GLOVER, sir JOHN HAWLEY, officier de marine et administrateur colonial, né le 24 février 1829 à Yateley, Hampshire, Angleterre, fils du révérend Frederick Augustus Glover et de Mary Broughton ; en novembre 1876, il épousa Elizabeth Rosetta Scott, et ils eurent au moins un enfant ; décédé le 30 septembre 1885 à Londres.

Bien que son père eût souhaité le voir entrer au génie royal, John Hawley Glover s’engagea dans la marine royale le 4 décembre 1841 en tant que volontaire de première classe, avec l’aide de sa mère qui était fille d’amiral. Il servit sous les ordres de l’amiral sir Edward Campbell Rich Owen. Un bel avenir s’ouvrait devant lui, mais il perdit subitement sa mère et se détacha de son père après le remariage hâtif de ce dernier, de sorte qu’il se trouva dépourvu de l’argent nécessaire à la poursuite de sa carrière. Grâce à l’encouragement d’Owen, toutefois, il ne quitta pas la marine : sur son conseil, il se joignit à la division de l’hydrographie en mai 1842, et sa solde lui permit d’obtenir de l’avancement. Jusqu’en 1852, il travailla sur des vaisseaux hydrographiques en service dans la Méditerranée et le long de la côte ouest de l’Afrique. En 1853, il participa à la guerre de Birmanie et fut cité deux fois à l’ordre du jour. Après s’être remis d’une blessure reçue en Birmanie, il alla accomplir des travaux hydrographiques dans la Baltique, puis sur l’Elbe et la Weser jusqu’en mars 1857. À cette date, on l’affecta à l’expédition du Niger qui fit les levés hydrographiques des lagunes situées à Lagos et d’une partie du fleuve Niger. Le voyage se termina en 1862 et la carrière de navigateur de Glover prit alors fin. La même année, il devint capitaine de vaisseau, à l’âge de 33 ans. Plus tard, il fut mis dans le cadre de réserve et promu au grade de capitaine en 1877.

Le 21 avril 1863, Glover fut nommé administrateur de Lagos ; en 1864, il en devint secrétaire colonial, et deux ans plus tard il occupa de nouveau le poste d’administrateur jusqu’au 9 juillet 1872. À ce dernier titre, il prit une part active à la répression des maraudeurs achantis, et en 1873 il se porta volontaire pour aller combattre lorsque la guerre avec les Achantis apparut imminente. Il eut pour mission de recruter une troupe d’indigènes et de l’employer à son gré sous le commandement de sir Gamet Joseph Wolseley* ; avec des membres de la tribu des Haoussas, il accompagna le gros de l’armée dans sa marche en pays achanti, se montrant habile dans les raids et dans l’acheminement des approvisionnements militaires. On lui doit dans une large mesure la paix conclue le 14 février 1874. Ses bons offices lui valurent les remerciements du parlement britannique et la grand-croix de l’ordre de Saint-Michel et Saint-Georges. Les Haoussas gardèrent longtemps la mémoire de ses exploits.

La veille de la Noël de 1875, Glover se vit offrir le poste de gouverneur de Terre-Neuve et il arriva dans l’île le 7 avril 1876. Il trouva une colonie qui avait beaucoup mûri depuis l’époque turbulente qui avait suivi l’ouverture de la première législature, en 1833, sous l’administration du gouverneur Thomas John Cochrane*. Les premiers ministres libéraux qui travaillèrent avec Glover pendant qu’il fut en poste de 1876 à 1881, puis de 1883 à 1885, Frederic Bowker Terrington Carter* et William Vallance Whiteway*, étaient tous deux des hommes de valeur et des avocats très en vue qui le guidèrent avec compétence dans l’exercice de ses fonctions. Pendant le premier mandat de Glover, Carter et surtout Whiteway s’efforcèrent de contenir les influences qui s’exerçaient de l’extérieur sur les affaires et la politique de la colonie.

Le gouvernement de la France, sachant qu’il ne pourrait continuer d’avoir la haute main sur la côte ouest – appelée aussi côte française – que si l’établissement des particuliers et des sociétés dans cette région était limité, se plaignait au gouvernement britannique chaque fois que les autorités terre-neuviennes essayaient d’y installer des colons. Néanmoins, lorsque Glover quitta Terre-Neuve en 1881, la colonie avait fait des progrès importants quant à la maîtrise de la côte en question. En 1877, le capitaine de frégate William Howorth devint le premier magistrat nommé par Terre-Neuve dans la région de la côte ouest, et des agents de douanes se mirent à percevoir des droits au profit de la colonie. La région obtint un représentant à l’Assemblée en 1881 et, au cours de la même année, la France reconnut au gouvernement de Terre-Neuve le droit « en principe » de concéder des terrains pour la colonisation, l’exploitation des mines et des entreprises industrielles. Ces changements étaient typiques du relâchement sensible de l’autorité impériale sur la colonie. La plus sérieuse menace aux ambitions françaises fut le Railway Act de 1880, qui prévoyait la construction d’un chemin de fer entre St John’s et la baie de Halls, région minière faisant partie de la baie de Notre-Dame. Cette ligne ferroviaire devait relier les diverses localités, ouvrir l’accès aux vallées des rivières Gambo, Gander et des Exploits, et faciliter les opérations forestières et minières dans l’arrière-pays. Le gouvernement avait l’espoir de la prolonger jusqu’à Port-aux-Basques, à l’extrémité sud de la côte ouest, où elle devait être reliée par traversier au réseau ferroviaire du continent, mais après que la France eut adressé des plaintes à la Grande-Bretagne, les autorités impériales forcèrent la colonie à se contenter d’une ligne se terminant à la baie de Halls. Cependant, avec une économie trop liée à la pêche, la colonie avait tellement besoin des nouvelles possibilités que laissait entrevoir le parachèvement de ce chemin de fer qu’on ne pouvait pas le lui refuser éternellement.

N’ayant pas l’habitude, au début, des rouages complexes du gouvernement responsable, Glover se fit très tôt une règle de suivre les conseils de ses ministres dans les affaires coloniales, tout en s’efforçant de prévenir une rupture grave avec les autorités de la métropole, qui devaient élaborer et faire respecter les traités sur les pêcheries signés avec la France. Le succès obtenu par les Terre-Neuviens dans la question de la côte française allégea le climat politique de la colonie et rendit moins lourde la tâche du gouverneur, des fonctionnaires navals britanniques et des officiers en service sur la côte ouest. En outre, le rôle d’intermédiaire que le gouverneur assurait entre la colonie et le gouvernement de Londres fut facilité en raison du soulagement qu’éprouvèrent les Terre-Neuviens en 1878, année où Whiteway obtint par négociation des avantages financiers de la Halifax Commission. Grâce aux dispositions du traité de Washington, signé en 1871, Terre-Neuve reçut une somme de $1 000 000, représentant sa part des indemnités versées par les États-Unis à la Grande-Bretagne en compensation des bénéfices que les Américains avaient tirés des pêcheries de l’Atlantique.

Glover prenait le plus grand plaisir à parcourir l’île avec sa femme. Ensemble, ils visitaient les maisons des pêcheurs, inspectaient les lieux de travail, descendaient dans les mines et prenaient des vacances dans les endroits de plaisance et les petits villages de pêcheurs éloignés des centres. Glover fut le premier gouverneur à traverser l’île presque en entier : en 1878, il parcourut en deux mois la distance séparant la baie de Halls de la baie des Îles, en compagnie du réputé géologue Alexander Murray et, pendant une partie du trajet, du pasteur et historien Moses Harvey*, qui, l’année suivante, publia un ouvrage intitulé Across Newfoundland with the governor [...]. Glover apprit davantage sur le peuple et sur les notables de la colonie que bien des ministres du gouvernement. Lorsqu’il ouvrit la législature en 1879, il pouvait dire avec conviction qu’il avait été impressionné par les ressources agricoles et les terres boisées de la partie occidentale de l’île, susceptibles d’attirer des colons ; on y trouvait de « telles conditions favorables à la construction d’une grande route, disait-il, que cet important ouvrage pourrait être accompli à un coût très raisonnable ». Mélange de vérité et d’exagération, ses paroles présageaient l’ère du chemin de fer à Terre-Neuve.

Ayant séjourné en Angleterre durant la saison mondaine de 1881, Glover accepta le poste de gouverneur des îles Leeward et reçut instructions de se rendre au plus tôt dans cette région afin de régler des affaires urgentes. À l’automne de 1881, sir Henry Berkeley FitzHardinge Maxse lui succéda à Terre-Neuve. Les Glover ne répugnaient pas à quitter Terre-Neuve ; ils furent aussi contents de laisser les Caraïbes en 1883. Glover avait contracté la malaria à Antigua, et, dans l’attente d’un meilleur poste, il prit du repos en Allemagne, en Irlande et en Angleterre. Maxse, qui était arrivé malade à Terre-Neuve, mourut en septembre 1883 et la colonie se trouva sans gouverneur au moment où se déroulaient les négociations avec la France sur la question des droits de pêche découlant du traité. Le ministère des Colonies persuada Glover de reprendre, pour une courte période, son poste de gouverneur. Avant de revenir à St John’s, il participa aux pourparlers qui se tenaient à Paris, où il joua un rôle de conseiller auprès de l’ambassadeur britannique. Il put reprendre des forces à l’occasion de ce voyage, et, à l’issue des négociations, il prit des vacances dans le Sussex. À la fin de mai 1884, le premier ministre Carter lui adressa un message dans lequel il le pressait de venir immédiatement à Terre-Neuve pour s’occuper des affaires coloniales, afin que lui-même puisse remplir ses devoirs de juge en chef et présider les procès des catholiques accusés du meurtre de plusieurs protestants au cours des troubles qui avaient éclaté à Harbour Grace en 1883. Malgré la situation religieuse tendue, Glover fut bien accueilli lorsqu’il arriva à Terre-Neuve en juin, accompagné de deux fonctionnaires du ministère des Colonies, qui avaient pour mission d’amener le gouvernement à accepter les conditions sur lesquelles on s’était entendu récemment à Paris.

Glover demeura assez longtemps dans la colonie pour voir celle-ci rejeter les conditions relatives à la côte française et pour assister au parachèvement du chemin de fer se rendant à Harbour Grace, seconde localité en importance dans l’île. À la fin de 1884, Glover inaugura avec sa femme les nouveaux bassins de radoub du port de St John’s. Cependant, il n’avait pas complètement recouvré la santé et il s’affaissa subitement le 2 mars 1885. Des cures de repos à Topsail, dans l’île de Terre-Neuve, et à Homberg (République fédérale d’Allemagne) ne l’aidèrent pas à se rétablir, et il mourut chez lui à Londres le 30 septembre 1885. On honora sa mémoire par la suite en lui élevant, dans la cathédrale St Paul, à Londres, un monument dont une réplique fut placée dans la cathédrale anglicane St John the Baptist, à St John’s, laquelle avait été terminée au cours de son deuxième séjour à Terre-Neuve.

L’épouse de Glover tenait un journal grâce auquel on peut connaître sur sa carrière un grand nombre de renseignements complémentaires qui ne sont généralement pas matière à ouvrages d’histoire politique. Elle considérait que son mari devait jouer le rôle d’un père de famille dans des colonies arriérées et primitives ; cette façon de voir était condescendante, mais non dénuée de fondement. Pour sa part, Daniel Woodley Prowse* affirma que « jamais chef d’État plus honorable, généreux, bienveillant et actif [ne] dirigea [le] gouvernement [de Terre-Neuve] ».

Frederic Fraser Thompson

PRO, CO 194/193–202 ; 194/248.— Royal Commonwealth Soc. (Londres), Sir John Hawley Glover papers.— Moses Harvey, Across Newfoundland with the governor : a visit to our mining region ; and this Newfoundland of ours : being a series of papers – the natural resources and future prospects of the colony (St John’s, 1879).— Illustrated London News, 25 avril 1874.— Times and General Commercial Gazette, 2 oct. 1885.— The annual register : a review of public events at home and abroad (Londres), 1885.— DNB.— G.-B., Adm., Navy list, 1874–1886.— Henry Brackenbury, The Ashanti war ; a narrative prepared from the official documents by permission of Major-General Sir Garnet Wolseley, C.B., K.C.M.G. (2 vol., Londres, 1968).— J. K. Hiller, « A history of Newfoundland, 1874–1901 » (thèse de ph.d., Univ. of Cambridge, Angl., 1971).— E. R. [Scott] Glover, Life of Sir John Hawley Glover, R.N., G.C.M.G., Richard Temple, édit. (Londres, 1897) ; Memories of four continents : recollections grave and gay of events in social and diplomatic life (Londres, 1923).— F. F. Thompson, The French shore problem in Newfoundland : an imperial study (Toronto, 1961).

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Frederic Fraser Thompson, « GLOVER, sir JOHN HAWLEY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 13 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/glover_john_hawley_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
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