GRAYDON, JOHN, vice-amiral, commodore du convoi de Terre-Neuve et gouverneur temporaire en 1701, né vers 1666, décédé en 1726.

Graydon fut nommé sous-lieutenant en 1686 et lieutenant deux ans plus tard. Promu capitaine en 1689, il prit part au combat qui se déroula en 1690 au large de Beachy Head, et à celui de Barfleur en 1692.

En 1701, Graydon, alors commandant de l’Assistance, fut nommé gouverneur et commodore du convoi de Terre-Neuve. La loi de 1699 sur les pêcheries terreneuviennes avait été promulguée pour remédier à la négligence et à l’anarchie qui jusqu’alors régnaient à Terre-Neuve. Cette loi qui remplaçait les « Western Charters » accordait des pouvoirs judiciaires au commodore et des pouvoirs administratifs aux commandants en chef des navires de pêche dans chaque port. Le Board of Trade and Plantations désirant savoir si la loi avait amélioré la situation, Graydon reçut ordre d’enquêter et de faire son rapport dans les Heads of Enquiries qu’on lui remit. Ses réponses touchent plusieurs sujets et fournissent quantité de renseignements. Il déclara que les commandants en chef des navires de pêche se préoccupaient peu de la loi, bien que le « jour du Seigneur » fût observé. Il décrivit la situation dans l’industrie de la pêche et les conditions de vie des pêcheurs. Selon lui, les pêcheries françaises étaient plus considérables et mieux équipées que celles des Anglais. Il déclara en outre qu’à Plaisance (Placentia) la garnison comprenait trois compagnies de 30 hommes chacune et que 60 canons venaient d’y être débarqués.

George Larkin avait accompagné Graydon à Terre-Neuve. Il était chargé de préparer un rapport en vue d’une loi pour mettre fin à la piraterie dans les colonies.

Après son retour en Angleterre, Graydon fut nommé contre-amiral, en 1702, et servit sous l’amiral Sir George Rooke, dans l’escadre qui appuya le débarquement des troupes britanniques et le siège de Vigo. Promu vice-amiral en mars 1702/1703, Graydon se vit confier le commandement d’une escadre, avec ordre de faire voile immédiatement à destination de la Jamaïque et d’y réunir des effectifs suffisants pour s’emparer de l’établissement français de Plaisance. Le 18 mars, il aperçut, au large d’Ushant, une escadre française commandée par Jean-Baptiste Ducasse ‘ qui revenait d’un combat contre le vice-amiral Benbow. Étant donné les ordres qu’il avait reçus, Graydon ne se porta pas à l’attaque et rappela même le Montague qui avait ouvert le feu. Cette décision devait peser lourdement contre lui dans la suite.

À la Jamaïque, les navires de son escadre étaient en piètre état. Graydon s’attira la colère des capitaines marchands en enrôlant leurs marins de force, ce à quoi il était de fait autorisé par la loi. Plusieurs d’entre eux écrivirent alors au Board of Trade and Plantations pour se plaindre de ce qu’ils jugeaient être des réquisitions illégales et de l’attitude autoritaire de Graydon [V. Handasyde]. Dans une de ces lettres il était traité d’homme « morose et de mauvais caractère ». Malgré cette opposition, Graydon parvint à lever une armée supérieure en nombre à celle que les Français avaient à Plaisance. Au large de Terre-Neuve, le 2 août 1703, Graydon convoqua un conseil à bord du Boyne, dans la baie Sainte-Marie. Parmi les officiers présents, se trouvaient le contre-amiral Sir William Whetstone et le commandant militaire de la garnison de Saint-Jean, le capitaine Michael Richards. Considérant l’état des navires, délabrés et mal équipés, le nombre de marins et de soldats malades et les rumeurs – peut-être répandues par des déserteurs français – selon lesquelles l’armée française était très puissante à Plaisance, on estima qu’une attaque pourrait fort bien se solder par une catastrophe. L’escadre fit donc voile vers l’Angleterre sans tenter de réduire Plaisance. Richards qui, pour raison de santé, avait demandé son rappel, en profita pour rentrer dans son pays, laissant Saint-Jean sous le commandement du lieutenant Thomas Lloyd.

Dès son retour, Graydon dut faire face à l’extrême mécontentement du gouvernement et, dans certains milieux, il fut même accusé de lâcheté. Son inertie devant l’escadre de Ducasse, les furieuses protestations des capitaines marchands de la Jamaïque (qui avaient peut-être des protecteurs en Angleterre) et sa décision de ne pas attaquer Plaisance, avaient probablement mal disposé le gouvernement envers lui. Il n’eut pas à passer au conseil de guerre mais le Chambre des Lords lui retira sa pension. Il mourut, à la retraite, le 12 mars 1725/1726.

On trouve dans le Painted Hall du Royal Naval College de Greenwich un portrait de Graydon, œuvre de Kneller.

Michael Godfrey

PRO, Adm. 6/107 ; C.O. 194/2, 195/3.— Campbell, Lives of the admirals, III.— PRO, B.TJournal, 1704–1708/9 ; CSP, Col., 1701, 1702, 1702–03, 1704–05.— Charnock, Biographia navalis, II.— DNB.— Lounsbury, British fishery at Nfld.

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Michael Godfrey, « GRAYDON, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/graydon_john_2F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
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