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DUMOULIN, PIERRE-BENJAMIN, avocat, seigneur, homme politique, juge de paix, fonctionnaire, spéculateur foncier et juge, né fort probablement en 1799 à Trois-Rivières, Bas-Canada, fils de François Dumoulin et de Louise Cressé ; le 2 mai 1825, il épousa dans la même ville Hermine Rieutord, fille unique de François Rieutord, chirurgien, et ils eurent 11 enfants dont seulement 6 atteignirent l’âge adulte ; décédé le 24 septembre 1856 au même endroit.
Pierre-Benjamin Dumoulin fait partie d’une famille typique de la petite bourgeoisie dont la présence est signalée au Bas-Canada vers la fin du xviiie siècle. Originaire du canton de Berne, en Suisse, son père se déclare dans des documents de l’époque négociant résidant à Sainte-Anne-de-Bout-de-l’Ile (Sainte-Anne-de-Bellevue, Québec) en 1796. Sa mère est la sœur de Pierre-Michel Cressé*, seigneur de Courval et de Nicolet. Cohéritière du tiers de la seigneurie de Courval en 1764, Louise Cressé en acquiert avec François Dumoulin de Pierre-Michel Cressé en 1796 les deux autres tiers. Huit ans plus tard, les Dumoulin se départent de l’ensemble de la seigneurie. Deux frères de Pierre-Benjamin Dumoulin exercent leur activité à Trois-Rivières, Jean-Emmanuel comme notaire et Louis-François comme marchand. Un autre frère, Sévère, sera notamment missionnaire dans la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba) avec Joseph-Norbert Provencher et curé de la paroisse Sainte-Anne, à Yamachiche, dans le Bas-Canada.
Après avoir étudié au séminaire de Nicolet de 1810 à 1815, Dumoulin entre en 1816 au bureau de Pierre Vézina, avocat de Trois-Rivières, en qualité de clerc. Admis au barreau le 21 juillet 1821, il décide de s’établir dans cette ville où il s’adonne à la pratique de sa profession. Vers le milieu des années 1820, Dumoulin a acquis une partie de la seigneurie de Grosbois-Est ; c’est à ce titre que dès 1825 il retire des rentes de ses censitaires et accorde des prêts sur hypothèque.
En 1826, à peine âgé de 27 ans, Dumoulin se lance en politique, se présentant comme candidat à la chambre d’Assemblée lors d’une élection partielle dans la circonscription de Saint-Maurice ; il dispute les suffrages à Charles Richard Ogden*, procureur général du Bas-Canada. Malgré l’appui qu’il reçoit de Charles-Elzéar Mondelet* et de Ludger Duvernay dans l’Argus, « journal électorique » destiné à promouvoir sa candidature, il subit la défaite. L’année suivante, il sollicite de nouveau la confiance de ses concitoyens et est élu député de la circonscription de Trois-Rivières ; il occupera ce poste jusqu’en 1832, année où il remet sa démission. Selon Thomas Chapais*, Dumoulin se serait signalé en 1831 lors du débat sur le projet de loi qui visait à réduire les pouvoirs du curé dans l’administration de la paroisse en s’opposant à l’adoption de cette mesure défendue par Louis-Joseph Papineau* et Louis Bourdages*. Chapais rapporte également qu’au cours de l’été de 1837, devant la radicalisation de certains membres du parti patriote, Dumoulin se serait prononcé « fortement contre les doctrines prêchées dans différentes réunions anticoercitives et contre les résolutions adoptées par elles ».
Peu après le début de la rébellion, Dumoulin est fait conseiller de la reine le 13 janvier 1838 et nommé juge de paix le 16 janvier 1838, charge qui lui est renouvelée le 2 juillet 1839. Le 24 avril de cette dernière année, il est nommé commissaire de la Cour des requêtes et, le 7 septembre 1840, commissaire des banqueroutes. Son accession à la magistrature témoigne du fait qu’il avait su s’assurer les bonnes grâces du Conseil spécial. La Cour des requêtes est cependant abolie en décembre 1841 et Dumoulin retourne alors à l’exercice de sa profession. En 1843, il perd son titre de conseiller de la reine et est démis de ses fonctions de commissaire des banqueroutes à la suite de plaintes portées contre lui par le colonel Bartholomew Conrad Augustus Gugy*. Cette disgrâce durera une dizaine d’années.
Cela n’empêche pas Dumoulin d’investir à nouveau la scène publique en 1845, après une absence de 13 ans. Cette année-là, la paroisse de Trois-Rivières est érigée en municipalité et il en est élu le premier maire. En 1853, il sera de nouveau élu maire et il occupera ce poste durant un an. Entre-temps, il est probable que l’introduction de la responsabilité ministérielle ait incité Dumoulin à faire un retour à la politique provinciale. Aux élections de 1848, il s’est présenté contre un avocat de Trois-Rivières, Antoine Polette*, dans la circonscription de Trois-Rivières, mais il a subi la défaite. Un an après son échec, il s’allie à d’autres membres du barreau de la région de Trois-Rivières pour dénoncer le projet de loi sur la judicature qui prévoyait, entre autres, la dissolution du district judiciaire de Trois-Rivières. En décembre 1851, il est élu député de la circonscription d’Yamaska à l’Assemblée législative de la province du Canada où il siégera jusqu’en juin 1854. Comme député d’Yamaska, il prend position en 1852 en faveur de la construction d’un chemin de fer devant relier Trois-Rivières à Saint-Christophe-d’Arthabaska (Arthabaska).
En 1853, Dumoulin regagne la confiance de ses confrères et des autorités. Le 7 mai de cette année-là, il est nommé bâtonnier du district de Trois-Rivières, titre qu’il conservera jusqu’à sa mort. Puis, le 5 juillet de la même année, le gouverneur de la province du Canada, lord Elgin [Bruce*], le nomme conseiller de la reine. Finalement, le 6 mars 1856, Dumoulin est choisi comme juge en chef de la Cour des sessions trimestrielles de Trois-Rivières.
Lors du démembrement du domaine des forges du Saint-Maurice en 1845, Dumoulin saisit l’occasion d’ajouter à sa pratique du prêt hypothécaire celle de la spéculation foncière. Après s’être départi de la seigneurie de Grosbois-Est en 1846, il achète cette année-là la seigneurie Saint-Maurice et spécule sur la revente des lots qu’elle contient. L’achat de cette seigneurie par Dumoulin est vivement dénoncé par James Dickson, marchand de Trois-Rivières, qui voulait lui aussi s’en porter acquéreur. Cette transaction a pour résultat de consolider les assises économiques de la famille Dumoulin.
Pierre-Benjamin Dumoulin meurt à Trois-Rivières le 24 septembre 1856, à l’âge de 57 ans. Il est inhumé trois jours plus tard dans la cathédrale de cette ville. Il laisse une belle famille : Sévère, avocat, député, maire de Trois-Rivières en 1865 et shérif du district de Trois-Rivières de 1869 à 1882 ; Jean-Gaspard, avocat et protonotaire d’Arthabaska ; Pantaléon-Benjamin, notaire de Trois-Rivières ; Charles, avocat et shérif de Trois-Rivières en remplacement de Sévère à partir de 1882. Après la mort de Dumoulin, au moins deux de ses fils, Charles et Pantaléon-Benjamin, prennent sa relève dans le domaine de la spéculation foncière et vont participer au mouvement d’achat et de revente des lots qui accompagne la première vague d’expansion urbaine à Trois-Rivières entre 1850 et 1880.
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Benoît Gauthier, « DUMOULIN, PIERRE-BENJAMIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 5 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/dumoulin_pierre_benjamin_8F.html.
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Auteur de l'article: | Benoît Gauthier |
Titre de l'article: | DUMOULIN, PIERRE-BENJAMIN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
Date de consultation: | 5 nov. 2024 |