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FORREST, JOHN, ministre presbytérien et éducateur, né le 25 novembre 1842 à New Glasgow, Nouvelle-Écosse, fils d’Alexander Forrest et de Barbara Ross McKenzie, et frère d’Isabella* ; le 20 décembre 1871, il épousa à Lunenburg, Nouvelle-Écosse, Annie Prescott Duff, et ils eurent deux fils et une fille ; décédé le 23 juin 1920 à Halifax.
John Forrest fit ses études au Free Church College de Halifax. Ordonné en 1866, il devint immédiatement ministre de l’église St John, dans la même ville, où il bâtit une congrégation solide et fervente. Sa réputation était telle que, en 1878, il fut invité à représenter l’Église presbytérienne au conseil d’administration de la Dalhousie University. Sa sœur Catherine était mariée à George Munro*, lui aussi originaire du comté de Pictou et éditeur à New York. Pendant un long séjour à Halifax en 1879, Munro apprit de Forrest combien la Dalhousie University se trouvait dans une situation déplorable. Par exemple, elle avait désespérément besoin d’un professeur de physique mais ne pouvait le payer. « Trouve l’homme, je trouverai l’argent », dit Munro. Ainsi fut créée la première de cinq chaires généreusement dotées et s’amorça la renaissance de l’université. En 1881, Forrest se laissa convaincre d’accepter la chaire d’histoire et d’économie politique offerte par son beau-frère. Il dut cependant abandonner son ministère à l’église St John. Il devint le troisième recteur de la Dalhousie University en 1885, quand James Ross* prit sa retraite.
Forrest avait l’esprit ouvert à toutes les confessions religieuses. Lorsque le King’s College de Windsor, anglican, demanda quelle condition préalable il devrait satisfaire pour s’associer à l’université, Forrest répondit qu’il n’en poserait aucune. Les deux établissements mettraient tout simplement en commun leurs ressources, leurs conseils d’administration, leurs professeurs, leurs étudiants et leurs dotations. Il ne dévia jamais de cette ligne de conduite. Sa conviction, et celle de Dalhousie, était qu’aucune université digne de ce nom ne pouvait se tirer d’affaire seule depuis la cessation complète des subventions provinciales en 1881. En outre, il eut l’intelligence de comprendre que Dalhousie ne pouvait pas rester en plein centre-ville de Halifax, sur le Grand Parade, terrain que la municipalité convoitait ardemment. Avec le conseil d’administration, il insista pour qu’elle s’établisse au plus tôt dans ce qui était alors la banlieue ouest. Un grand édifice en brique fut construit en 1887 grâce à un don de sir William Young*, et l’université s’y installa à l’automne. (On baptisa ce bâtiment Forrest Building en 1919.)
Forrest était un homme imposant, et il voyait grand. Le surnom que lui donnaient les étudiants, « lord John », lui convenait assez bien. Il avait pour règle de favoriser l’expansion. Avec de l’argent de Munro, il lança l’école de droit en 1883 [V. Robert Sedgewick*]. Grâce à Forrest, le Halifax Medical College s’affilia à l’université en 1887 [V. Edward Farrell*] et le Maritime Dental College fit de même en 1908. Il ajouta le génie minier en 1902 et le transforma en faculté de génie en 1905. Mais, comme le génie coûtait cher, les universités de la province et Mount Allison au Nouveau-Brunswick convinrent en 1906 de demander au gouvernement de la Nouvelle-Écosse de prendre en main la formation des ingénieurs. Le Nova Scotia Technical College, collège de génie subventionné par le gouvernement, fut créé en 1907. Ce fut sous le rectorat de Forrest que le conseil d’administration de Dalhousie acheta en 1910 le domaine Studley, d’une superficie de 43 acres, des héritiers de Robert Murray*, Elizabeth Carey, sa veuve, et leur fils aîné. Il y a cependant lieu de penser que, revigoré par la nomination récente de l’homme d’affaires haligonien George Stewart Campbell à la présidence, le conseil lui-même eut une grande part dans cette initiative. Forrest avait une sorte de sixième sens quand il s’agissait de dénicher des talents. Il recruta des hommes qui apporteraient une contribution remarquable à la vie intellectuelle – et à la vie tout court – de la Dalhousie University : James Gordon MacGregor, titulaire de la chaire Munro de physique de 1879 à 1901 ; Richard Chapman Weldon*, doyen de la faculté de droit et titulaire d’une chaire Munro de 1883 à 1914 ; Archibald McKellar MacMechan*, titulaire de la chaire Munro d’anglais de 1889 à 1933, pour n’en nommer que trois.
Forrest avait des méthodes administratives désinvoltes qui ne cadraient guère avec le mouvement d’expansion qu’il avait lancé. Il était à la fois économe, registraire, recteur et doyen des études. Il recueillait lui-même les paiements des étudiants. On racontait qu’il plaçait l’argent des étudiants en arts dans l’une de ses poches, celui des étudiants en droit dans une autre, celui des étudiants en médecine dans une troisième. Une rumeur, peut-être exacte car elle provenait du secrétariat, voulait que la correspondance administrative de Dalhousie se trouve sur les manchettes de chemise empesées du recteur Forrest. L’université n’eut pas de machine à écrire avant 1907 et, même à ce moment-là, on ne s’en servait pas souvent. À son arrivée en 1911, le successeur de Forrest, Arthur Stanley Mackenzie*, trouva bien peu de dossiers, à part les procès-verbaux du conseil d’administration et du conseil universitaire.
John Forrest continua d’habiter Halifax et d’assister aux cérémonies à titre de professeur émérite pendant que les édifices se multipliaient sur le campus Studley. En janvier 1920, aux obsèques d’Ebenezer Mackay, professeur de chimie très aimé, il dit, au cours de son sermon : « Et quel est le message qu’il vous adresse maintenant, jeunes hommes, de ce cercueil ? C’est un message clair et limpide : « Soyez prêts vous aussi ; soyez fidèles à tout ce dont vous avez la charge, comme il l’a été, et, s’il le faut, comme lui, fidèle jusqu’à la mort. » C’était presque sa propre épitaphe : il mourut quelques mois plus tard, à l’âge de 77 ans.
Il n’existe pas de papiers Forrest comme tels, mais seulement des lettres isolées faisant partie de la correspondance du conseil d’administration de la Dalhousie Univ. et conservée aux Dalhousie Univ. Arch. (Halifax), MS 1-1, B. Il y a aussi une ou deux lettres intéressantes dans les papiers A. McK. MacMechan aux archives de l’université, sous la cote MS 2-82 ; ces lettres témoignent de l’aptitude de Forrest, comme recteur, à recruter de bons professeurs. [p. b. w.]
Arch. privées, P. B. Waite (Halifax), entrevue avec Miss Lola Henry, Halifax, 28 avril 1990.— Dalhousie Gazette (Halifax), 24 mars 1920.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898 et 1912).— A. J. Crockett, George Munro, « The Publisher » (Halifax, 1957), paru d’abord sous forme de quatre articles dans Dalhousie Rev. (Halifax), 35 (1955–1956) et 36 (1956–1957).— A. E. Marble, Nova Scotians at home and abroad, including brief biographical sketches of over six hundred native born Nova Scotians (Windsor, N.-É., 1977).— Wallace, Macmillan dict.
P. B. Waite, « FORREST, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 10 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/forrest_john_14F.html.
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Auteur de l'article: | P. B. Waite |
Titre de l'article: | FORREST, JOHN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
Date de consultation: | 10 nov. 2024 |