Brock, Reginald Walter, géologue, professeur d’université, fonctionnaire, officier de l’armée et administrateur d’université, né le 10 janvier 1874 à Perth, Ontario, fils du révérend Thomas Brock, ministre méthodiste, et de Marian Jenkins ; le 28 novembre 1900, il épousa à Kingston, Ontario, Mildred Gertrude Britton, et ils eurent cinq fils ; décédé le 30 juillet 1935 à Alta Lake, Colombie-Britannique.

Enfant, Reginald Walter Brock se déplaça avec sa famille de ville en ville dans le sud-ouest de l’Ontario selon les différentes affectations de son père, ministre du culte. Après la mort de ce dernier, en 1886, la famille s’installa à Ottawa et Brock reçut son diplôme de l’Ottawa Collegiate Institute en 1890. Il entra à la University of Toronto la même année, se fit connaître par ses prouesses au hockey et obtint un stage d’été comme assistant de terrain de Robert Bell*, géologue en chef de la Commission géologique du Canada (CGC).

Bell était l’un des explorateurs géologues les plus réputés du Canada. Son patronage continu au cours des étés suivants encouragea beaucoup Brock, dont le travail initial était davantage celui d’un chef de camp que celui d’un scientifique en formation. Par exemple, en 1893, ses tâches comprenaient l’entretien d’un jardin potager à Spanish Mills (près de Spanish) sur la rive nord du lac Huron. Malgré tout, il s’intéressa rapidement à la géologie, sous la direction de Bell et d’un autre géologue qui l’influença profondément, Willet Green Miller. De retour à Toronto, Brock dut malheureusement quitter l’université après deux années d’études à cause d’une maladie qui avait affaibli sa vision et l’empêchait de lire de manière soutenue. En 1893, il travaillait comme journaliste pour l’Evening Star de Toronto. Quand Miller obtint un poste d’enseignant à la nouvelle School of Mining and Agriculture, affiliée au Queen’s College à Kingston, il encouragea Brock à s’y inscrire et à suivre des cours de laboratoire en chimie et minéralogie afin de terminer son programme et d’« obtenir son diplôme sans lecture ».

Après son admission au Queen’s College en janvier 1894, Brock s’épanouit, voyageant avec l’équipe de hockey de l’université (le directeur George Monro Grant* se doutait à moitié que c’était ce qui l’avait vraiment attiré) et développant des compétences scientifiques sous la direction de Miller. Il obtint son diplôme de maîtrise en géologie en mai 1895, avec des médailles en minéralogie et chimie, et se lança immédiatement dans une formation avancée en pétrographie microscopique avec Karl Heinrich Ferdinand Rosenbusch à l’université Rupert Charles de Heidelberg en Allemagne. L’année suivante, il retourna à la School of Mining and Agriculture, en tant que membre du personnel ; il y effectua des tests et enseigna aux prospecteurs. De plus, avec Miller, il fit des expériences sur les rayons découverts par Wilhelm Conrad Röntgen, qui seraient connus sous le nom de rayons X. En janvier 1897, il se décrivit lui-même comme « l’homme [ayant] le plus durement travaillé dans l’établissement ».

La même année, il y eut une autre avancée dans la carrière de Brock quand celui-ci obtint un poste permanent à la CGC. Jusqu’en 1907, il dirigea le travail de terrain dans les districts miniers de Boundary Creek, Rossland, Lardeau et l’ouest de Kootenay dans le sud et le sud-est de l’intérieur de la Colombie-Britannique. À la demande du gouvernement fédéral, il enquêta, avec Richard George McConnell, sur le glissement de terrain cataclysmique de 1903 qui avait eu lieu à la montagne Turtle, à Frank (Alberta), et qui avait tué 70 personnes. Sa familiarité avec les besoins des mineurs et des ingénieurs contribua à établir parmi eux sa réputation de géologue à l’esprit très pratique, dans une profession qui était souvent perçue comme trop centrée sur des questions purement scientifiques.

En 1900, Brock avait épousé Mildred Gertrude Britton, fille du député libéral et futur juge de Kingston Byron Moffatt Britton et petite-fille de l’homme politique Luther Hamilton Holton*. Le couple se rendit à Heidelberg, où Brock avait l’intention de reprendre ses études et d’acquérir un doctorat avant de revenir sur le terrain. Cependant, il ne put obtenir le congé nécessaire de Bell, directeur par intérim de la CGC depuis le début de 1901 ; pour conserver son poste, il dut rentrer au Canada sans son diplôme. Après que Miller eut quitté le Queen’s College en 1902 pour devenir géologue en chef de la province de l’Ontario, Brock demanda la permission d’assumer les tâches professorales de Miller tout en demeurant à l’emploi de la CGC pendant l’été, invoquant que l’enseignement était la meilleure façon de « polir et [de] cristalliser » son savoir scientifique. Brock enseigna au Queen’s College jusqu’en 1906, mais aux dépens de sa relation avec Bell, qui lui avait refusé, en 1905, des vacances hivernales supplémentaires (il avait déjà pris des congés de la CGC afin de travailler à son compte pour les propriétaires de la mine Rossland).

Le soutien de l’industrie minière finit cependant par conduire Brock à la tête de la CGC ; il succéda à Albert Peter Low* en décembre 1907. Devenu directeur, il transforma l’organisme de manière décisive en augmentant le personnel, en créant des divisions spécialisées, notamment en topographie, en photographie, en anthropologie et en biologie, et en donnant une nouvelle prépondérance aux régions minières. Dans l’introduction du livre de George Albert Young, intitulé A descriptive sketch of the geology, and economic minerals of Canada (Ottawa, 1909), que la CGC avait publié pour répondre à une demande d’information grandissante de la part du public, il proclama : « on peut dire que l’industrie minière du pays n’en est qu’à ses débuts ». Il supervisa également le transfert de la CGC au Musée commémoratif Victoria à Ottawa, récemment construit, et participa à l’organisation du douzième Congrès international de géologie, qui se tint à Toronto en 1913 et qui renforça la réputation scientifique du Canada. Le 1er janvier 1914, il fut nommé sous-ministre des Mines, poste qu’il occupa jusqu’au 30 novembre.

Après avoir accompli tant de choses et à peine âgé de 40 ans, Brock quitta le gouvernement fédéral pour devenir professeur de géologie et doyen des sciences appliquées dans la nouvelle University of British Columbia à Vancouver. La Première Guerre mondiale survint. Brock, initialement officier dans le 72nd Battalion (Seaforth Highlanders), devint major du 196th (Western Universities) Infantry Battalion ; il vogua vers la Grande-Bretagne en 1916. En Angleterre, le 196th fut démantelé. Brock fut assigné au 19th, puis au 15th Reserve Battalion, et posté au quartier général du camp militaire canadien à Seaford. Avec l’éducateur Edward Annand Corbett, il y dirigea un college de la Khaki University of Canada. À la fin de la guerre, il fut détaché pour servir au ministère des Affaires étrangères britannique et au Board of Trade en tant qu’officier du renseignement en géologie, sous le général Edmund Henry Hynman Allenby, en Palestine. Il fut démobilisé le 10 septembre 1919.

À son retour au Canada, Brock reprit son poste de doyen à la University of British Columbia. Il y introduisit la première licence ès sciences en infirmerie, promut un vaste programme d’étude en ingénierie pour les géologues et inaugura l’enseignement de la géographie en tant que discipline. Ses voyages et ses travaux scientifiques dans les années 1920 et 1930 le conduisirent en Chine, dans les îles Fidji et dans les pays scandinaves, et il contribua pendant deux saisons au travail de terrain pour la commission géologique de Hong Kong. La University of Hong Kong lui décerna un doctorat honorifique en droit en 1933. Il fut président élu de la Société royale du Canada en 1935–1936.

En 1922, la famille Brock s’était installée dans une grande maison au bord de l’eau, conçue par l’architecte Samuel Maclure* et située près de l’université. Le doyen et sa femme faisaient partie de l’élite des citoyens de Vancouver et contribuaient à une grande variété d’organismes bénévoles. Leur mort soudaine, suite à un écrasement d’avion, le 30 juillet 1935, près de leur maison d’été à Alta Lake (il fut tué sur le coup et elle succomba le lendemain en route vers l’hôpital), fit la une des journaux pendant trois jours. Des foules remplirent les rues pour suivre leur cortège funèbre.

Bien que disparu trop tôt à 61 ans, Reginald Walter Brock vécut pendant une période où l’identité professionnelle des géologues subit une transformation fondamentale. Il entreprit sa carrière à l’époque des explorateurs généralistes héroïques ; devenu directeur de la CGC, il exigeait cependant que les géologues aient des doctorats et qu’ils travaillent à des sujets spécialisés. Grand, viril et athlétique (selon une anecdote, il se serait une fois battu avec un loup sauvage), Brock joua aisément le rôle de l’amateur de plein air robuste, mais, au bout du compte, ce fut dans les bureaux administratifs du gouvernement ou de l’université qu’il réalisa ses plus importantes contributions à la géologie.

Brian C. Shipley

Une bibliographie des publications de Reginald Walter Brock figure dans M. Y. Williams, « Memorial of Reginald Walter Brock », Geological Soc. of America, Proc. (New York), 1935 : 157–170.

AO, RG 80-5-0-278, no 6504.— BAC, R7346-0-4 ; RG 150, Acc. 1992-93/166, boîte 1087-58.— BCA, GR-2951, nos 1935-09-504272, 1935-09-504273.— Univ. of B.C. Library, Univ. Arch. (Vancouver), Reginald Walter Brock fonds.— F. D. Adams, « Obituary notices », Geological Soc. of London, Quarterly Journal, 92 (1936) : ci–civ.— Canada, Parl., Doc. de la session, 1904 (rapport du dép. de l’Intérieur, 1902–1903).— Morris Zaslow, Reading the rocks : the story of the Geological Survey of Canada, 1842–1972 (Toronto et Ottawa, 1975).

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Brian C. Shipley, « BROCK, REGINALD WALTER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/brock_reginald_walter_16F.html.

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Auteur de l'article:    Brian C. Shipley
Titre de l'article:    BROCK, REGINALD WALTER
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2017
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