DEARIN, JOHN JOSEPH, droguiste et homme politique, né probablement en 1818 à St John’s et baptisé le 15 mai 1819, fils de William Dearin et d’Elizabeth King, décédé le 25 juillet 1890 à St John’s.

Après avoir fait son apprentissage chez un pharmacien de St John’s, John Joseph Dearin travailla en qualité de commis droguiste à Harbour Grace, Terre-Neuve, avant de retourner à la ville à la fin des années 1840. Il ouvrit une droguerie rue Water en association avec son frère George et acquit bientôt la réputation d’exceller dans l’art de donner des conseils médicaux et de rédiger des ordonnances. Comme bon nombre de ses confrères, Dearin prit le titre de « docteur », sous lequel il fut toujours connu. Son commerce semble avoir été prospère ; par exemple, il fut le seul agent à Terre-Neuve de la J. C. Ayer and Company, de Lowell, Massachusetts, firme importante fabriquant des spécialités pharmaceutiques. En plus de préparer des médicaments, Dearin pratiqua parfois l’art dentaire ; il s’intéressa aussi au daguerréotype. Il devint célèbre dans la partie est de St John’s en tant que « personnage original qui avait son franc-parler ».

Les prises de position politiques de Dearin étaient caractéristiques de celles de la plupart des marchands catholiques de St John’s. Pendant les années 1850, il appuya la campagne en faveur d’un gouvernement responsable en écrivant des lettres dans le Patriot de Robert John Parsons. Au cours des années 1860, il manifesta son opposition à la confédération, comme il le fit d’ailleurs toute sa vie. Il n’entra toutefois pas dans la vie publique avant les années 1870, vraisemblablement pour des raisons personnelles. Catherine, sa première femme, mourut en 1864. Il se remaria le 4 juin 1866 avec Bessie Josephine Stanislaus Furlong mais celle-ci mourut en 1868. L’année suivante, il perdit aussi une fille née de son premier mariage ; seul restait un fils issu de son second mariage.

En 1873, le parti opposé à la Confédération, dirigé par Charles James Fox Bennett, remporta la victoire aux élections et Dearin, qui en était membre, fut élu pour la première fois député de St John’s East. Toutefois, le parti se désagrégea peu après les élections, et Dearin se retrouva dans l’opposition libérale. Comme la Confédération ne constituait plus un problème, les libéraux étaient disposés à appuyer toute législation progressiste que le gouvernement de Frederic Bowker Terrington Carter* pourrait proposer. Dearin, par exemple, encouragea les conservateurs à activer les travaux pour la construction du chemin de fer reliant St John’s à Carbonear. Il considérait ce projet comme la première phase de la ligne ferroviaire qui traverserait l’île, ligne que les conservateurs envisageaient prudemment d’ériger. « Construisez cette route, dit-il, et un avenir glorieux se lèvera sur le pays. » Lors de la session de 1876, Dearin présida une commission d’enquête dont le rapport appuyant le projet fut accepté par l’Assemblée. Pendant les sessions de 1877 et de 1878, il continua de parler avec enthousiasme de la proposition du gouvernement de construire un chemin de fer traversant l’île. Bien que Dearin se fût dévoué tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Assemblée, il fut défait aux élections de 1878 par Parsons, dont le père avait déjà été député de St John’s East. On entreprit la construction d’un chemin de fer reliant St John’s à Harbour Grace en 1881, à une époque où Dearin ne siégeait pas à l’Assemblée. Ce dernier contribua à perpétuer l’impression qu’il était le père du chemin de fer mais, en fait, le mérite aurait dû revenir au premier ministre sir William Vallance Whiteway*. Dearin ne joua que le rôle d’un propagandiste efficace ; néanmoins, comme le rapporta l’Evening Telegram, il ne fait nul doute que son fervent plaidoyer en faveur d’un plan discutable « eut pour résultat de préparer le terrain » en vue de son acceptation éventuelle.

Dearin fut réélu en 1882 sous la bannière du parti conservateur de Whiteway, qui, s’alliant avec les libéraux en vue de la construction du chemin de fer, avait fait campagne contre le « Nouveau Parti ». Dans le contexte des intrigues sectaires compliquées du milieu des années 1880, Dearin semble cependant s’être détaché des dirigeants politiques catholiques, dont sir Ambrose Shea* était le chef, et il fut battu aux élections de 1885. Quatre ans plus tard, Shea ayant quitté la scène politique, Dearin fut choisi comme candidat par le parti ressuscité de Whiteway, qui s’était engagé à terminer le chemin de fer traversant l’île. Il fut réélu député de St John’s East en 1889. Cependant, la tâche se révéla au-dessus de ses forces, et il mourut moins d’un an plus tard.

James K. Hiller

T.-N., House of Assembly, Journal, 1876.— Colonist (St John’s), 2 août 1890.— Evening Mercury, 2 nov. 1885, 9 nov. 1889.— Evening Telegram (St John’s), 26 juill. 1890.— Harbour Grace Standard (Harbour Grace, T.-N.), 10 mars 1877.— Newfoundlander, 6 juin 1864, 4 juin 1866, 9 juin 1868, 24 févr. 1869, 8 nov. 1878, 7 nov. 1882.— Patriot (St John’s), 7 janv. 1854, 15 nov. 1873.— Public Ledger, 14 mars, 14 mai 1878.— Times and General Commercial Gazette, 30 juill. 1890.— Frank Cramm, « The construction of the Newfoundland railway, 1875–1898 » (thèse de m.a., Memorial Univ. of Newfoundland, St John’s, 1961).— Devine, Ye olde St. John’s.

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James K. Hiller, « DEARIN, JOHN JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/dearin_john_joseph_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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