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BRESSANI, FRANÇOIS-JOSEPH (Francesco-Giuseppe), prêtre, jésuite, missionnaire, né à Rome le 6 mai 1612 et décédé à Florence le 9 septembre 1672.
Bressani entra dans la Compagnie de Jésus à l’âge de 14 ans, le 15 août 1626. Il occupa successivement les chaires de littérature, de philosophie et de mathématiques. Attiré comme tant d’autres par les missions étrangères, il sollicita la faveur d’être envoyé en Nouvelle-France. Ses supérieurs accédèrent à son désir en 1642. Il séjourna d’abord quelque temps à Québec pour s’initier ; de là, il passa à Trois-Rivières (1643), poste très fréquenté par les Indiens durant les mois d’été. Le missionnaire aspirait à des tâches plus pénibles ; il obtint d’aller à 900 milles à l’intérieur du pays, chez les Hurons.
Le 27 avril 1644, dès la fonte des neiges, il se mit en route, accompagné d’un Français et de six chrétiens hurons. Il ignorait qu’une dizaine de bandes iroquoises s’étaient embusquées aux points stratégiques de la route suivie par les convois français ou alliés. À sept ou huit milles du fort Richelieu, alors qu’ils en étaient à leur troisième journée de voyage, le père Bressani et ses compagnons furent attaqués par une bande de 27 Iroquois. Les assaillants les firent prisonniers et les entraînèrent à petites journées vers leurs cantons, où ils arrivèrent le 30 mai. Affaibli et mutilé, le père n’était qu’au début de ses souffrances. Il endura stoïquement les plus atroces tortures ; le 19 juin, alors qu’il attendait la mort, ses bourreaux le remirent à une vieille Iroquoise pour remplacer son grand-père assassiné jadis par les Hurons. Cette solution inattendue lui accorda un peu de répit et lui permit d’écrire une longue lettre à son père général. Ce document, extrait de la Breve Relatione, est daté du 15 juillet 1644 et relate en détail les souffrances endurées. Il s’ouvre par ces lignes : « Je ne sais si votre Paternité reconnaîtra l’écriture d’un pauvre estropié, autrefois sain de corps et très connu d’elle. La lettre est mal écrite et assez sale, parce que, entre autres infirmités, celui qui l’écrit n’a plus qu’un doigt entier à la main droite et il ne peut empêcher le sang qui découle de ses plaies encore ouvertes de salir le papier. Son encre est formée de poudre à fusil délayée et la terre lui sert de table ».
Le captif ne pouvait être utile en aucune façon à la vieille femme, qui s’en débarrassa en le cédant aux Hollandais contre une rançon minime. Bien traité le religieux put retourner en France ; il toucha le port de La Rochelle le 15 novembre 1644. Il demanda de retourner en Nouvelle-France. En juillet 1645, on le retrouve à Trois-Rivières où il participe aux palabres de paix d’une délégation iroquoise. Il fraternise avec ses anciens bourreaux. À l’automne de la même année, il remonte vers le pays des Hurons.
Sans cesse harcelées par les Iroquois, les missions huronnes vivent dans la terreur. La situation est telle qu’en 1648 on décide de faire appel au gouverneur Huault de Montmagny. Le père Bressani ira, à la tête de 250 Hurons, demander de l’aide. Le convoi arrive à Québec à la fin de juillet 1648. Le gouverneur ne peut faire mieux que d’accorder une escorte de 12 soldats ; les Jésuites envoient quelques religieux en guise de renfort. La flottille de 60 canots, qui ramène les 250 Hurons et 26 Français, atteint sans encombre la Huronie. Le père Bressani est atterré à la nouvelle que, durant son absence, les Iroquois ont rasé la bourgade Saint-Joseph (Téanaostaiaé), assassiné le père Antoine Daniel et tué plus de 700 Hurons. Ce n’est qu’un début. Le 6 mars 1649, alors que l’hiver est à peine terminé, les Iroquois réapparaissent et massacrent sans pitié Hurons et missionnaires. La puissante nation huronne est réduite à quelques centaines de fugitifs que les missionnaires conduisent dans l’île Saint-Joseph (Christian Island) pour les mettre temporairement à l’abri. Il faut de nouveau recourir à l’appui de Québec. Une fois de plus, le père Bressani est chargé d’aller plaider la cause de la Huronie auprès du gouverneur Louis d’Ailleboust. Il est accueilli avec bienveillance, mais n’obtient pas de promesses formelles. Le gouverneur ne peut dégarnir les postes du Saint-Laurent. Le missionnaire veut retourner immédiatement auprès de ses ouailles et il part de Québec avec quelques Hurons le 28 septembre 1649. Ce voyage est d’une folle imprudence et les Hurons forcent le père à rebrousser chemin à la rivière des Prairies, aux environs de Montréal. Il revient à regret à Québec, mais repartira pour la Huronie en juin 1650 avec une flotille de quelque 23 canots portant une trentaine de Français et autant d’Indiens dont Jean-Baptiste Atironta. Dans l’intervalle, les missionnaires de la Huronie ont décidé, après de pénibles délibérations, qu’il est impossible de se maintenir là-bas et que mieux vaut ramener au Saint-Laurent les quelques centaines de Hurons qui ont échappé au massacre. Le père Paul Ragueneau conduit un groupe de 300 rescapés vers Québec, à l’été de 1650, alors qu’il rencontre le convoi de secours dirigé par le père Bressani. Il faut revenir vers la capitale (28 juillet 1650).
Tous les missionnaires de la Huronie étaient en disponibilité. Le supérieur décida d’en renvoyer quelques-uns en France en attendant des temps meilleurs. Le père Bressani était du nombre. Il s’embarqua le 2 novembre 1650. Il retourna en Italie et se consacra à la prédication et à l’apostolat.
Au cours de ses huit années d’évangélisation au Canada, le père Bressani avait acquis une précieuse expérience du pays et de ses habitants. Il consigna ses découvertes et ses observations dans un ouvrage consacré surtout à la Huronie et à ses martyrs. Écrite en italien, la Relation abrégée de Bressani a été traduite en français par le père F. Martin, jésuite.
[F-J. Bressani], Relation abrégée de quelques missions des pères de la Compagnie de Jésus dans la Nouvelle France par le R. P. Bressany de la même Compagnie, éd. Félix Martin (Montréal, 1852).— JJ (Laverdière et Casgrain).— JR (Thwaites).— Un Lettre inédite du R. P. Bressani, BRH, XXXVIII (1932) : 546s.— Rochemonteix, Les Jésuites de la N.-F. au XVIIe siècle, II : 36s.— Yvon Thériault, L’Apostolat missionnaire en Mauricie (Trois-Rivières, 1951), 37–44.
Albert Tessier, « BRESSANI, FRANÇOIS-JOSEPH (Francesco-Giuseppe) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/bressani_francois_joseph_1F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/bressani_francois_joseph_1F.html |
Auteur de l'article: | Albert Tessier |
Titre de l'article: | BRESSANI, FRANÇOIS-JOSEPH (Francesco-Giuseppe) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1966 |
Année de la révision: | 1986 |
Date de consultation: | 4 nov. 2024 |