CHAREST, ZÉPHIRIN, prêtre séculier, curé, né à Sainte-Anne-de-la-Pérade le 21 février 1813, fils d’Antoine Charest et de Marie-Anne Marchand, décédé à Saint-Roch de Québec le 7 décembre 1876.
Issu d’une famille nombreuse et de cultivateurs aisés, Zéphirin Charest a un frère médecin et il est parent de Mgr Louis-François Laflèche*. Élève au séminaire de Nicolet, il y remporte de brillants succès grâce à une mémoire légendaire. Il termine ses études théologiques à Québec où il est ordonné prêtre le 11 décembre 1836. Nommé vicaire à Saint-Roch de Québec, il y passera le reste de sa vie. Lors des événements de 1837 et de 1838, la paroisse Saint-Roch constitue une des zones les plus agitées de la région de Québec. Le curé et ses vicaires doivent, à la demande de l’évêque, prêcher contre le mouvement révolutionnaire. Des habitants du quartier profèrent même alors des menaces contre le curé et ses vicaires. En 1839, Charest succède au curé David-Henri Têtu.
Dans le second tiers du xixe siècle, le faubourg Saint-Roch est en pleine expansion, passant de moins de 8 000 habitants en 1831 à près de 25 000 en 1871. On y trouve surtout des ruraux venus travailler à la construction des navires sur la rivière Saint-Charles. Le curé Charest s’intéresse au sort matériel autant que spirituel de cette population aux mœurs rudes et fort dépourvue d’instruction. Les écoles tenues par des laïcs étant trop peu nombreuses dans le faubourg [V. Légaré], il fait appel aux communautés religieuses pour prêter main-forte. En 1841, reprenant un vœu de Mgr Joseph-Octave Plessis*, il demande les services des sœurs de la Congrégation de Notre-Dame déjà installées à la basse ville. Il fait construire un spacieux couvent dans lequel les religieuses s’installent en 1844 et il se constitue leur chapelain. Le couvent de Saint-Roch, qui reçoit pensionnaires et externes, sera l’objet de sa sollicitude et son asile de prédilection. Les sœurs s’en rapportent au curé pour bien des questions matérielles autant que spirituelles. Le couvent compte 1 000 élèves à la mort de Charest.
En 1852, le curé installe à Saint-Roch, dans une école appelée école du Sacré-Cœur, puis école Lagueux, les Frères des écoles chrétiennes, arrivés à Québec en 1842. C’est la Fabrique de Saint-Roch, sous l’impulsion du curé, qui assume les frais de construction et d’entretien de l’établissement. À la mort de Charest, 800 enfants fréquentent l’école des frères.
Des malheurs collectifs, comme les feux de Saint-Roch en 1845 et en 1866, révèlent la charité du curé Charest que des contemporains comparent à saint Vincent de Paul. De plus, assistant au déclin de la construction navale qui a fait la prospérité de sa paroisse, il prend, en 1866, la direction d’un comité pour jeter les bases de la Société de construction des navires de Québec. Cette société de petits actionnaires veut ranimer l’industrie de la construction navale. Son action semble avoir produit des résultats bien limités car la construction navale va dépérissant et l’émigration des Québécois s’accroît jusqu’à 1872. La paroisse Saint-Roch perd ainsi beaucoup de ses forces vives.
En 1853, on livre au culte à Saint-Sauveur une église placée sous la direction religieuse des pères oblats [V. Durocher]. Saint-Sauveur, desserte de Saint-Roch, connaît un développement rapide et bientôt ses fidèles demandent le détachement de la paroisse mère. L’autonomie complète de la paroisse Saint-Sauveur, obtenue en 1867, semble avoir été acceptée avec peine par le vieux curé Charest.
Le 7 décembre 1876, Charest meurt à l’âge de 63 ans. On lui fait des funérailles imposantes où se retrouvent une cinquantaine de prêtres et 7 000 personnes. Quelques jours plus tard, il est inhumé dans l’église de Saint-Roch.
Peu auparavant, les autorités municipales avaient substitué le nom de Charest à celui de la rue Saint-Antoine. Aujourd’hui, le boulevard Charest constitue une des grandes artères de la capitale du Québec.
Archives paroissiales de Saint-Roch (Québec).— Le Canadien (Québec), 22 janv. 1866.— Raoul Blanchard, L’Est du Canada français, province de Québec (2 vol., Montréal et Paris, 1935), II : 202ss.— Carrière, Histoire des O.M.I., III : I 37–146.— Drolet, Ville de Québec, III, 63–66.— J.-C. Gamache, Histoire de Saint-Roch de Québec et de ses institutions, 1829–1929 (Québec, 1929).— Histoire de la Congrégation de Notre-Dame de Montréal (10 vol., Montréal, 1941+), VII : 122, 124 ; IX : 141.— P.-G. Huot, Éloge du Rév. M. Z. Charest, curé de St. Roch de Québec (Québec, 1876).— L’œuvre d’un siècle ; centenaire des Frères des écoles chrétiennes au Canada (Montréal, 1937).— P.-G. Roy, Les cimetières de Québec (Lévis, 1941), 199 ; Les rues de Québec (Lévis, 1932), 43.
Pierre Savard, « CHAREST, ZÉPHIRIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/charest_zephirin_10F.html.
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Auteur de l'article: | Pierre Savard |
Titre de l'article: | CHAREST, ZÉPHIRIN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
Année de la révision: | 1972 |
Date de consultation: | 1 nov. 2024 |