut le premier homme de science canadien à s’intéresser à la pétrographie et à y apporter une contribution scientifique importante.
Avec neuf enfants, la situation financière familiale de Harrington s’avéra parfois difficile. Même si sa femme, qui n’avait pas beaucoup de temps pour exercer ses talents artistiques, affirmait volontiers qu’il était plus important de meubler l’esprit que la maison, Harrington ne négligeait pas les revenus supplémentaires. Des organismes extérieurs, canadiens ou américains, firent régulièrement appel à lui pour évaluer, par exemple, le potentiel de mines de cuivre. Peu avant sa mort, Harrington vendit sa collection personnelle de minéraux à James Douglas, autorité reconnue en métallurgie, qui l’acheta au prix de 3 000 $ et la remit à la McGill University.
Au cours de ses nombreuses années d’enseignement à la McGill University, Bernard James Harrington forma plusieurs générations d’étudiants. Certains d’entre eux occupèrent des postes de direction au Canada et aux États-Unis dans le domaine minier. Chaleureux et dévoué, toujours prêt à assumer une nouvelle tâche, il ne comptait pas son temps et il fut un professeur très apprécié. Harrington participa à l’élaboration des plans du Macdonald Chemistry Building, inauguré en 1898, qu’il dirigea avec fierté jusqu’à sa mort en 1907. Ses moments de loisir, il les consacra au jardinage, à la menuiserie et surtout à la musique, pour laquelle il avait un réel talent. Il participa à la production du Mc Gill College Song Book de 1885, à titre d’éditeur et de compositeur. L’une de ses compositions, Harrington march, est longtemps restée célèbre dans son village natal.
Il existe un portrait de Bernard James Harrington exécuté par Robert Harris* et conservé à la McGill Univ., Macdonald Chemistry Building (Montréal) ; trois albums de photos de famille et deux photos encadrées de Harrington et de sa femme, Anna Lois Dawson, sont en la possession de son petit-fils, Conrad H. Harrington, de Westmount, Québec.
Harrington est l’auteur de Life of Sir William E. Logan, Kt., LL.D., F.R.S., F.G.S., &c., first director of the Geological Survey of Canada [...] (Montréal, 1883) et de plusieurs rapports publiés dans des revues scientifiques ou en tirés à part ; pour une liste de ces publications, on consultera : Geologic literature on North America, 1785–1918, J. M. Nickles, compil. (2 vol., Washington, 1923–1924), 1 : 456s., et le Répertoire de l’ICMH.
Les MUA conservent ses papiers, couvrant la période 1871 à 1903 : dans la coll. Dawson-Harrington (MG 1022) ; des documents du département de chimie (RG 32, c.67 ; c.70–c.75) ; et une biographie rédigée par des membres de sa famille (HARB 992, My Father, B. J. Harrington).
AC, Montréal, État civil, Congrégationalistes, Emmanuel Congregational Church (Montréal), 2 déc. 1907.— ANQ-M, CE1-120, 7 juin 1876 ; CE1-115, 18 sept. 1848.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— S. B. Frost, McGill University : for the advancement of learning (2 vol., Montréal, 1980–1984), 1 : 226, 274 ; 2 : 34–39.— J. F. Snell, Macdonald College of McGill University : a history from 1904–1955 (Montréal, 1963).— SRC Mémoires, 3e sér., 2 (1908), proc. : xxiv–xxvi (notice nécrologique de B. J. Harrington, ainsi qu’un portrait en regard de la p. xxiv).— B. N. Wales, Memories of old St. Andrews and historical sketches of the seigniory of Argenteuil (Lachute, Québec, 1934).
Danielle Ouellet, « HARRINGTON, BERNARD JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 11 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/harrington_bernard_james_13F.html.
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Auteur de l'article: | Danielle Ouellet |
Titre de l'article: | HARRINGTON, BERNARD JAMES |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
Date de consultation: | 11 nov. 2024 |