GAUVREAU, ANTOINE (baptisé Antoine-Adolphe), prêtre catholique, né le 22 septembre 1841 à Saint-Germain-de-Rimouski (Rimouski, Québec), fils de Pierre Gauvreau, notaire, et d’Élisabeth Dubergès ; décédé le 26 février 1911 à Québec.

Antoine Gauvreau entreprit ses études classiques au collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière le 6 octobre 1853 à l’âge de 12 ans. À l’automne de 1861, il prit la soutane et reçut la tonsure, symbole de son entrée dans l’état ecclésiastique. Tout en s’initiant à la théologie, il fut professeur et surveillant à ce collège, puis, le 3 septembre 1863, il entra au grand séminaire de Québec pour parfaire ses études théologiques et se préparer au sacerdoce.

Ordonné prêtre à Sainte-Anne-de-la-Pocatière (La Pocatière), le 2 octobre 1864, l’abbé Gauvreau fut aussitôt nommé vicaire à Rivière-au-Renard, près de Gaspé ; il y exerça son ministère durant deux ans. En octobre 1866, on le nomma aumônier de l’archevêché de Québec. À ce titre, il remplit diverses fonctions, notamment celle de distribuer les aumônes, c’est-à-dire les componendes ou sommes d’argent provenant des dispenses, ainsi que celle de procureur. En outre, de décembre 1867 à mai 1870, il fut aumônier de la Société de Saint-Vincent-de-Paul de Québec. Selon le témoignage d’un aumônier de la société, Mgr Henri Têtu, paru dans l’Action sociale du 6 mars 1911, le nom de Gauvreau fait partie de tous les procès-verbaux des réunions : « il ne se contentait pas d’assister il savait y attirer du monde et y prenait presque toujours la parole [...] il avait une âme d’apôtre, un zèle dévorant pour le salut des âmes, une énergie de fer et un rare esprit d’organisation. Il s’occupa de fonder des bibliothèques dans chaque conférence pour les membres et pour leurs pauvres. Enfin ce fut lui qui, le premier, établit sous le patronage de la Société S. Vincent de Paul les écoles du soir le 25 novembre 1868, lesquelles durèrent jusqu’en 1872 inclusivement. »

De 1870 à 1875, Gauvreau fut curé de Saint-Nicolas, où il établit un couvent des sœurs de la Charité de Québec. Puis ce fut l’importante nomination à la tête de la paroisse de Sainte-Anne-de-Beaupré en 1875. Une immense tâche attendait l’abbé Gauvreau dans ce lieu de pèlerinage célèbre depuis 1658. D’une part, terminer la construction d’une nouvelle église à peine commencée, bien que la bénédiction de la pierre angulaire ait eu lieu en 1872. Cette troisième église, érigée pour remplacer l’ancienne devenue trop petite, allait devenir la première basilique Sainte-Anne-de-Beaupré en 1887. D’autre part, le nouveau curé de Sainte-Anne-de-Beaupré devait faire face à la responsabilité d’accueillir les pèlerins et visiteurs, dont l’affluence ne cessait de grandir durant la saison estivale. De 27 000 en 1875, ce nombre atteignit 38 500 en 1877. L’abbé Édouard Lamontagne, qui était vicaire à cette époque, décrit la situation ainsi : « En l’été de 1877, à peu près 40 000 pèlerins visitèrent le nouveau sanctuaire ouvert au culte l’automne précédent. Nous n’étions que trois prêtres : MM. Gauvreau, Mayrand [François-Xavier-Lactance Mayrand] et moi. Nous n’avions de repos ni jour, ni nuit, tant le travail était considérable. Il est bien difficile, nous dit un jour M. Gauvreau, à des prêtres séculiers de faire convenablement tout ce travail [...] M. Gauvreau demanda à Mgr Taschereau [Elzéar-Alexandre Taschereau*] de confier la paroisse et l’œuvre du pèlerinage à une communauté religieuse. » Après plusieurs démarches auprès de quelques communautés, ce fut finalement les rédemptoristes qui prirent la relève en 1878, année du départ de l’abbé Gauvreau [V. Jean Tielen*].

Contrairement à ce qu’on a dit, Gauvreau ne fut pas l’initiateur de la nouvelle église, ni ne contribua à son achèvement. À son départ en 1878, la fabrique était grevée d’une dette de 80 000 $, somme colossale pour l’époque, et l’église n’avait encore ni clocher, ni mobilier. De plus, c’est lui qui fit démolir l’ancienne église datant de 1676 pour la remplacer en 1878 par la chapelle commémorative actuelle. Il faut cependant reconnaître que c’est à sa demande que l’archevêque de Québec, Mgr Taschereau, fit appel à une communauté religieuse pour s’occuper de la paroisse et de l’œuvre du pèlerinage, ce qui permit au sanctuaire de Sainte-Anne-de-Beaupré de prendre un nouvel essor. Il fut aussi à l’origine de la fondation du monastère des Franciscaines missionnaires de Marie à Sainte-Anne-de-Beaupré.

Nommé curé de Saint-Romuald, sur la rive sud, en 1878, l’abbé Gauvreau y demeura quatre ans, puis, à la mort de Joseph-David Déziel*, il fut chargé de la cure de Notre-Dame-de-la-Victoire, à Lévis. Trois événements marquèrent plus spécialement son séjour dans cette paroisse. C’est grâce à lui qu’en 1886 fut confiée aux Frères maristes la direction des écoles de garçons de la ville de Lévis. Deux ans plus tard, il fondait la paroisse Saint-Antoine-de-Bienville, à Lévis. Enfin, c’est encore grâce à ses soins qu’en 1892 fut fondé l’Hôtel-Dieu de Lévis, après que les Augustines de la miséricorde de Jésus de l’Hôtel-Dieu de Québec eurent accepté d’en prendre la charge.

En 1895, Gauvreau fut nommé curé de Saint-Roch de Québec. Parmi les œuvres qu’on lui doit à cet endroit figurent principalement la fondation en 1897 de l’hospice Saint-Antoine, ainsi que la création des paroisses Saint-Zéphirin-de-Stadacona (1896), Saint-Charles-de-Limoilou (1896) et Notre-Dame-de-Jacques-Cartier (1901), toutes trois détachées de la paroisse Saint-Roch.

Nommé prélat romain en 1906, Mgr Antoine Gauvreau exerça son ministère à Saint-Roch jusqu’au 31 juillet 1910. Il se retira alors à l’hospice Saint-Antoine qu’il avait fondé. Il y mourut le 26 février 1911, « pauvre des biens de la terre, mais riche d’estime et d’affection ». Son service funèbre eut lieu le 2 mars 1911 en l’église Saint-Roch, où il fut inhumé.

Jean-Pierre Asselin

AAQ, 12 A, Q : 61.— AC, Québec, État civil, Catholiques, Saint-Roch (Québec), 2 mars 1911.— ANQ-BSLGIM, CE1-6, 22 sept. 1841.— La Semaine religieuse de Québec, 4 mars 1911.— J.-B.-A. Allaire, Dictionnaire biographique du clergé canadien français (6 vol., Montréal et Saint-Hyacinthe, Québec, 1908–1934).— J.-P. Asselin, les Rédemptoristes au Canada ; implantation à Sainte-Anne-de-Beaupré, 1878–1911 (Montréal, 1981).— Ludger Dumais, Oraison funèbre de Mgr Antoine Gauvreau, prononcée dans l’église Saint-Roch de Québec, le 2 mars 1911 (Québec, 1914).— Lucien Gagné et J.-P. Asselin, Sainte-Anne-de-Beaupré : trois cents ans de pèlerinage (nouv. éd., Sainte-Anne-de-Beaupré, Québec, 1984).— A.-C. Morin, Dans la maison du père ; nécrologie sacerdotale du diocèse de Rimouski, 1867–1967 (Rimouski, Québec, 1967), 46.— Nativa Routhier, De la sève à la floraison (s.l., 1976).— P.-G. Roy, Trois curés de Lévis : Mgr Déziel, Mgr Gauvreau, Mgr Gosselin (Lévis, Québec, 1947).

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Jean-Pierre Asselin, « GAUVREAU, ANTOINE (baptisé Antoine-Adolphe) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/gauvreau_antoine_14F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
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