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BOVELL, JAMES, médecin, ministre de l’Église d’Angleterre, théologien et éducateur, né le 28 octobre 1817 à La Barbade, aux Antilles, fils aîné de John Bovell, riche banquier, et de Sarah Applewaite ; il épousa à l’âge de 18 ans Julia Howard App-Griffith, de La Barbade, qui vécut onze ans de plus que lui et lui donna six enfants, dont deux moururent en bas âge ; décédé le 15 janvier 1880, à Charlestown, dans l’île de Nevis, aux Antilles.
James Bovell reçut d’abord un enseignement privé à La Barbade, puis se rendit en Angleterre à l’âge de 17 ans pour y parfaire son instruction. Il décida d’étudier la médecine et, en novembre 1834, il entra à Guy’s Hospital, à Londres, où il fut assistant du chirurgien sir Astley Cooper, et l’élève de Richard Bright, de Thomas Addison et d’autres médecins éminents. Par la suite, il étudia la pathologie à Édimbourg et à Glasgow avant d’être admis, en 1839, au Royal College of Physicians de Londres en qualité de licencié extraordinaire. Puis, pendant quelques années il travailla à Dublin, sous les ordres de Robert Graves et de William Stokes, jusqu’au moment où il fut atteint du typhus. Après sa guérison, il retourna à La Barbade et exerça la médecine à Bridgetown. On a prétendu que Bovell avait reçu des diplômes des facultés de médecine de Londres, d’Édimbourg, de Glasgow et de Dublin, mais ces titres ne figurent pas dans les registres officiels.
En 1848, Bovell émigra au Canada et devint l’un des médecins les plus éminents de Toronto. Sa vaste expérience et son esprit de recherche l’amenèrent à se lancer dans le traitement du choléra par des transfusions de lait, dans l’application clinique de la microscopie et dans l’étude de la pathologie comparée. En 1851, il fut cofondateur et rédacteur en chef de l’Upper Canada Journal of Medical, Surgical and Physical Science (Toronto), et l’on compte une trentaine d’articles de sa plume dans les revues médicales de cette époque, où il aborde toutes sortes de sujets allant de l’anatomie de la sangsue à la tumeur utérine en tant que complication de la parturition. Ses écrits font souvent montre d’un zèle de réformateur et d’un sens aigu de l’observation. Il établit une relation entre l’insalubrité de La Barbade et la présence « d’innombrables essaims d’insectes » (1848) ; il préconise la création à Toronto de comités d’hygiène pour organiser « le déblaiement de tous les détritus », puisque « les terrains de prédilection du choléra sont la saleté et l’humidité ». Par la suite, dans A plea for inebriate asylums, il déplore l’indifférence générale à l’égard de l’alcoolisme, ce qui amène « la malheureuse victime à considérer son état comme un défaut insignifiant ou une faiblesse excusable plutôt que comme un grand péché, perpétuant ainsi un vice dégradant qui conduit à la destruction totale et à la ruine éternelle ».
Bovell se consacra à l’éducation. Il fut l’un des premiers conseillers du Canadian Institute en 1852. Avec Edward Mulberry Hodder et quatre autres collègues, il contribua, en novembre 1850, à la création de la faculté de médecine de Trinity College, qui venait de s’ouvrir. Il en fut le doyen de 1851 à 1856, date à laquelle les professeurs remirent leur démission et où la faculté fut dissoute à la suite de certaines querelles avec le conseil, alors présidé par John Strachan*, évêque de Toronto. Le conflit trouva son origine dans le fait que les professeurs, dont les services étaient bénévoles, voyaient d’un mauvais œil le conseil restreindre leur budget de dépenses et s’ingérer dans certaines questions, comme par exemple la publicité pour les cours de médecine que le doyen faisait paraître dans les journaux. La rupture finale se produisit lorsque les professeurs entamèrent des négociations directes avec le gouvernement pour prévenir la réouverture possible de l’ancienne faculté de médecine de King’s College. Ses tentatives de conciliation ayant échouées, Bovell entra à la Toronto School of Medicine comme maître de conférences en physiologie et en pathologie. En 1864, il devint également professeur de physiologie à Upper Canada Veterinary School (plus tard Ontario Veterinary College), qui avait été fondée en 1862 par Andrew Smith*.
De 1857 jusqu’à son départ du Canada en 1870, Bovell enseigna tour à tour la physiologie, la chimie, et la théologie naturelle à la faculté des arts de Trinity College. Pendant plusieurs années il fut également secrétaire laïc des synodes diocésain et provincial. Il était profondément religieux et publia environ une douzaine d’ouvrages de piété ou d’exégèse, exposant les doctrines de la High Church. Les cours de physiologie qu’il dispensait aux étudiants en lettres de troisième année étaient basés sur son ouvrage Outlines of natural theology, illustrant la bonté et la sagesse divines à travers les objets et les phénomènes naturels et cherchant à concilier les découvertes géologiques récentes avec le livre de la Genèse. Rejetant les doctrines de sir Charles Lyell et de Charles Darwin, il se ralliait aux enseignements ritualistes de John Keble et d’Edward Bouverie Pusey, chefs du mouvement tractarien d’Oxford. En 1860, ses idées sur la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie furent taxées de « papistes » par l’évêque de Huron, Benjamin Cronyn, que ses convictions évangéliques avaient entraîné dans une lutte ouverte avec les autorités de Trinity College. Bovell démentit cette allégation en privé, mais à son grand désespoir un commentaire sur sa déclaration confidentielle parut dans le Globe du 15 novembre 1860. Quand, en son absence, le conseil d’administration de Trinity College (dont il était membre) désavoua et condamna ses positions en matière doctrinale, il démissionna de la chaire qu’il aimait tant, mais l’évêque Strachan le persuada de rester.
James Bovell exerça une grande influence sur William Osler*. En 1866, celui-ci était âgé de 17 ans et remplissait la charge de « préfet principal » de Trinity College School. Le fondateur et directeur de l’école, William Arthur Johnson, était un ami intime de Bovell et son compagnon de recherches en microscopie, et Bovell lui-même était surintendant médical de l’école et l’un de ses administrateurs. Osler accompagnait les deux hommes dans leurs expéditions en quête de spécimens, et c’est de là que naquit sa passion pour la microscopie. Quand il se décida à embrasser la carrière médicale, il devint l’élève non officiel de Bovell, et de 1868 à 1870 il fréquenta sa maison, assista à ses cours, feuilleta les livres de sa bibliothèque et partagea tous ses passe-temps, depuis l’histoire naturelle jusqu’aux classiques. Plusieurs années plus tard, sir William Osler, devenu professeur royal de médecine à Oxford, reconnut publiquement qu’il devait à James Bovell son entrée dans la carrière. Déjà auparavant il avait payé « un tribut de piété filiale » à son vieux maître et à cette occasion, il l’avait jugé en ces termes : « Seuls les hommes d’une certaine trempe s’élèvent au-dessus du commun, et bien que le docteur Bovell possédât ces qualités primordiales que sont l’ambition illimitée, l’ardeur et la puissance de travail, il avait cette tendance fatale à la dispersion qui étouffe même le génie. »
Quand Bovell retourna aux Antilles en 1870, l’évêque d’Antigua, William Walrond Jackson le persuada d’entrer dans les ordres. Il l’ordonna lui-même en 1871 et Bovell décida de rester aux Antilles. Il fut d’abord vicaire, puis curé des paroisses réunies de St George et de St John, à Nevis. En 1873, il alla se fixer à Charlestown où lui furent confiées deux paroisses plus tranquilles : St Thomas et St Paul. En 1875, sa santé commença à faiblir. Il mourut cinq ans plus tard à la suite d’une attaque d’apoplexie.
Parmi les écrits de James Bovell, on trouve : Apparatus for the exhibition of vapour, Upper Canada Journal of Medical, Surgical and Physical Science (Toronto), I (1851–1852) : 59s. ; Clinical remarks on two cases of tumour of the uterus complicating parturition, British American Journal of Medical and Physical Science (Montréal), V (1849–1850) : 1–5, 29–32 ; Constitution and canons of the Synod of the Diocese of Toronto, with explanatory notes and comments (Toronto, 1858) ; Defence of doctrinal statements, addressed to the Right Rev. the Lord Bishop of Toronto, the Right Rev. the Lord Bishop of Huron, and the Corporation of Trinity College, with the hope that the explanations now given may remove erroneous impressions, and satisfy the church at large that I am loyal and true to her (Toronto, 1860) ; Letters, addressed to the Rev. Mr. Fletcher and others, framers of a series of resolutions on « ritual » (Toronto, 1867) ; Note on the preservation of some infusoria with a view to the display of their cilia, Canadian Journal, nouv. sér., VIII (1863) : 341s. ; Notes on some points in the anatomy of the leech, Canadian Journal, nouv. sér., I (1856) : 27–33 ; Observations on the climate of Barbadoes and its influence on disease : together with remarks on angioleucitis or Barbadoes leg, British American Journal of Medical and Physical Science (Montréal), IV (1848–1849) : 113–116, 141–145, 169–172, 197–201, 225–228, 261–266 ; On the transfusion of milk, as practised in cholera, at the cholera sheds, Toronto, July, 1854, Canadian Journal, III (1854–1855) : 188–192 ; On the white globules of the blood in disease, Upper Canada Journal of Medical, Surgical and Physical Science (Toronto), II (1852–1853) : 48–50, 65–69, 128–137, 150–156, 182–189, 210–214 ; Outlines of natural theology for the Canadian student, selected and arranged from the most authentic sources (Toronto, 1859) ; Passing thoughts on man’s relation to God and on God’s relation to man (Toronto, 1862) ; A plea for inebriate asylums ; commended to the consideration of the legislators of the province of Canada (Toronto, 1862) ; Preparation for the Christian sacrifice, or Holy Communion (Toronto, 1859) ; The world at the advent of Jesus Christ (Toronto, 1868).
Bishop of Antigua’s Lodge, Bishop’s diary, visite à Nevis, 1872.— PAO, Strachan letter books, 1854–1862, John Strachan à James Bovell, 29 nov. 1860.— St Georges, St John’s, St Paul’s, and St Thomas’ Churches (Nevis, Antilles), Baptism, marriage, and burial registers.— The Calendar of the University of Trinity College, Toronto, 1853–1870.— [William Osler], James Bovell, M.D., Canadian Journal of Medical Science (Toronto), V (avril 1880) : 114s.—Globe (Toronto), 15 nov., 17 nov. 1860.— Standard dict. of Can. biog. (Roberts et Tunnell), II : 40–42.— Canniff, Medical profession in Upper Canada, 257s.— Harvey Cushing, The life of Sir William Osler (2 vol., Oxford, 1925).— A history of the University of Trinity College, Toronto, 1852–1952, T. A. Reed, édit. (Toronto, 1952).— C. E. Dolman, The Reverend James Bovell, M.D., 1817–1880, Les Pionniers de la science canadienne, G. F. G. Stanley, édit. (« Société royale du Canada, sér. Studia Varia », IX, Toronto, 1966), 81–100, 136–146.— N. B. Gwyn, Details connected with the evolution of medical education in Toronto, University of Toronto Medical Journal, VIII (1930) : 224–229 ; The early life of Sir William Osler, Bulletin IX of the International Association of Medical Museums and Journal of Technical Methods (Montréal, 1926), 109–149.— A. J. Johnson, The founder of the medical faculty, Dr. James Bovell, Trinity University Review (Toronto), XV (1902) : 104–106.
Claude E. Dolman, « BOVELL, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 13 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/bovell_james_10F.html.
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Auteur de l'article: | Claude E. Dolman |
Titre de l'article: | BOVELL, JAMES |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
Année de la révision: | 1972 |
Date de consultation: | 13 déc. 2024 |