DESJARDINS, FRANÇOIS-XAVIER, marchand et patriote, né probablement à Saint-Benoît, Bas-Canada, vers 1802, fils de Joseph Desjardins et de Marie-Josephte Prévost, décédé le 14 novembre 1867 à Saint-Michel-de-Vaudreuil (Vaudreuil), Québec.

Les activités de François-Xavier Desjardins, de sa naissance à sa participation aux troubles de 1837–1838, sont encore mal connues. Nous savons toutefois que Desjardins, « marchand au haut de Vaudreuil », épousa, le 17 décembre 1823, en l’église presbytérienne St Andrew de Montréal (St Andrew and St Paul), Mary Delesderniers, fille de John Mark Crank Delesderniers, de Vaudreuil. De cette union naquirent trois filles et un garçon. Il semble que les activités commerciales de Desjardins furent florissantes puisqu’il fut propriétaire de cinq terres à Pointe-à-Cavagnal (appelé Como vers 1860, de nos jours Como-Est).

Quand l’insurrection de 1837–1838 éclata, Desjardins gagna les rangs des Patriotes de Vaudreuil et du lac des Deux-Montagnes. Sa participation au mouvement patriotique lui valut même deux séjours en prison suite aux dénonciations de John Augustus Mathison, chef des loyalistes britanniques de la région, juge de paix et rival de longue date de Desjardins : la première fois, du 16 décembre 1837 au 28 février 1838, la seconde, du 4 novembre au 17 décembre 1838. Selon ces dénonciations détaillées, Desjardins aurait été un des chefs patriotes de la région avec son frère, Fabien. En plus de tenir des réunions chez lui, il aurait été parmi ceux qui ont recruté et armé quelque 150 habitants pour défendre le village de Saint-Benoît. Les armes et munitions leur auraient été fournies par son cousin Alselme Desjardins, propriétaire d’une fonderie à Rigaud et également fournisseur de munitions pour le Dr Jean-Olivier Chénier* de Saint-Eustache. Desjardins fut aussi accusé d’avoir soutenu financièrement William Whitlock, un sympathisant américain, qui incita les Britanniques à la révolte par ses nombreux écrits. Bien qu’il niât le bien-fondé de ces accusations, Desjardins fut vraisemblablement l’un des organisateurs du mouvement insurrectionnel dans sa phase préparatoire. Peut-être prit-il part au conflit armé en décembre 1837, mais aucune charge ne fut retenue contre lui.

Après l’agitation politique, Desjardins reprit ses activités commerciales en s’associant avec son frère, Fabien. Le 20 août 1845, neuf mois après le décès de sa première épouse, Desjardins, qui se dit alors négociant, se mariait à Saint-Jérôme avec Virginie Laviolette. La même année, il allait participer au réveil industriel des seigneuries de Vaudreuil et de Rigaud en se faisant le promoteur d’une verrerie à Pointe-à-Cavagnal.

En effet, le 24 septembre 1845, Desjardins s’associait, pour une période de huit ans, avec Marc-Damase Masson*, Jules-Édouard Bardy et François Coste, tous de Montréal, dans le but d’établir et d’exploiter une verrerie. La verrerie projetée avec ses fourneaux et dépendances allait être construite sur un des terrains loués à la compagnie par Desjardins ; cette entente devait subsister tant et aussi longtemps que les bâtiments serviraient à la fabrication du verre. En plus de fournir £150, chaque sociétaire de la Masson & Cie se voyait assigner une tâche spécifique. Desjardins fut chargé de la vente des produits manufacturés dans le secteur de Vaudreuil. Cependant, avant même la fin de la construction des bâtiments, la nouvelle compagnie connut ses premiers déboires. Le 16 décembre, Desjardins se retira de l’association avec sa part d’investissements et de profits s’élevant à £305. En février 1846, il refusa de céder à la compagnie vivotante une nouvelle lisière de terrain nécessaire à son expansion sous prétexte qu’elle ne pouvait justifier cette demande. Pendant les années qui suivirent, la compagnie changea de main à plusieurs reprises devenant, en 1847, l’Ottawa Glass Works alors propriété de Stewart Derbishire et George-Paschal Desbarats, imprimeurs de la reine. Ce n’est qu’à partir de 1851 que la compagnie, appelée alors Canada Glass Works Company Limited, connut un essor qui s’estompera vers 1875. Desjardins retira un loyer de son terrain au moins jusqu’en 1851.

Les occupations de Desjardins comme juge de paix, coroner et capitaine de milice sont les seules connues après l’épisode plus ou moins heureux de la verrerie. Desjardins continua probablement de s’intéresser aux affaires ; le fait qu’il ait été propriétaire de l’île Cadieux du lac des Deux-Montagnes en 1863 peut être l’indice d’une certaine aisance.

Marcel Bellavance et Gérard Goyer

ANQ-M, État civil, Presbytériens, St Andrew (Montréal), 17 déc. 1823 ; Greffe de J.-O. Bastien, fils, 1er nov. 1844.— ANQ-Q, QBC 25, Événements de 1837–1838, nos 116, 1 064s., 1 067–1 069, 3 888, 3 890, 3 894.— Archives judiciaires, Terrebonne (Saint-Jérôme), Registre d’état civil, Saint-Jérôme, 20 août 1845.— Archives paroissiales, Saint-Michel-de-Vaudreuil (Vaudreuil, Québec), Registres des baptêmes, mariages et sépultures, 18 nov. 1867.— Fauteux, Patriotes, 207.— R.-L. Séguin, Étude monographique relative à la paroisse de Saint-Thomas d’Aquin d’Hudson, comté de Vaudreuil (Rigaud, Québec, 1947).— G. F. Stevens, Early Canadian glass (Toronto, [1961]).— R.-L. Séguin, La famille Delesderniers, BRH, LVIII (1952) : 131, 133 ; La verrerie du haut de Vaudreuil, BRH, LXI (1955) : 119–128.

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Marcel Bellavance et Gérard Goyer, « DESJARDINS, FRANÇOIS-XAVIER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 5 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/desjardins_francois_xavier_9F.html.

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Titre de l'article:    DESJARDINS, FRANÇOIS-XAVIER
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
Date de consultation:    5 déc. 2024