Titre original :  Frederick John Fulton of Kamloops. - RBCM Archives

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Fulton, Frederick John, avocat, juge et homme politique, né le 8 décembre 1862 à Bedlington, Angleterre, fils d’Alexander Fulton et de Barbara Gibson ; le 12 mai 1909, il épousa à Victoria Winifred Mary Davie, et ils eurent quatre fils ; décédé le 25 juillet 1936 à Kamloops, Colombie-Britannique.

Après avoir reçu son diplôme de la University of Cambridge en 1883 et étudié le droit, Frederick John Fulton immigra au Canada en 1887. Il exerça pendant une courte période avec Thomas Colhoun Haslett à Hamilton, en Ontario, puis s’installa à Kamloops, en partie parce que la région était propice à la pêche sportive. En août 1889, il se joignit à un cabinet de l’endroit, celui de William Ward Spinks. De 1891 à 1900, Fulton agit comme administrateur et juge de la Cour de révision pour le district de Yale. Il devint conseiller de la reine en 1901. Spinks ayant lancé son entreprise en 1885, la Fulton and Company LLP célébrerait son cent-vingt-cinquième anniversaire en 2010.

En tant qu’homme politique, Fulton appuya l’introduction de lignes de parti officielles à l’Assemblée législative de la Colombie-Britannique et obtint l’investiture conservatrice dans Yale North en vue des élections provinciales générales du 9 juin 1900. Néanmoins, il fut élu comme candidat indépendant, avec un programme de « bon gouvernement », en opposition au gouvernement du premier ministre Joseph Martin*. En février 1902, il participa à une réunion du groupe parlementaire de députés de l’opposition dirigé par Richard McBride*. Quand le lieutenant-gouverneur, sir Henri-Gustave Joly* de Lotbinière, demanda à McBride de former un gouvernement en juin 1903, celui-ci accepta et annonça que son gouvernement serait conservateur, instaurant ainsi des lignes de parti dans la politique provinciale. Fulton remporta la victoire dans Kamloops aux élections générales du 3 octobre sous l’étiquette conservatrice. Il craignit que les résultats ne soient contestés parce que, selon l’Inland Sentinel, le jour de l’élection, il avait « avec lui des caisses de whisky et [un employé subalterne du parti] pour déboucher [les bouteilles] ». Reconnaissant l’expérience et l’excellente réputation de Fulton dans sa profession et sa communauté, ainsi que la nécessité de compter un représentant de l’intérieur de la province dans son cabinet, McBride lui offrit la présidence du Conseil exécutif. Le poste n’était pas rémunéré, ce qui permettait d’éviter une élection partielle, avantage important, car McBride ne disposait que d’une mince majorité. Après une certaine hésitation, Fulton acquiesça et fut assermenté le 5 novembre. Six mois plus tard, le 18 mai 1904, il reçut les portefeuilles de secrétaire de la province et de ministre de l’Éducation. Il remporta par acclamation l’élection partielle rendue nécessaire, mais l’opposition libérale se plaignit que les conservateurs avaient avancé sans avertissement la date des investitures dans le but de neutraliser le candidat libéral proposé, alors en vacances en Californie.

Les responsabilités de Fulton, à titre de secrétaire de la province, s’étendaient des soins aux indigents dans des districts non constitués jusqu’à la gestion des pêcheries. En qualité de ministre de l’Éducation, il réorganisa le financement des écoles afin que les résidents des régions rurales paient une part du coût des écoles locales, et il introduisit la loi qui prépara le terrain pour la création de la University of British Columbia, fondée en 1908. Quand Charles Wilson quitta son poste de procureur général, Fulton reprit le portefeuille, le 15 mars 1906. Les journaux affirmèrent qu’il préférait ses précédents postes, parce qu’ils lui laissaient davantage de temps pour jouer au golf. Malgré tout, pendant son court mandat de procureur général, il parvint à mettre en accusation le célèbre voleur de trains William (Bill) A. Miner. Il n’appliqua cependant pas toutes les lois, car il désapprouvait les poursuites en vertu de l’Acte concernant l’observance du dimanche.

Les terres et les ressources étaient des enjeux provinciaux cruciaux à cette époque. Peu de temps avant d’assumer de nouvelles tâches en tant que commissaire en chef des Terres et des Travaux publics le 7 mars 1907, il se joignit au premier ministre McBride pour recommander que la province agisse immédiatement pour confirmer ses droits sur les terres lorsqu’une réserve amérindienne, en tout ou en partie, était louée, cédée, octroyée ou transférée. Il entra en fonction au milieu d’une controverse au sujet du transfert, réalisé en secret par son prédécesseur, de terres sur l’île Kaien à la Grand Trunk Pacific Railway Company pour son terminus [V. sir Richard McBride]. Il croyait que le gouvernement devait encourager cette société, mais qu’il devait prendre « d’abord en considération les habitants de la province ».

En juillet 1907, Fulton renonça au poste de procureur général tout en demeurant responsable des Terres et des Travaux publics. Il présida également deux commissions royales provinciales d’enquête. La première, la commission sur l’irrigation, constituée en août 1907, se pencha sur des problèmes dans les vallées de l’Okanagan et de la Thompson qui préoccupaient les résidents de la zone aride de la province. Son rapport mena à la promulgation d’une nouvelle loi sur les droits de captation d’eau en 1909. Les recommandations de la deuxième, la commission royale d’enquête sur le bois et l’exploitation forestière, qui siégea en 1909–1910, conduisirent, en 1912, à l’adoption du Forest Act qui, selon l’historien Gordon Hak, « regroupa des politiques des années précédentes et les enroba dans la rhétorique de la conservation ». Elle « satisfit les intérêts de l’industrie » et permit au gouvernement d’accroître ses revenus.

En octobre 1909, McBride avait annoncé un accord avec les entrepreneurs de chemins de fer William Mackenzie* et Donald Mann, selon lequel ils s’engageaient à prolonger la ligne de la Canadian Northern Railway Company du col de la Tête-Jaune à Vancouver et à en construire une sur l’île de Vancouver en échange d’une garantie provinciale sur leurs obligations. Fulton désapprouvait les subventions aux sociétés ferroviaires et croyait que le Canadian Northern se serait rendu jusqu’à la côte même sans en recevoir. Avec son collègue, le ministre Robert Garnett Tatlow*, il donna sa démission en guise de protestation. Il ne se présenta pas aux élections générales de 1909, mais poursuivit son travail au sein de la commission royale sur le bois et l’exploitation forestière. Il déclara à McBride que ses sentiments à l’égard du « balayage » électoral des conservateurs étaient « quelque peu confus », ajoutant qu’il espérait que la politique des chemins de fer allait « passer le test ». Ironiquement, il fit par la suite des pressions pour s’assurer que la Canadian Northern Railway Company construirait une ligne d’embranchement vers Kamloops.

Fulton, qui n’avait jamais vraiment abandonné son cabinet à Kamloops, y revint à temps plein après avoir quitté l’Assemblée législative ; en 1910, il devint conseiller juridique de la ville. En 1909, il avait épousé Winifred Mary Davie, fille d’Alexander Edmund Batson Davie*, premier ministre de la Colombie-Britannique de 1887 à 1889 et nièce d’un autre premier ministre, Theodore Davie*, qui avait été en poste de 1892 à 1895. Elle était une cavalière accomplie et possédait des setters anglais primés. L’un des quatre enfants du couple, Edmund Davie Fulton*, deviendrait député de Kamloops et membre du cabinet du premier ministre John George Diefenbaker*.

Aux élections fédérales de 1917, Fulton accepta à contrecœur l’investiture dans Cariboo comme candidat du gouvernement d’union dirigé par sir Robert Laird Borden et fut élu haut la main. Jamais reconnu comme grand orateur, il ne fit que quelques brèves interventions à la Chambre des communes. Dans un discours sur une motion de censure, il expliqua que l’importance de la question exigeait qu’il « déroge à [sa] coutume habituelle d’enregistrer un vote silencieux ». Il accordait peu d’attention aux parties éloignées et peu peuplées de sa circonscription ; il ne visita Vanderhoof et le district de la rivière de la Paix qu’une seule fois, durant l’été de 1921. Il déclara même en 1917 qu’il ne briguerait pas un second mandat. Le premier ministre, Arthur Meighen*, le persuada de se présenter encore en 1921, mais les conservateurs de Cariboo, jugeant qu’il était le « candidat le plus faible », le refusèrent. Comme il l’expliqua à Meighen, ils le laissèrent « retourner de nouveau, satisfait, à la vie privée ». Il consacra son temps à pratiquer le droit, à élever une jeune famille, à jouer au golf et à s’occuper de son jardin.

Frederick John Fulton mourut d’une pneumonie aggravée par de l’artériosclérose dans sa maison de Kamloops. Il était si respecté que les magasins fermèrent leurs portes pour permettre aux gens d’assister à ses funérailles, qui eurent lieu dans la cathédrale St Paul et furent présidées par George Anderson Wells, évêque de l’Église d’Angleterre du diocèse de Cariboo. Dans un vibrant hommage, le Kamloops Sentinel décrivit cet homme politique hésitant, mais honnête, comme « un homme d’une belle solidité, […] à tous points de vue, un bon citoyen » qui travailla fort, sans rechercher la gloire.

Patricia E. Roy

Aucun dépôt d’archives ne répertorie de documents personnels de Frederick John Fulton. BAC conserve de sa correspondance avec les premiers ministres sir Robert Laird Borden (R6113-0-X) et Arthur Meighen (R14423-0-6). D’autres lettres pertinentes se trouvent aux BCA, dans les Premier’s records (GR-0441). À part quelques courts articles dans divers dictionnaires biographiques, notamment E. O. S. Scholefield et F. W. Howay, British Columbia from the earliest times to the present (4 vol., Vancouver, 1914), aucune source secondaire ne traite de Fulton en particulier. Dans sa nécrologie parue le 28 juillet 1936 dans le Kamloops Sentinel (Kamloops, C.-B.), on peut lire qu’il « détestait la publicité personnelle ». Même si deux journaux hebdomadaires de qualité étaient régulièrement publiés à Kamloops, ils mentionnaient rarement Fulton pour des raisons autres que de nature professionnelle. Le site Web suivant donne de l’information sur sa firme d’avocats : Fulton & Company LLP, « History » : www.fultonco.com/history (consulté le 30 août 2016).

BCA, GR-2951, no 1936-09-516549 (mfm) ; GR-2962, no 1909-09-017985.— Daily Colonist (Victoria), 1er juin 1904 ; 12 mai, 22 oct. 1909.— Inland Sentinel (Kamloops), 1er, 18 mai 1900.— Kamloops Standard, 7 juin 1900 ; 26, 29 juin 1907.— Vancouver Daily Province, 6 nov. 1903 ; 25, 28 mai 1904.— Mary Balf, Kamloops : a history of the district up to 1914 (Kamloops, 1969).— CPG, 1900–1917.— G. [H.] Hak, Turning trees into dollars : the British Columbia coastal lumber industry, 1858–1913 (Toronto, 2000).

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Patricia E. Roy, « FULTON, FREDERICK JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 13 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/fulton_frederick_john_16F.html.

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Auteur de l'article:    Patricia E. Roy
Titre de l'article:    FULTON, FREDERICK JOHN
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2018
Année de la révision:    2018
Date de consultation:    13 nov. 2024