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BRIGGS, WILLIAM, ministre méthodiste et éditeur, né le 9 septembre 1836 à Banbridge (Irlande du Nord), fils de Thomas Briggs et d’une prénommée Mary ; le 27 août 1868, il épousa à Montréal Rosalie Marian Clarke (décédée en 1919), et ils eurent un fils ; décédé le 5 novembre 1922 à Port Credit, Ontario.
William Briggs naquit dans une famille irlando-écossaise. Sa mère mourut quand il avait six ans. À la même époque, sa famille s’établit à Liverpool, en Angleterre, où il étudia à la Mount Street Grammar School et au Liverpool Collegiate Institute. Il reçut ensuite une certaine formation commerciale mais repoussa bientôt l’idée d’une carrière dans les affaires. Selon le révérend John Saltkill Carroll*, il fit l’expérience d’« une conversion indéniable » dans sa jeunesse et, bientôt, se mit à prêcher à Liverpool et dans les environs. Il immigra au Canada au début de la vingtaine et fut accueilli au sein de la Conférence canadienne de l’Église méthodiste. Pris à l’essai comme prédicateur laïque à Durham (Ormstown, Québec) en 1859, il fut ordonné en 1863. Durant 15 ans, il œuvra dans des congrégations de Toronto, de Hamilton, de Montréal, de London, de Cobourg et de Belleville.
À la fin des années 1870, Briggs était au faîte de sa carrière. Depuis 1876, il était ministre de l’église Metropolitan de Toronto, bastion du méthodisme canadien. Ses idées religieuses et sociales sont peu connues, mais c’était un prédicateur populaire. De l’avis général, il savait allier la théologie avec l’humour et le sens pratique. « Alors que d’autres, rapportait un journal, ont donné le meilleur d’eux-mêmes au début et ont dégénéré petit à petit jusqu’à devenir des discoureurs lambins et bigots, M. Briggs, lui, a constamment acquis de l’autorité en chaire, élargi sa culture et, dans l’ensemble, progressé vers l’excellence et accru son influence. » Administrateur compétent, il fut, à la Conférence torontoise, secrétaire aux finances en 1874 et secrétaire en 1876–1877 ; en 1875, il occupa la présidence du district. En février 1879, lors d’une réorganisation de la maison d’édition de l’Église à Toronto, la Methodist Book and Publishing House, Briggs fut élu administrateur, ou directeur commercial. Composée alors d’une librairie et d’une imprimerie de petites dimensions, la maison vendait des bibles, des recueils de cantiques, des catéchismes, des commentaires, des biographies et des livres pour les écoles du dimanche, imprimait des publications tel le Christian Guardian et publiait chaque année deux ou trois titres originaux. Sous la direction de Briggs, elle deviendrait, à la fin du siècle, l’une des principales maisons d’édition du Canada.
En qualité d’administrateur, Briggs continua de privilégier les écrits religieux en intensifiant par exemple la production de publications destinées aux écoles du dimanche. Cependant, une fois assurée la rentabilité de la maison (qui s’installa dans de nouveaux locaux en 1889), il s’employa aussi à monter un catalogue de publications laïques. Le nombre de rééditions d’ouvrages britanniques et américains monta en flèche ; des ouvrages profanes se mirent à paraître sous la marque « William Briggs ». En outre, la maison fit son entrée sur le marché des manuels scolaires et exécutait des travaux d’impression pour des clients.
Surtout peut-être, Briggs veilla à accroître considérablement le nombre de publications canadiennes. Dès les années 1890, une vingtaine d’œuvres originales sortaient chaque année des presses de sa maison. Certaines d’entre elles traitaient de religion ou avaient comme auteurs des érudits méthodistes, George John Blewett* entre autres, mais Briggs lança aussi des livres appartenant à d’autres genres, surtout l’histoire, la fiction et la poésie. La plupart de ces titres portaient sur des thèmes canadiens. D’ailleurs, la Methodist Book and Publishing House se présentait comme un éditeur d’œuvres canadiennes et aimait à mettre de l’avant l’aspect patriotique de ses activités et sa contribution à l’édification du pays. La réussite de Briggs s’explique par son aptitude à percevoir l’émergence d’un marché pour les auteurs et sujets canadiens et à répondre à ce nationalisme culturel. Doué de grandes facultés critiques et commerciales, sensible aux goûts du public, il donna leur chance à des auteurs canadiens en choisissant des directeurs littéraires qui savaient les encourager, notamment Edward Samuel Caswell*, et il forma une nouvelle génération d’éditeurs. On lui doit, entre autres succès de librairie, Songs of a sourdough (1907) de Robert William Service* et Sowing seeds in Danny (1908) de Helen Letitia McClung [Mooney*].
Briggs ne délaissait pas pour autant d’autres activités de son Église. Il continuait de prêcher et fut délégué à chacune des Conférences générales de 1874 à 1918. En outre, il fut délégué à la Conférence générale de l’Église méthodiste épiscopale des États-Unis à Washington en 1882 ainsi qu’aux conférences œcuméniques de Washington en 1891 et de Londres en 1901. Récipiendaire d’un doctorat honorifique en théologie de la Victoria University de Cobourg en 1886, il appartint au conseil d’administration de cet établissement en 1906–1907. Il exerça aussi des fonctions hors de l’Église : il adhéra au Bureau de commerce de Toronto en 1898 et fut président de la Master Printers’ and Bookbinders’ Association of Toronto pendant plus d’un mandat.
Bon nombre de témoignages indiquent que sincérité, cordialité et détermination en affaires coexistaient dans la personnalité de Briggs. En 1880, John Saltkill Carroll le décrivit ainsi : de taille et de poids moyens, il avait « le visage ovale mais plein, avec une tête beaucoup plus développée que la moyenne ». « En tant qu’homme, poursuivait Carroll, il est modeste sans être timide ; en tant que chrétien, religieux sans hypocrisie ; en tant que prédicateur, éloquent et fervent sans emphase ; en tant qu’orateur, vif, mordant et doué de l’esprit d’à-propos ; et, en tant qu’homme d’affaires d’une Église, compétent sans être tatillon et dépourvu de prétention malgré sa réussite. »
Briggs publia moins de titres originaux dans la dernière décennie où il fut le directeur commercial de la Methodist Book and Publishing House. Apparemment, la construction d’un imposant édifice (1913–1915) et la vente de livres pour le compte d’éditeurs étrangers, activité lucrative pour l’entreprise, l’absorbèrent davantage. La Conférence générale le nomma administrateur émérite en 1918, au moment où le révérend Samuel Wesley Fallis lui succéda. Briggs quitta la maison d’édition en 1919. Le 1er juillet de la même année, celle-ci fut rebaptisée Ryerson Press en l’honneur de son fondateur, Egerton Ryerson*, et en 1920 entra dans une ère nouvelle sous la direction générale de Lorne Albert Pierce*. À une époque où les élans religieux s’exprimaient de plus en plus sous une forme laïque, Briggs avait détourné la maison d’édition de la voie du sectarisme, l’avait réorientée et avait joué un rôle de premier plan dans son expansion. Quand Briggs était économe, signalait le Bookseller and Stationer de Toronto, « on en [était] venu à connaître [son nom] partout où l’on lisait des livres au Canada ».
William Briggs mourut en 1922 chez son fils à Port Credit et fut inhumé au cimetière Mount Pleasant à Toronto. Sa succession, d’une valeur de plus de 80 524 $, prouve bien que ce populaire prédicateur méthodiste avait le sens des affaires.
ANQ-M, CE601-S109, 27 août 1868.— AO, RG 22-359, nº 4066.— EUC-C, Fonds 513/1, 83.061C.— Christian Guardian, 16 avril 1919.— Daily Mail and Empire, 6 nov. 1922.— Bookseller and Stationer (Toronto), 38 (1922) : 62.— Christina Burr, « The business development of the Methodist Book and Publishing House, 1870–1914 », OH, 85 (1993) : 251–271.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898 et 1912).— J. [S.] Carroll, « The Rev. William Briggs », Canadian Methodist Magazine (Toronto et Halifax), 12 (juill.–déc. 1880) : 97–99.— The chronicle of a century, 1829–1929 : the record of one hundred years of progress in the publishing concerns of the Methodist, Presbyterian and Congregational churches in Canada, L. [A.] Pierce, édit. (Toronto, 1929).— Dana Garrick, « The United Church of Canada Board of Publication collection : a major resource for the history of the book in Canada », Soc. bibliogr. du Canada, Cahiers (Toronto), 32 (1994) : 11–30.— G. L. Parker, The beginnings of the book trade in Canada (Toronto, 1985).— L. [A.] Pierce, The house of Ryerson, 1829–1954 (Toronto, 1954).— The Ryerson imprint : a check-list of the books and pamphlets published by the Ryerson Press since the foundation of the house in 1829, W. S. Wallace, compil. (Toronto, 1954).— Judith St John, Firm foundations : a chronicle of Toronto’s Metropolitan United Church and her Methodist origins, 1795–1984 (Toronto, 1988).— Standard dict. of Canadian biog. (Roberts et Tunnell), 2.
Danielle Hamelin, « BRIGGS, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/briggs_william_15F.html.
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Auteur de l'article: | Danielle Hamelin |
Titre de l'article: | BRIGGS, WILLIAM |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
Année de la révision: | 2005 |
Date de consultation: | 4 déc. 2024 |