Titre original :  Hugh Sutherland. From: Representative men of Manitoba : history in portraiture; a gallery of men, whose energy, ability, enterprise and public spirit have produced the marvellous record of the Prairie Province, 1902.

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SUTHERLAND, HUGH McKAY, entrepreneur forestier, fonctionnaire, homme politique et agent de développement ferroviaire, né le 22 février 1843 à New London, Île-du-Prince-Édouard, fils de Donald Sutherland et d’une prénommée Euphemia ; le 10 février 1864, il épousa Mary Dickie (décédée en 1875), de Brantford, Haut-Canada, puis, le 10 décembre 1878, May Banks, de Baltimore, Maryland, et finalement le 3 septembre 1921, à Winnipeg, Constance Margaret Denholm (décédée en 1925) ; deux filles lui survécurent ; décédé le 14 août 1926 à Croydon (Londres) et inhumé à Winnipeg.

Hugh McKay Sutherland fréquenta l’école dans le comté d’Oxford, car sa famille s’était installée en 1849 dans cette région du Haut-Canada. Par la suite, il travailla comme teneur de livres à Ingersoll pour l’entrepreneur forestier et homme politique libéral Adam Oliver*. En 1867, avec Oliver et William Cairns Bell, il s’associa à l’Adam Oliver Company. L’année suivante, l’entreprise ouvrit un atelier de rabotage et un parc à bois à Orillia. Un incendie ravagea ces installations en 1871 et l’entreprise fut dissoute, mais Sutherland resta dans le commerce du bois à Orillia. Dès 1875, il possédait une scierie dans cette localité.

Au cours de ses années à Ingersoll, Sutherland s’était vivement intéressé à la politique libérale locale. La victoire des libéraux d’Alexander Mackenzie* aux élections fédérales de 1874 lui permit d’être nommé surintendant des Travaux publics dans les Territoires du Nord-Ouest. Il exercerait cette fonction jusqu’à la défaite des libéraux en 1878. Aux élections générales de 1875 en Ontario, donc pendant son séjour dans l’Ouest, il fut candidat libéral dans la circonscription de Simcoe East, mais il perdit.

Grâce à son passage dans la fonction publique, Sutherland acquit une connaissance incomparable des richesses naturelles de l’Ouest et put se faire une excellente idée de ce que leur exploitation nécessitait en fait de moyens de transport. Installé à demeure à Winnipeg en 1878, il devint un promoteur exceptionnellement enthousiaste de l’Ouest canadien et participa au début des années 1880 à la formation de plusieurs entreprises dans le secteur des mines, de la propriété foncière et de la navigation. Ses réussites les plus spectaculaires, quoique brèves, survinrent dans le commerce du bois d’œuvre. En 1881–1882, la mise en chantier du chemin de fer canadien du Pacifique (CP) déclencha un boom immobilier et résidentiel qui créa à Winnipeg une énorme demande de bois d’œuvre. Sutherland obtint plusieurs concessions forestières, puis bâtit ce qui était, dit-on, la première grande scierie de Winnipeg (d’une capacité quotidienne de 40 000 pieds-planches) et une autre à Rat Portage (Kenora, Ontario). En 1882, sa meilleure année, il employait 300 hommes et avait obtenu depuis peu une concession forestière de 64 000 acres contenant du bois de pin de première qualité. Toutefois, l’essor phénoménal de Winnipeg cessa subitement en 1883, ce qui nuisit beaucoup à son entreprise forestière. En 1882, à l’apogée de sa carrière d’homme d’affaires, il avait été élu député de la circonscription de Selkirk à la Chambre des communes à la suite d’une campagne contre Stewart Mulvey*, mais il perdit son siège au profit de William Bain Scarth* en 1887, au moment où ses affaires allaient très mal. Au Parlement, il avait défendu avec ferveur les intérêts du Manitoba et de l’Ouest canadien, en dénonçant souvent les mesures fédérales qui, selon lui, retardaient le développement de ces régions.

Au début des années 1880, Sutherland avait aussi promu plusieurs sociétés ferroviaires. La première était la Compagnie du chemin de fer de colonisation du sud-ouest du Manitoba, constituée juridiquement en 1879 en vue de deux objectifs. Selon ses plans originaux, le CP devait traverser Selkirk sans passer par Winnipeg. Le chemin de fer de colonisation du sud-ouest du Manitoba, qui pourrait être relié au Northern Pacific Railroad aux États-Unis, devait desservir Winnipeg. Le deuxième objectif était d’exploiter les gisements houillers de Souris, découverts, semble-t-il, par Sutherland. Le CP fit l’acquisition du chemin de fer de colonisation du sud-ouest du Manitoba en 1884, modifia le trajet de sa propre ligne principale pour qu’elle passe par Winnipeg et aida à mettre en valeur les gisements houillers. Ainsi, les deux objectifs furent atteints.

Le second projet ferroviaire de Sutherland consistait à construire une ligne de Winnipeg vers le nord jusqu’à un port de la baie d’Hudson. Sous son autorité, la Winnipeg and Hudson’s Bay Railway and Steamship Company fut constituée juridiquement en 1880, mais elle se trouva tout de suite en concurrence avec la Compagnie de chemin de fer et de transport de la vallée de la Nelson, constituée la même année. Après quelques tiraillements, les deux sociétés fusionnèrent en 1883 sous la direction de Sutherland. On construisit les 40 premiers milles du chemin de fer en 1886, mais un scandale financier impliquant le trésorier de la province, Alphonse-Alfred-Clément La Rivière, mit fin aux travaux avant que les entrepreneurs aient été payés.

Dans les années 1890, comme les chances d’obtenir une aide fédérale s’amélioraient, un des entrepreneurs qui avaient construit les 40 premiers milles, Donald Mann*, se fit dédommager en prenant le contrôle du chemin de fer. Avec son associé William Mackenzie, il modifia le trajet et, en fusionnant ce chemin de fer avec d’autres, créa en décembre 1898 la Canadian Northern Railway Company. En perdant son chemin de fer, Sutherland dut dire adieu à sa carrière d’agent de développement ferroviaire indépendant. Tout ce qu’il put obtenir – et encore, seulement après une dure lutte interne – fut le poste de représentant de la Canadian Northern à Winnipeg. Par la suite, il travailla dans d’autres entreprises dirigées par Mackenzie et Mann, à titre de président de la Rainy River Lumber Company (qu’il avait fondée), de la Canadian Northern Coal and Ore Dock Company et de la Canadian Northern Prairie Lands Company. Il fut aussi membre du conseil d’administration et agent de développement de plusieurs autres sociétés.

En 1918, lorsque l’empire financier et ferroviaire de Mackenzie et de Mann s’écroula, Hugh McKay Sutherland se retira en Angleterre. Il y mourut en 1926. Durant plus de 40 ans, il avait été associé de près au développement de l’Ouest canadien. Bon nombre de ses entreprises commerciales avaient connu le succès, mais le grand projet de sa vie, la construction d’un chemin de fer menant à la baie d’Hudson, avait échoué. On le considère néanmoins comme « le père du trajet de la baie d’Hudson ». Achevé seulement après la mort de Sutherland, le chemin de fer est régulièrement menacé d’abandon, mais il compte encore d’ardents défenseurs.

Theodore D. Regehr

AO, RG 80-27-2, 1 : 150.— Manitoba, Dept. of Finance, Consumer and Corporate Affairs, Vital statistics (Winnipeg), no 1921-034353.— Manitoba Free Press, 16 août 1926.— Canadian directory of parl. (Johnson).— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912).— CPG, 1875, 1883, 1887.— George Emery, « Adam Oliver, Ingersoll and Thunder Bay district, 1850–82 », OH, 68 (1976) : 25–43.— H. A. Fleming, Canada’s Arctic outlet : a history of the Hudson Bay Railway (Berkeley, Calif., 1957 ; réimpr., Westport, Conn., 1978).— T. D. Regehr, The Canadian Northern Railway, pioneer road of the northern prairies, 1895–1918 (Toronto, 1976).— G. R. Stevens, Canadian National Railways (2 vol., Toronto et Vancouver, 1960–1962).

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Theodore D. Regehr, « SUTHERLAND, HUGH McKAY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 5 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/sutherland_hugh_mckay_15F.html.

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Auteur de l'article:    Theodore D. Regehr
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2013
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