CASSIDY, JOHN JOSEPH, médecin, fonctionnaire, auteur et rédacteur en chef, né le 4 juillet 1843 à Toronto, fils de James Cassidy, tailleur, et de Margaret Foley ; le 3 octobre 1878, il épousa à Walkerton, Ontario, Appolonia Agnppina Mesner, et ils eurent cinq fils et sept filles ; décédé le 1er août 1914 à Toronto.
John Joseph Cassidy était l’un des six enfants d’une famille irlando-catholique soucieuse du bien public. Il étudia au St Michael’s College de Toronto de 1854 à 1860, puis au collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, au Bas-Canada, de 1860 à 1863. Entré en 1864 à la Toronto School of Medicine, il y compta parmi ses professeurs William Thomas Aikins*, Edward Mulberry Hodder* et James Bovell*. Après avoir obtenu en 1868 une licence en médecine et la médaille d’or Starr, il n’alla pas se perfectionner en Europe ni aux États-Unis, contrairement à beaucoup de ses contemporains, mais se mit tout de suite à exercer à Toronto.
Nommé en 1868 médecin de la House of Providence, Cassidy soigna durant sept ans les orphelins, les « infirmes, aveugles, boiteux et incurables » ainsi que les élèves sourds-muets logés dans ce foyer tenu par les Sisters of St Joseph. En 1869, année où il décrocha son doctorat en médecine, il devint le plus jeune médecin consultant du Toronto General Hospital ; c’était un poste prestigieux mais bénévole. Il fut muté au personnel consultant de l’hôpital en 1884 et élu président de la Toronto Medical Society l’année suivante. De 1886 à 1888, il exerça la fonction d’examinateur de médecine et de thérapeutique à la University of Toronto. Après l’ouverture du St Michael’s Hospital par les Sisters of St Joseph en 1892, Cassidy appartint durant cinq ans au personnel de l’admission. Parallèlement à ses fonctions hospitalières, il pratiqua intensivement la médecine générale chez lui, dans la rue Church au cours des années 1870 et 1880, puis dans la rue Bloor Est de 1891 jusqu’à peu de temps avant son décès.
Cassidy se consacra également à deux domaines liés à la médecine, soit l’hygiène et le journalisme médical. En 1882, pressé par les milieux profanes et médicaux de légiférer pour rehausser les normes d’hygiène publique et freiner la hausse du taux de mortalité, le gouvernement libéral d’Oliver Mowat*, en Ontario, fit adopter le Public Health Act et créa le Bureau de santé provincial. Ce bureau, le premier organisme au Canada à se voir confier le mandat de protéger systématiquement la santé publique, se composa d’abord des docteurs William Oldright, Cassidy, Charles William Covernton, John Hall, Francis Rae, d’Oshawa, et Horace P. Yeomans, de Mount Forest. Bien que Cassidy ait été nommé en partie grâce à ses relations parmi les libéraux, les six membres croyaient en la cause de l’hygiène. Ils ne doutaient pas que l’éducation populaire et une réglementation judicieuse réduiraient les décès causés par les maladies infectieuses et contribueraient à l’essor économique de l’Ontario.
Sous l’impulsion de son secrétaire, le jeune et dynamique docteur Peter Henderson Bryce*, le bureau forma des comités permanents et s’attela à la double tâche de donner des avis d’expert sur les modifications à apporter aux directives existantes et de rendre des décisions sur les problèmes locaux d’hygiène. (Une deuxième loi sur la santé publique, en 1884, exigea de créer des bureaux de santé locaux qui relèveraient du Bureau de santé provincial.) Cassidy s’intéressait particulièrement à des questions tels le chauffage et la ventilation des immeubles ainsi que la protection de la santé des enfants au moyen d’inspections scolaires et de règlements sur le contrôle des maladies transmissibles. De 1882 à 1886, il appartint à plusieurs comités qui collaborèrent avec le département de l’Éducation à la production du Manual of hygiene for schools and colleges [...], paru à Toronto en 1886. En tant qu’administrateur du quartier St James de 1886 à 1890, il fut en mesure de veiller à ce que le Toronto Separate School Board applique les « prescriptions sur les cabinets d’aisance, l’eau potable, le nettoyage des planchers, murs, sièges, etc., l’emplacement des écoles, l’éclairage, le chauffage et la ventilation » que lui-même et ses collègues du Bureau de santé avaient mises au point. Il défendit également la cause de l’hygiène en tant que membre d’autres organismes professionnels : ainsi, en 1885, il avait pressé la Toronto Medical Society de soutenir les efforts de la Toronto Sanitary Association en faveur de la nomination d’un inspecteur municipal de la plomberie.
Cassidy fut président du Bureau de santé provincial en 1891–1892. Il assista au Congrès international d’hygiène et de démographie tenu à Londres en 1891 et représenta l’Ontario en janvier 1893 à la rencontre fédérale-provinciale où furent discutés les règlements sur la lutte contre le choléra. En 1898, en reconnaissance de ses états de service au Bureau de santé provincial et de son engagement dans le domaine de la médecine préventive, il fut élu président de l’Association of Executive Health Officers of Ontario. Il resta au Bureau de santé jusqu’au 21 août 1906 et produisit nombre de rapports et d’études où il soulignait l’importance de la révolution bactériologique dans le traitement des eaux usées et faisait valoir que la tuberculose devenait une sérieuse menace. Ses remarques à l’Association of Executive Health Officers of Ontario en 1906 témoignent qu’il avait une conception morale de l’hygiène publique : « Sans se substituer à la religion chrétienne dans la mission de créer le Royaume de Dieu sur terre, la médecine préventive dans ses activités journalières est constamment en butte à la mesquinerie du monde car, bien qu’elle agisse dans le monde et pour le bénéfice du monde, ses mobiles ne sont pas de ce monde. »
L’engagement de Cassidy en faveur de la santé publique explique en partie pourquoi il fit du journalisme médical. En 1892–1893, il collabora à l’Ontario Medical Journal de Toronto et, vers 1895, il écrivit sur la diphtérie dans le Dominion Medical Monthly. À la fondation du Canadian Journal of Medicine and Surgery, en janvier 1897, il était corédacteur de la section d’hygiène publique, mais, avant la fin de l’année, il devint rédacteur en chef de toute la publication ; il conserverait ce poste jusqu’à sa mort. Cette revue rivalisait avec le Canada Lancet de Toronto et contenait de nombreux articles sur les activités sanitaires organisées au pays et à l’étranger. Par ailleurs, Cassidy fit partie du conseil d’administration de la Toronto Public Library en 1891–1892 et du conseil universitaire de la University of Toronto, à titre de représentant du St Michael’s College, de 1901 à 1910. Il succomba à une crise cardiaque chez lui, au 6 du chemin Spadina. Sa succession, léguée à sa femme, comprenait un chalet situé au parc Long Branch et d’autres immeubles dont une bonne part avait été achetée avec l’argent d’Appolonia Agrippina.
John Joseph Cassidy se consacra à la fois à l’administration publique et à la pratique privée, comme nombre des membres de la première génération de fonctionnaires-médecins en Ontario. Mus en grande partie par le souci de l’intérêt collectif et le zèle religieux, ces hommes organisèrent des groupes de pression non gouvernementaux, firent des études détaillées sur des problèmes précis et usèrent de leurs relations étroites avec les élites économiques et politiques pour faire adopter les lois qui engendrèrent l’État régulateur du xxe siècle.
Il n’y a pas, à notre connaissance, de papiers Cassidy. On trouve quelques articles publiés, dont : « The antitoxin treatment of diphtheria », « Anti-diphtheritic serum », et « Clinical notes of a case of cancer of the œsophagus », dans le Dominion Medical Monthly (Toronto), 3 (juill.–déc. 1894) : 141–147 et 4 (janv.–juin 1895) : 3–5 et 61–63 respectivement. Cassidy, semble-t-il, s’est consacré à la rédaction d’éditoriaux et, dans le Canadian Journal of Medicine and Surgery (Toronto), il différenciait les siens de ceux de ses collègues en apposant ses initiales au bas de chaque article. Un bref examen de la revue révèle que Cassidy concentrait son attention sur des questions d’hygiène publique et sur les progrès médico-scientifiques. [h. macd.]
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Heather MacDougall, « CASSIDY, JOHN JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 13 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/cassidy_john_joseph_14F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/cassidy_john_joseph_14F.html |
Auteur de l'article: | Heather MacDougall |
Titre de l'article: | CASSIDY, JOHN JOSEPH |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
Date de consultation: | 13 déc. 2024 |