LITTLE, sir JOSEPH IGNATIUS, avocat, homme politique et juge, né en 1835 à Charlottetown, benjamin des fils de Cornelius Little et de Brigid Costin ; décédé célibataire le 14 juillet 1902 à St John’s.

Quand Joseph Ignatius Little quitta l’Île-du-Prince-Édouard pour St John’s, en 1851, c’était afin de rejoindre deux de ses frères qui y tenaient un prospère cabinet d’avocats. L’un d’entre eux, Philip Francis Little* amorçait alors, à la tête du Parti libéral et de la campagne en faveur du gouvernement responsable, une brève mais importante carrière politique. Joseph fit son stage de droit et accéda au barreau en 1859.

Peu après, le cabinet d’avocats des Little se dissocia. Philip Francis était devenu juge en 1858 ; dix ans plus tard, il allait s’installer en Irlande. John, l’autre frère de Joseph qui habitait St John’s, mourut en 1864. Joseph s’associa alors à Robert John Kent* en 1870. Déjà, il avait suivi les traces de son frère Philip Francis en entrant en politique : en 1867, il avait été élu député de la circonscription de Harbour Main dans une élection complémentaire. Sa victoire renforça l’opposition libérale, affaiblie depuis que, deux ans plus tôt, John Kent* de même que Ambrose et Edward Dalton* Shea avaient décidé de se joindre au gouvernement confédérateur de Frederic Bowker Terrington Carter*. Farouchement opposé à l’entrée de Terre-Neuve dans la Confédération, Little favorisait plutôt l’annexion aux États-Unis. Il participa à la campagne contre la Confédération et reçut en récompense le poste de procureur général dans le gouvernement anticonfédérateur de Charles James Fox Bennett*, qui entra en fonction en 1870.

Au cabinet, Little s’imposa comme chef du Parti libéral, qui passa dans l’opposition après la désagrégation du gouvernement Bennett en 1874. Toutefois, ce parti n’avait plus de cause à défendre, car il avait atteint tous ses grands objectifs. Formé dans les années 1830 pour revendiquer la réforme politique et défendre les droits des catholiques, il avait joué un rôle dans l’avènement du gouvernement responsable, la défaite de la Confédération, l’instauration des écoles confessionnelles et l’acceptation du principe selon lequel les confessions religieuses devaient se partager le pouvoir et les places. Dans les années 1870, les libéraux penchèrent de plus en plus pour la politique généralement progressiste des conservateurs, et Little se révéla réticent à doter son parti d’un programme nouveau et original, ou incapable de le faire. Les deux partis conclurent officiellement une alliance à la veille des élections générales de 1882.

Les dirigeants du Parti libéral, du moins, tirèrent des profits tangibles de cette bonne entente. Le cabinet d’avocats de Little et Kent représentait la Newfoundland Railway Company, qui lança ses travaux en 1881. Kent devint président de la Chambre. Little entra en décembre 1882 au gouvernement conservateur de sir William Vallance Whiteway à titre de ministre sans portefeuille. En novembre 1883, il accéda à la Cour suprême. Lorsque Carter prit sa retraite, en 1898, on lui confia la charge de juge en chef – à la condition, disait la rumeur, qu’il se retire en faveur de sir James Spearman Winter* quand celui-ci quitterait le poste de premier ministre. Quoi qu’il en soit, ce plan ne fut pas exécuté : Little mourut en fonction quatre ans après sa promotion. Il était chevalier depuis 1901.

Fervent catholique et célibataire, sir Joseph Ignatius Little mena, semble-t-il, une existence irréprochable dans l’ombre des grands personnages de la scène politique terre-neuvienne. Il fut toutefois assez réaliste pour comprendre que le Parti libéral que son frère avait dirigé était devenu inutile. Aussi – ironiquement peut-être – contribua-t-il à la sécularisation de la vie publique à Terre-Neuve.

James K. Hiller

Supreme Court of Newfoundland (St John’s), Registry, probate records for J. I. Little.— Daily News (St John’s), 14–15, 24 juill. 1902.— Newfoundlander, 11 févr. 1868.— Patriot and Terra-Nova Herald (St John’s), 9 déc. 1867.— Telegraph (St John’s), 18 déc. 1867.— Times and General Commercial Gazette (St John’s), 23 nov. 1867.— Hiller, « Hist. of Nfld ».— J. A. O’Reilly, « Sir Joseph Ignatius Little, late chief justice of Newfoundland », Nfld Quarterly, 2 (1902–1903), no 2 : 14–16.

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James K. Hiller, « LITTLE, sir JOSEPH IGNATIUS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 9 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/little_joseph_ignatius_13F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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