ANTHONY, GABRIEL, chef micmac ; décédé en octobre 1846 à Bear River, Nouvelle-Écosse.

Le 16 novembre 1843, Gabriel Anthony fut reconnu chef des Indiens des comtés d’Annapolis, Digbarmouth, Shelburne et Queens par des lettres patentes portant le grand sceau de la Nouvelle-Écosse. Il estimait à 500 le nombre de personnes placées « sous sa responsabilité ».

En 1845, le mildiou de la pomme de terre se répandait dans toute la Nouvelle-Écosse et avait des effets particulièrement désastreux chez les Indiens. La sous-alimentation les empêchait de s’adonner suffisamment à la chasse et, au moindre signe de fièvre, les Blancs refusaient d’acheter leurs objets d’artisanat par peur de la contagion. Quant aux responsables de l’aide aux pauvres, ils n’avaient nulle envie d’ajouter les Indiens à la liste de leurs bénéficiaires.

En janvier 1846, Anthony soumit à la chambre d’Assemblée une requête en vue d’obtenir du secours pour son peuple. Appelé à témoigner devant la chambre, il prononça dignement un bref discours en anglais, soulignant ses mots avec soin en frappant la paume de sa main gauche de l’index de sa main droite. « Monsieur, dit-il, je ne comprends pas l’anglais – [je] ne le parle pas très bien. Si je pouvais vous parler ma langue, je pourrais vous dire en un mot, en deux mots, en trois mots ; et vous comprendriez ce que j’ai à vous dire. » II expliqua qu’en tant que chef, il voyageait constamment d’un village indien à l’autre. Un doigt pointé vers le ciel, il déclara : « Je leur dis de penser seulement au Suprême. Vous me comprenez. » Le président répondit : « Oui, nous vous comprenons. » Ces tournées, poursuivait le chef, ne lui laissaient pas le temps de veiller à ses propres affaires, et il était sans ressources. À la demande de plusieurs députés, Anthony s’adressa ensuite à la chambre en micmac ; son éloquence était telle que les députés en furent impressionnés, même s’ils ne comprenaient rien à ce qu’il disait. Joseph Howe*, ancien commissaire provincial aux Affaires indiennes, traduisit l’essentiel du message : chez les Indiens, comme chez les Blancs, ceux qui avaient les fonctions les plus ingrates étaient souvent les plus mal payés. L’appel permit de recueillir 43 couvertures pour les Indiens des comtés de l’Ouest. En mai, Anthony fit une nouvelle tentative et demanda, dans une requête adressée au lieutenant-gouverneur lord Falkland [Cary*], £15 pour acheter 50 couvertures ; on ne lui accorda que la moitié de cette somme.

Quarante Indiens vivaient à proximité de la chapelle de Bear River au début d’octobre 1846 ; 8 avaient déjà succombé et 29 des survivants étaient malades. On attribua à des « sécrétions corrompues et [à une] torpeur du foie » la fièvre qui les frappait. Elle se manifestait par des douleurs à la poitrine et au cou, après quoi apparaissaient des maux de tête, des frissons, de la fièvre et des spasmes stomacaux et intestinaux. Ceux qui étaient sur le point de mourir avaient l’abdomen très distendu et montraient « une impatience et un désir inhabituels de voir la mort venir les délivrer de leurs souffrances ». Le chef Gabriel Anthony fut l’un de ceux qui connurent cette délivrance.

L. F. S. Upton

PANS, MG 15, B, 3, nos 95, 102, 104.— Halifax Morning Post & Parliamentary Reporter, 14 janv. 1846.— Upton, Micmacs and colonists.

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L. F. S. Upton, « ANTHONY, GABRIEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/anthony_gabriel_7F.html.

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Titre de l'article:    ANTHONY, GABRIEL
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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