ROSS, JAMES, ministre presbytérien, directeur de journal et éducateur, né le 28 juillet 1811 à West River, Nouvelle-Écosse, fils du révérend Duncan Ross* et d’Isabella Creelman ; le 27 septembre 1838, il épousa Isabella, fille de William Matheson, et ils eurent plusieurs enfants ; décédé le 15 mars 1886 à Dartmouth, Nouvelle-Écosse.

James Ross et sa future épouse fréquentèrent la même école dans la région du cours inférieur de la rivière East, comté de Pictou. Il termina avec succès ses études à l’école du docteur Thomas McCulloch*, de Pictou, obtint une licence d’enseignant le 12 octobre 1831 et accepta un emploi « lucratif » à la Westmorland County Grammar School, à Sackville au Nouveau-Brunswick. Après la mort de son père, Ross accepta l’invitation de la congrégation de celui-ci et fut ordonné ministre presbytérien à West River le 3 novembre 1835. Il touchait £150 par année en argent et en denrées, et sa congrégation comptait plus de 175 familles. Il exploita également une grande ferme à West River, publia, probablement en 1842–1843, le Presbyterian Banner qui fusionna avec le Mechanic and Farmer en 1843 pour devenir l’Eastern Chronicle, fut greffier du synode du 30 juillet 1839 au 25 juin 1847 et donna des cours de théologie à Princetown (Malpeque), Île-du-Prince-Édouard, en 1846.

Avec le révérend William McCulloch, fils de Thomas McCulloch, Ross élabora la stratégie qui aboutit à la fondation d’un séminaire presbytérien à West River en vue de la formation d’un clergé local. Le 22 juillet 1846, deux ans avant l’ouverture officielle du séminaire, Ross fut choisi comme professeur de littérature biblique et, en juillet 1848, il accepta également la chaire de philosophie. Le séminaire, dirigé par le synode de l’Église presbytérienne de la Nouvelle-Écosse et logé dans le Temperance Hall mal aéré, situé au-dessus de l’école de West River, reçut ses 12 premiers étudiants le 9 novembre 1848. Ross y enseigna jusqu’en 1858 au salaire de £175 par année, dont une partie provenait d’un legs de charité fait par sa belle-mère. Afin de diminuer son fardeau, la congrégation de West River fut divisée en deux en 1848, et, en 1851, il abandonna son travail pastoral. L’insuffisance des locaux du séminaire aboutit à une lutte violente au sujet du choix d’un nouvel emplacement, jusqu’à ce que l’on opte pour Truro en 1856. Cette controverse et une amère rupture au sein de l’ancienne congrégation de Ross contribuèrent, en 1857, à l’écroulement de sa santé ; cependant, lorsque le séminaire ouvrit ses portes à Truro, dans des locaux inachevés, le 1er septembre 1858, il fut en mesure de reprendre l’enseignement.

L’union, en 1860, de l’Église presbytérienne de la Nouvelle-Écosse et de l’Église libre de la Nouvelle-Écosse ranima la discussion au sujet de la réouverture du Dalhousie College à Halifax, qui avait existé de 1838 à 1845 mais était, depuis, inutilisé. Pressés par George Monro Grant*, un des premiers diplômés du séminaire de West River, Charles Tupper* et Joseph Howe* réussirent à faire adopter par l’Assemblée, le 29 avril 1863, un projet de loi pour remettre sur pied et financer Dalhousie College. Les classes du séminaire de Ross furent transférées de Truro à l’édifice délabré de Dalhousie, sur le terrain de parade de Halifax, et, le 19 octobre 1863, Ross devint président du collège ressuscité. À son ouverture, le 10 novembre 1863, l’établissement comptait 60 étudiants et six professeurs : Ross et Thomas McCulloch, dont les traitements étaient assumés par l’Église presbytérienne, Charles Macdonald*, payé par l’Église libre, le révérend William Lyall, George Lawson* et John Johnson, rétribués par le collège. Ross fit d’abord état d’une « violente opposition » au collège chez les presbytériens ; cette opposition se dissipa cependant au cours de 1864 devant les attaques des partisans baptistes de l’Acadia College de Wolfville, Nouvelle-Écosse. Le 29 mars 1864, la chambre d’Assemblée de la Nouvelle-Écosse rejeta par un vote de 30 à 14 un projet de loi qui aurait pu signifier l’arrêt de mort du Dalhousie College. En avril, Ross reçut un diplôme honorifique de Queen’s, le collège presbytérien de Kingston dans le Haut-Canada.

Sous la présidence de Ross, qui dura 22 ans, l’inscription tripla, le nombre des professeurs passa à 21 et l’on assista à la création des écoles de médecine et de droit. Le collège décerna le premier baccalauréat ès arts en 1866, puis une maîtrise ès arts en 1869, un doctorat en philosophie en 1872, un baccalauréat en sciences en 1880 et un baccalauréat en droit en 1885. Ces résultats ne furent pas atteints sans difficulté. Les professeurs devaient affronter les odeurs « fétides et invisibles » de la cuisine de la conciergerie au sous-sol et celles des cadavres en décomposition des classes d’anatomie au grenier ; pendant la récréation des « jeunes sauvages de Halifax », comme Ross décrivait les étudiants de la National School à proximité, il devenait impossible d’entendre les cours ; même les fanfares militaires avaient la mauvaise habitude de s’exercer sous les fenêtres des classes. Financièrement, le collège devait mener une lutte de tous les instants. L’engagement initial de l’Église presbytérienne de la Nouvelle-Écosse de payer ses professeurs était certes satisfait en partie grâce à un legs de charité de $35 000 fait à l’Église par le beau-père de Ross. En 1871, on décrivait la situation du collège comme « extraordinaire et humiliante ». Le 9 octobre 1878, le révérend John Forrest*, beau-frère de George Munro*, fut nommé membre du conseil d’administration. Moins d’un an après, Munro, natif du comté de Pictou et éditeur de New York, commença de verser au Dalhousie College des contributions d’une ampleur encore jamais vue en Amérique du Nord britannique. Ces dons qui s’élevèrent à environ $350 000 assurèrent l’avenir de l’institution.

Les étudiants ont exprimé des opinions différentes sur les qualités de professeur de Ross, et sir William Young, président du conseil d’administration, déclara en 1878, lorsqu’il tenta d’organiser, en vain, la retraite de Ross, que « la santé et la force physique du directeur [étaient] à ce point chancelantes qu’elles l’empêch[ai]ent de donner un enseignement convenable ». Cette maladie pourrait expliquer pourquoi de nombreux étudiants avaient le sentiment que Charles Macdonald était le véritable directeur de l’université. En toute justice, il convient de rappeler que Ross avait perdu sa femme et une fille entre 1875 et 1878.

Ross abandonna la présidence le 1er mai 1885 et John Forrest le remplaça. Il se retira à Morven, sa résidence de Dartmouth, où il mourut le 15 mars 1886. À son enterrement, au cimetière de Camp Hill à Halifax, presque tous les étudiants de l’université étaient présents.

Allan C. Dunlop

Dalhousie Univ. Arch., ms 2–8, J. A. Bell, « Dalhousie College and University » (1887).— PANS, Vert. file, Genealogy – Tattrie family, Gordon Haliburton, « The Tattrie family of River John (1752–1952) [...] » (copie dactylographiée, 1953).— E. A. Betts, Pine Hill Divinity Hall, 1820–1970 ; a history (Truro, N.-É., 1970).— D. C. Harvey, An introduction to the history of Dalhousie University (Halifax, 1938).— G. [G.] Patterson, Studies in Nova Scotian history (Halifax, 1940), 100–106.— William Verwolf, « The West River Presbyterian Seminary », Addresses at the celebration of the one hundred and fiftieth anniversary of the arrival in Nova Scotia of Rev. James Drummond MacGregor, D.D. [...], Frank Baird, édit. (Toronto, 1937), 249–259.— Dalhousie Gazette (Halifax), 12 janv. 1903.

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Allan C. Dunlop, « ROSS, JAMES (1811-1886) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/ross_james_1811_1886_11F.html.

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Auteur de l'article:    Allan C. Dunlop
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
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