GREEN, BENJAMIN, marchand et fonctionnaire, né le 1er, juillet 1713 à Salem Village (Danvers, Massachusetts), fils du révérend Joseph Green et d’Elizabeth Gerrish ; il épousa en novembre 1737 Margaret Pierce, et ils eurent au moins trois fils et deux filles ; décédé le 14 octobre 1772 à Halifax.

On prétend que Benjamin Green commença sa carrière comme marchand avec ses frères Joseph et John, à Boston, où il fut à deux reprises élu constable. Le 1er mars 1745, il fut nommé secrétaire de William Pepperrell*, commandant de l’expédition contre Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton). Il fut cotrésorier des forces de la Nouvelle-Angleterre après la reddition de la forteresse, et servit aussi comme secrétaire du Conseil de Louisbourg au moins jusqu’en mai 1746. La même année, il succéda à Thomas Kilby* à titre de commissaire des entrepôts du roi. En juillet 1749, Green fit voile vers la baie de Chibouctou et rencontra l’expédition de Cornwallis ; il devint vite membre du premier conseil de Cornwallis de même qu’intendant du commerce maritime de la nouvelle ville de Halifax et juge de la Cour de vice-amirauté. L’année suivante, il fut nommé secrétaire du conseil et trésorier de la province. Green résigna son poste de secrétaire en 1752, en déclarant que c’était une fonction à plein temps et que ses autres tâches exigeaient de lui une attention considérable. L’année suivante, il se démit de son poste déjuge de la Cour de vice-amirauté, à cause du conflit d’intérêts évident avec sa situation d’intendant du commerce maritime ; il choisit de conserver cette dernière fonction parce qu’il avait besoin du « revenu assuré » qu’elle lui procurait. En 1758, Green, en tant que doyen des conseillers, disputa vainement au juge en chef Jonathan Belcher le droit de diriger le gouvernement de la province en l’absence du gouverneur et du lieutenant-gouverneur. En mars 1760, il fut nommé juge de paix à Halifax.

Vers la fin de l’année, Green s’embarqua pour l’Angleterre, apparemment pour aider à l’examen des comptes non vérifiés de l’ancien gouverneur Peregrine Thomas Hopson*, comme celui-ci l’avait demandé. Toujours en Angleterre en 1762, Green connut des problèmes financiers parce que les autorités refusaient de lui rembourser ses dépenses tant que la Trésorerie n’aurait pas approuvé le rapport des vérificateurs des comptes de Hopson. En 1761, peut-être à cause de ces problèmes, Green avait hypothéqué une grande partie de ses biens en Nouvelle-Ecosse, en particulier quatre grands entrepôts à Halifax, en faveur de deux marchands de Londres, pour une valeur de £6 000. En novembre 1765, ces hypothèques étaient levées déjà, mais la nature exacte de l’arrangement reste obscure. Green céda au moins une partie de sa terre, qui devint par la suite la propriété de Brook Watson*.

Pendant son séjour en Angleterre, Green avait eu à faire face à des problèmes autres que financiers ; le Board of Trade lui demanda de s’expliquer sur les accusations de malversations portées contre lui par Robert Sanderson, le premier président de la chambre d’Assemblée de la Nouvelle-Écosse. Sanderson accusait Green d’avoir accordé à Malachy Salter, marchand de Halifax, deux contrats du gouvernement en retour d’une part dans les profits. Green admit son association avec Salter, mais nia avoir jamais fait un usage indu de son influence comme membre du conseil. Le Board of Trade jugea Green « hautement blâmable » mais, vu ses bons états de service, il se contenta de le réprimander, de sorte qu’à son retour à Halifax, en 1763, Green reprit l’exercice de ses diverses fonctions. L’année suivante, une diminution de son traitement comme trésorier de la province l’amena à exprimer des doutes, à savoir si le revenu provenant des fonctions qu’il continuait de remplir était suffisant pour entretenir sa famille. Green resta au conseil, et, à la mort du gouverneur Montagu Wilmot*, en 1766, il dirigea le gouvernement de la Nouvelle-Écosse en attendant que Michael Francklin eût reçu sa commission de lieutenant-gouverneur. Pendant les trois mois qu’il assuma cette fonction, l’Assemblée, désireuse d’exercer son autorité en matière fiscale, attaqua Green en l’accusant d’avoir négligé de suivre exactement la procédure dans la gestion des finances de la province.

En décembre 1767, Green fit son testament, en s’avouant lui-même « quelque peu faible ». Deux mois plus tard, il démissionna de son poste de trésorier de la province, mais, en octobre 1771, il accepta de nouveau de diriger le gouvernement provincial après le départ du gouverneur, lord William Campbell. Miné par la maladie, ses tâches lui devinrent pénibles et, en mars 1772, il demanda à résigner son poste d’intendant du commerce maritime, sa santé s’étant « très détériorée ». En juin, Francklin rapporta que Green était trop mal pour conclure des affaires et qu’il n’assisterait peut-être plus jamais aux réunions du conseil. Green mourut quatre mois plus tard.

En 1775, le conseil entreprit une vérification des comptes de Green, qui fut conduite par James Monk* et Charles Morris, entre autres. Le fils de Green, Benjamin, qui avait succédé à son père comme trésorier de la province, mit beaucoup d’obstacles au travail des vérificateurs. Il commença par nier avoir jamais vu quelque document que ce fût relatif à la période antérieure à sa nomination, mais finit par avouer avoir « travaillé dur pendant deux jours sur les documents de son père avec l’aide et sous la direction de Francklin ». Finalement, les vérificateurs reconstituèrent les pièces manquantes à partir de diverses sources officielles, et, bien qu’ils eussent affirmé avoir donné à Green, père, le bénéfice du doute chaque fois qu’ils le purent, ils trouvèrent ses comptes encore à découvert de presque £7 000. Ce rapport contraste nettement avec la pierre tombale érigée dans le cimetière St Paul, laquelle déclare que Green « fit preuve d’esprit civique et fut un grand avocat du progrès de la ville et de la province dès leurs débuts ;jusqu’à sa mort il s’occupa des principales affaires du gouvernement, s’en tirant avec honneur et se méritant la considération de tous ».

Donald F. Chard

Halifax County Court of Probate (Halifax), Book 2, pp.84s. (testament de Benjamin Green, 4 déc. 1767).— Halifax County Registry of Deeds (Halifax), 6, nos 129, 130.— Mass. Hist. Soc., Louisbourg papers, 1745–1758 ; Thomas Hancock, letterbook, 19 avril 1745–16 juin 1750.— PANS, RG 1, 163 ; 164, p.20 ; 209, 10, 23 oct. 1752 ; 211, 20 mai 1758, 11 mars 1760, 23 mai 1766 ; 212, 2 févr. 1768, 8 mars 1776 ; 491, p.5 ; 492 ; 493.— PRO, CO 217/16, f.264 ; 217/17, f.48 ; 217/18, ff.58, 73–78, 113–117 ; 217/19, f.20 ; 217/20 ; 217/21, f.222 ; 217/23–25 ; 217/26, ff.103, 114 ; 221/28, f.4.— Correspondence of William Shirley (Lincoln), I.— Louisbourg journals, 1745, L. E. De Forest, édit. (New York, 1932), 235.— Massachusetts (Colony), General Court, House of Representatives, Journal (Boston, 1755 ; réimpr., 1957), 316.— Mass. Hist. Soc., Coll., 6e sér., X (1899) : 3n., 32, 90.— Nova-Scotia Gazette and the Weekly Chronicle, 20 oct. 1772.— Shipton, Sibley’s Harvard graduates, IV : 133, 230 ; VI : 314.-Brebner, Neutral Yankees (1969), 84, 198ss, 201, 224–227.— A. S. Burrage, Maine at Louisburg in 1745 (Augusta, Maine, 1910), 117n.— R. F. Seybolt, The town officials of colonial Boston, 1634–1775 (Cambridge, Mass., 1939), 220, 229.— A. S. Barnstead, Development of the office of provincial secretary, Nova Scotia, N.S. Hist. Soc., Coll., XXIV (1938) : 1–31.

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Donald F. Chard, « GREEN, BENJAMIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/green_benjamin_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
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