FISHER, EDWARD, chef d’orchestre, professeur, organiste et administrateur scolaire, né le 11 janvier 1848 à Jamaica, Vermont, fils du docteur Chesselden Fisher ; le 14 août 1876, il épousa Florence E. Durgan, de Boston ; décédé le 31 mai 1913 à Toronto.

Né de parents américains d’ascendance anglaise, Edward Fisher étudia la musique à Worcester, dans le Massachusetts, avant d’entrer en 1867 au Boston Conservatory of Music. Le violoniste et compositeur Julius Eichberg lui enseigna l’harmonie et le contrepoint, Joseph Bennett Sharland, le piano, et Whitney Eugene Thayer, l’orgue. Dans la région bostonienne, Fisher se fit connaître en tant que pianiste, avec la Boston Choral Union et la Newton Musical Association, et en tant qu’organiste, à l’église unitarienne Second et à l’église Phillips, toutes deux à Boston même, et à l’église Eliot de Newton. Il alla parfaire sa formation musicale à Berlin auprès de Carl August Haupt (orgue) et de Carl Albert Loeschhom (piano). En 1875, il s’installa à Ottawa, où il devint directeur musical de l’Ottawa Ladies’ College, dirigea l’Ottawa Choral Society et donna plusieurs récitals d’orgue.

Ensuite, Fisher s’établit à Toronto. Il tint l’orgue à l’église presbytérienne St Andrews de 1879 à 1899 et fut quelques années directeur musical à l’Ontario Ladies’ College de Whitby. Bientôt, sur son initiative, la St Andrew’s Choral Society s’élargit et prit le nom de Toronto Choral Society. Formée de 150 à 400 chanteurs, selon les œuvres au programme, elle était accompagnée d’un orchestre dont le nombre de musiciens variait aussi. Sous la direction de Fisher, elle interprétait les grandes œuvres du répertoire choral européen : Haendel, Haydn, Mendelssohn, Rossini, Gounod, Hiller et Schumann. Le chef d’orchestre Frederick Herbert Torrington faisait concurrence à Fisher en dirigeant, à la Toronto Philharmonic Society, un répertoire semblable. En 1891, Fisher démissionna de la direction de la chorale pour se consacrer à l’administration et à l’enseignement.

Fisher avait envisagé d’ouvrir une école de musique à Ottawa, mais il attendit d’être à Toronto pour réaliser son projet. Il parvint à intéresser un certain nombre d’éminents citoyens et, le 20 novembre 1886, le Toronto Conservatory of Music fut constitué juridiquement. Environ la moitié du capital initial de 50 000 $ fut souscrit sans délai ; Fisher lui-même investit 5 000 $. Installé avenue Wilton, dans des locaux loués, le conservatoire ouvrit ses portes le 5 septembre 1887. Durant 26 ans, Fisher y exercerait une direction compétente et fructueuse. Il réunit un excellent corps professoral ; lui-même enseignait le piano, l’orgue et la théorie. Le conservatoire se divisait en deux sections : collégiale et préparatoire. D’une durée de trois ans, le cours collégial visait à former des musiciens professionnels. Le cours préparatoire s’adressait aux amateurs et aux futurs élèves du cours collégial. Le conservatoire fut affilié au Trinity College de 1889 à 1904 et à la University of Toronto à compter de 1896.

Outre ses talents musicaux, Fisher avait les qualités d’un homme du monde ; aussi avait-il vite fait son chemin dans la société torontoise. Diplomate et habile en affaires, il ne semble pas avoir eu de conflits avec son conseil d’administration, d’abord composé de George William Allan à la présidence, de John Alexander Boyd et George Albertus Cox à la vice-présidence et de Fisher lui-même à la direction musicale et au secrétariat. Henry Mill Pellatt*, John Irvine Davidson* et Robert Jaffray figuraient parmi les actionnaires. À cause de l’augmentation constante du nombre d’élèves, le conservatoire emménagea en 1897 dans un nouvel édifice, à l’angle de la rue College et de l’avenue University. Deux ans plus tard, la direction décida de tenir des examens à l’extérieur de Toronto. Dès l’année scolaire 1911–1912, le conservatoire comptait 2 040 élèves et tenait des examens à une centaine d’endroits, dans tout l’Ouest canadien, en Ontario et au Québec. Les chiffres illustrent la progression rapide du système d’examens, qui demeure toujours le secteur le plus rentable du conservatoire.

Bien que Fisher ait été un musicien accompli et ait continué d’enseigner, il demeure connu surtout comme directeur du conservatoire. Par sa planification attentive, son souci du détail et son esprit visionnaire, il contribua grandement à orienter la destinée de l’établissement. En 1898, le Trinity College lui avait décerné un doctorat honorifique en musique. En 1908, en reconnaissance de son apport au Toronto Conservatory of Music, le compositeur Joseph Humfrey Anger le surnomma « le Mendelssohn du Canada ». Le conservatoire survivrait au Toronto College of Music de Torrington, qui avait été fondé en 1888 et fut la première école de musique affiliée à la University of Toronto (1890), de même qu’à tous les autres conservatoires de Toronto. Appelé Royal Conservatory of Music of Toronto depuis 1947, il est le seul conservatoire torontois qui subsiste du xixe siècle.

Edward Fisher mourut d’une cardiopathie en 1913 à la suite de deux mois de maladie. Après ses obsèques, qui eurent lieu à partir du conservatoire, ce fervent unitarien fut inhumé au cimetière Mount Pleasant. Augustus Stephen Vogt* lui succéda à la direction du conservatoire.

Gaynor G. Jones

Les sources de documentation sur la vie d’Edward Fisher sont indiquées dans notre article « The Fisher years : the Toronto Conservatory of Music, 1886–1913 », Institute for Canadian Music, Three studies (Toronto, 1989), 59–145.  [g. g. j.]. On consultera aussi Encyclopédie de la musique au Canada (Kallmann et al.).

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Gaynor G. Jones, « FISHER, EDWARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/fisher_edward_14F.html.

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Auteur de l'article:    Gaynor G. Jones
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
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