GAGE, JAMES, fermier et homme d’affaires, né le 25 juin 1774 à Greenbush, New York ; en 1796, il épousa Mary Davis, et ils eurent quatre fils et six filles ; décédé le 15 février 1854 à Hamilton, Haut-Canada.

Malgré une certaine controverse entourant l’identité du père de James Gage, il ne fait aucun doute qu’il s’agissait du James Gage, simple soldat dans la milice de New York, qui fut tué en 1777 lors d’un combat contre les Britanniques au cours de l’attaque des forts Clinton et Montgomery, dans la colonie de New York. Vers 1790, sa veuve, Mary, alla s’installer avec ses deux enfants à la tête du lac Ontario, où son frère Augustus Jones* travaillait déjà comme arpenteur. Les Gage se portèrent acquéreurs d’une terre à Stoney Creek dans le canton n° 7 (canton de Saltfleet) et s’adonnèrent à la culture. Même si la ferme resta la propriété de Mary Gage jusqu’en 1835, James assuma graduellement la responsabilité familiale et, en 1796, il épousa Mary Davis, membre d’une famille loyaliste de la Caroline du Nord.

La « spacieuse » maison de ferme de Gage devint le principal lieu d’arrêt des voyageurs routiers entre Niagara (Niagara-on-the-Lake) et York (Toronto). Des méthodistes en vue, dont Elizabeth Field* et certains prédicateurs itinérants comme James Coleman, William Case, Joseph Sawyer et Nathan Bangs*, y furent reçus de façon particulièrement chaleureuse par Gage, méthodiste dévot. Les travaux de la terre et l’accueil qu’il réservait à ses visiteurs furent interrompus par la guerre de 1812, pendant laquelle lui et son fils Andrew servirent dans le 5e régiment de milice de Lincoln. Au mois de juin 1813, les fermes voisines de James et de son oncle William Gage furent la scène de la bataille décisive de Stoney Creek, où le lieutenant-colonel John Harvey stoppa les forces armées américaines. La maison de James servit de caserne aux Britanniques ; à la fin des hostilités, par suite des ravages causés par les Britanniques et les Américains, il avait subi des pertes énormes en récoltes, farine, whisky, bétail, bois de construction et clôtures, pertes dont il fut dédommagé quelque peu en 1823. La résidence des Gage est maintenant un musée connu sous le nom de Battlefield House et la ferme est devenue un parc.

Après la guerre, Gage se remit à cultiver sa terre, mais il s’intéressa aussi à d’autres entreprises. En 1810, il acheta 338 acres et demie de terre, dans la partie nord de Burlington Beach, de son oncle Augustus Jones et de Catherine Brant [Ohtowaˀkéhson*], fidéicommissaires des propriétés de Joseph Brant [Thayendanegea*]. On reconnaît à Gage le mérite d’avoir dressé le plan de la première ville qui vit le jour dans ce secteur du domaine de Brant. Connu sous le nom de Wellington Square (Burlington) après 1815, l’établissement prospéra ; Gage construisit une scierie, une manufacture de bardeaux, des moulins à lattes et à douves, un entrepôt, un quai et, ailleurs dans le canton de Nelson, un moulin à farine et un moulin servant à fabriquer des aliments pour les animaux. Il vendit des terres à ses employés pour qu’ils y bâtissent des maisons et les approvisionna en matériaux de construction et en farine. Ses fils, particulièrement James Philipse, dirigèrent ces entreprises, tandis que Gage demeurait à Stoney Creek où il avait ouvert un magasin général.

En 1835, Gage alla se fixer à Hamilton pour y poursuivre ses affaires dans de meilleures conditions. Il fut, entre autres, actionnaire et membre du conseil d’administration de la Gore Bank de l’endroit dans les décennies 1840 et 1850. Il était pleinement conscient aussi du potentiel commercial d’un autre port florissant, celui d’Oakville, et son entrée dans ce milieu d’affaires lui fut probablement facilitée par les relations qu’il avait avec l’influente famille des Chisholm (la sœur de sa femme avait épousé John Chisholm, receveur des douanes et frère de William*). Gage mit sur pied un magasin général à Oakville en 1841 et, concentrant ses activités sur l’achat et le transport des grains, il s’associa à Benjamin Hagaman, marchand américain. La société ouvrit une succursale dans la localité voisine de Bronte (Oakville) l’année suivante, commerça sur une grande échelle aux États-Unis, grâce aux relations qu’avait Hagaman à Oswego, dans l’État de New York, et devint rapidement l’une des plus grosses maisons de détail et de manutention de grains à Oakville. En 1852, Gage et Hagaman s’adjoignirent le cousin de ce dernier, Worthington Ely Hagaman ; lorsque Gage mourut, deux ans plus tard, son fils prit en main ses intérêts.

Dans une longue notice nécrologique parue dans le Christian Guardian, le révérend John Saltkill Carroll*, ami intime de la famille, fit remarquer que « même s’il était un homme au jugement sûr en affaires et un travailleur », Gage « était plutôt effacé dans la société ». Carroll regrettait surtout le fait que l’Église avait perdu un « ami » sincère et de grande valeur, hautement renommé pour son hospitalité et sa grande générosité envers les institutions méthodistes. Le 2 avril 1854, le révérend William Ryerson* prononça un sermon à la mémoire de Gage.

James Gage s’attira le plus grand respect comme pionnier et citoyen dévoué, mais il vécut discrètement, sans rechercher les charges publiques, se contentant de mettre à profit les talents qu’il avait dans les affaires et pourvoyant ainsi aux besoins d’une société en plein essor.

Katharine Greenfield

AO, RG 22, sér. 204, James Gage.— APC, RG 1, L3, 203 : 61/34, 63/34 ; RG 19, 3746, claim 447.— Halton Land Registry Office (Milton, Ontario), Abstract index to deeds, Nelson Township, vol. B : 52 (mfm aux AO, GS 3387).— HPL, Clipping file, Hamilton biog.— Victoria Univ. Library (Toronto), Peter Jones coll., Eliza[beth Field] Jones Carey papers, diary, 13 sept. 1834.— Wentworth Land Registry Office (Hamilton, Ontario), Abstract index to deeds, Saltfleet Township, concession 4 (mfm aux AO, GS 1627).— Christian Guardian, 26 avril 1854.— Daily Spectator, and Journal of Commerce, 17 févr. 1854.— « Gage families, part two : the English-Irish-early American and Canadian families », C. V. Gage, compil. (copie dactylographiée, Worcester, N.Y., 1965 ; copie aux AO, MU 3298, n° 11).— Genealogical and historical records of the Mills and Gage families, 1776–1926 ; 150 years, Stanley Mills, compil. (Hamilton, 1926).— Westbrook-Gage miscellany : a souvenir of the Westbrook-Gage reunion, Stoney Creek, Ontario, July 1, 1909 ([Thamesville, Ontario], 1911).— Carroll, Case and his cotemporaries, 1 : 42–43 ; 2 : 304.— Claire Emery et Barbara Ford, From pathway to Skyway : a history of Burlington (Burlington, Ontario, 1967).— C. M. Johnston, Head of the Lake (1967).— H. C. Mathews, Oakville and the Sixteen : the history of an Ontario port (Toronto, 1953 ; réimpr., 1971).— V. Ross et Trigge, Hist. of Canadian Bank of Commerce, 1 : 216.— Saltfleet – then and now : 1792–1973 (Fruitland [Stoney Creek], Ontario, 1975).— Stanley Mills, « The Gage family », Wentworth Hist. Soc., Papers and Records (Hamilton), 9 (1920) : 17–18.

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Katharine Greenfield, « GAGE, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 11 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/gage_james_8F.html.

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Auteur de l'article:    Katharine Greenfield
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
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