ROOPE, JOHN, ingénieur et officier d’artillerie, à Terre-Neuve, mort en 1719.
Roope avait servi dans la flotte marchande irlandaise et avait déjà été à Terre-Neuve avant que l’artillerie ne l’y affectât comme ingénieur (sous les ordres du capitaine Michael Richards) pour établir un barrage destiné à protéger le port de Saint-Jean contre les attaques des Français. Il arriva dans cette ville le 5 octobre 1703. Quand il eut constaté la faiblesse des défenses de la colonie, Roope réclama l’envoi de 2 500 soldats, de pièces d’artillerie et de 15 ou 16 bâtiments de guerre pour capturer les forts français à Terre-Neuve, surtout ceux de Plaisance (Placentia) et d’Acadie (Nouvelle-Écosse). La guerre de Succession d’Espagne avait contribué à réduire le nombre des navires de pêche anglais et avait pratiquement fermé aux Britanniques le marché des pays méditerranéens. Devant une telle situation, les marchands et les colons désiraient plus que jamais éliminer les Français de la pêche maritime.
En octobre 1704, Roope promit de finir sans retard le barrage devant le port de Saint-Jean affirmant qu’il l’eût terminé depuis longtemps si le capitaine Thomas Lloyd lui avait fourni l’aide nécessaire. Dans son rapport, il critiquait les commerçants de la Nouvelle-Angleterre « qui viennent ici en grand nombre », apportant du rhum et ramenant des marins en Nouvelle-Angleterre ; puis les Écossais qui « s’infiltraient dans le commerce » et qui, parce qu’ils travaillaient à des salaires inférieurs, pouvaient vendre moins cher que les Anglais. Il s’en prenait en outre aux officiers de la garnison qui faisaient illégalement des affaires pour leur propre compte et dont la conduite devrait être examinée chaque année par le commodore et les amiraux de pêche. De pareilles observations, venant d’un homme qui défendait généralement les intérêts des marchands du sud-ouest de l’Angleterre, n’étaient guère prisées par les personnes incriminées. Après l’attaque d’Auger du Subercase sur Saint-Jean, le 21 janvier 1704/1705, Lloyd, Moody, Colin Campbell, John Jackson et Archibald Cumings blâmèrent Roope. Ils lui reprochèrent ainsi qu’à son confrère ingénieur, le lieutenant Robert Latham, d’avoir dissuadé les habitants de porter secours à la garnison et Campbell accusa Roope d’avoir été en intelligence avec l’ennemi. Roope expliqua plus tard que les Français connaissaient l’affaiblissement du fort grâce aux trente déserteurs qui, à cause des mauvais traitements que Lloyd infligeait à ses soldats, étaient passés du côté des Français à Plaisance.
Quand les troupes de Subercase quittèrent Saint-Jean, elles emmenèrent Roope. Ses ennemis racontèrent qu’il était parti de son plein gré, bien qu’il affirmât qu’on l’y avait forcé. Après un séjour de huit mois à Plaisance, Roope fut échangé contre quelques prisonniers français détenus à Saint-Jean et, après sa libération, il s’embarqua pour l’Angleterre en novembre 1705.
De janvier à mars 1705/1706, il assista à plusieurs réunions du Board of Trade et exposa ses opinions sur les moyens à prendre pour mieux défendre et administrer Terre-Neuve. Pour la nomination du gouverneur et des membres de la milice, il préconisait des élections locales plutôt qu’une décision royale. Bien que le Board of Trade eût auparavant repoussé une requête pour l’établissement d’une administration civile régionale, il avait apparemment confiance dans les opinions de Roope. Il avait fait preuve d’impartialité et de clairvoyance dans les explications qu’il avait données aux membres sur l’échec de l’expédition de Graydon en 1703, sur les accusations et contre-accusations dont avait été saisi le Board of Trade après la prise de Saint-Jean en 1704/1705. Roope demanda d’être nommé à un autre poste et réclama le remboursement des grosses pertes qu’il avait subies. En avril 1706, les membres du Board of Trade lui promirent de faire tout ce qu’ils pourraient à son sujet.
Roope fut envoyé en Espagne avec un train d’artillerie. Il servit dans cette arme comme officier et commanda le dépôt au château d’Alicante, après que ce dernier eut été pris en février 1706/1707. Ensuite il fut fait prisonnier à Villaviciosa, où il « perdit tout ». Il se trouvait à Barcelone en 1712, quand, la guerre étant pratiquement terminée en Espagne, les troupes des trains d’artillerie furent mises en congé. En 1714, il était lieutenant, réformé. À cette époque, il assista aux délibérations du Board of Trade et proposa certaines modifications à la loi du parlement que désiraient faire promulguer les commerçants du sud-ouest de l’Angleterre. Il présenta un rapport sur la salaison du poisson et une description de l’île de Minorque, qui était maintenant aux mains des Britanniques. En septembre de la même année, Dartmouth proposa Roope pour le poste d’ingénieur topographe à l’île de Terre-Neuve, mais ce fut William Taverner* qui reçut le brevet. Le 26 mai 1716, Roope fut affecté comme artificier dans l’Artillerie royale. Il semble qu’il vécut plusieurs années à Minorque, mais, jusqu’à sa mort, il s’intéressa aux affaires de Terre-Neuve. Le 12 février 1718/1719, le Board of Trade le consulta pour la dernière fois avant d’ordonner à certains maires des régions du sud-ouest de l’Angleterre de transporter des matériaux comme lest dans la cale des navires pour la construction d’une redoute en pierre à l’entrée du port de Saint-Jean.
PRO, B.T. Journal, 1704–1708/ 09, 1708/ 09–1714/ 15, 1714/ 15–1718,1718–22 ; CSP, Col., 1702–03,1704–05, 1706–08, 1712–14 ; C.T. Papers, 1714–19.— G.B., Parliament, Proceedings and debates respecting North America (Stock).— Dalton, English army lists, V, VI.— Lounsbury, British fishery at Nfld.— Bernardine Pietraszek, Anglo-French trade conflicts in North America, 1702–13, Mid-America, XXXV (1953 ; nouv. sér., XXIV), 146–148.
C. P. McFarland, « ROOPE, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/roope_john_2F.html.
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Auteur de l'article: | C. P. McFarland |
Titre de l'article: | ROOPE, JOHN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1969 |
Année de la révision: | 1991 |
Date de consultation: | 2 nov. 2024 |