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GREENAWAY, MINERVA MARGARET, médecin, née en 1873 ou en 1874 à Tottenham, Ontario, aînée des cinq enfants de Thomas Montgomery Greenaway et de Matilda Totten ; décédée le 27 septembre 1906 à Toronto.
Minerva Margaret Greenaway appartient à la première génération de femmes médecins du Canada. Fille de fermiers méthodistes wesleyens, elle naquit dans le comté de Simcoe, dans la concession dont ses grands-parents paternels avaient pris possession au début des années 1840. On croit que le village de Tottenham fut baptisé en l’honneur de son grand-père maternel, Alexander Totten, qui avait immigré au Canada enfant, dans les années 1830, avec sa mère, veuve, et cinq jeunes frères et sœurs. Minerva fit ses études dans la région et enseigna un moment dans le canton de Tecumseth puis, au début de la vingtaine, elle s’orienta vers la médecine.
Devenir médecin n’était pas chose facile pour une femme à la fin du xixe siècle. Certes, on fonda en 1883, à Toronto [V. Emily Howard Jennings] et à Kingston [V. Jennie Kidd Gowanlock*], des collèges de médecine qui leur étaient réservés et où elles pouvaient se préparer aux examens imposés par les universités pour être admises à l’exercice de la médecine. Toutefois, la discrimination qui régnait au sein de la profession même faisait que la plupart des établissements médicaux n’engageaient pas de femmes médecins. Minerva Greenaway prit tout de même le risque d’entrer à l’Ontario Medical College for Women de Toronto à l’automne de 1894. Le 31 mai 1899, elle obtint, de la Trinity University, un doctorat en médecine et une maîtrise en chirurgie avec mention très bien, puis passa l’année suivante à se spécialiser au West Philadelphia Hospital for Women.
De retour à Toronto, le docteur Greenaway ouvrit un cabinet chez elle, rue Church. En 1902, elle se joignit à la faculté de l’Ontario Medical College for Women à titre de maître de conférences en physiologie et de prosectrice adjointe. Par la suite, elle fut maître de conférences sur les maladies infantiles jusqu’à la fermeture du collège, au printemps de 1906, date où les étudiantes eurent enfin le droit d’entrer à la faculté de médecine de la University of Toronto. Elle donna aussi des conférences aux infirmières du Toronto Orthopedic Hospital et, de 1903 à 1904, fit partie du personnel du Dispensary for Women, clinique externe attachée au collège féminin de médecine et dirigée par des femmes médecins.
Comme bon nombre des premières femmes médecins du Canada, Minerva Greenaway s’employa à promouvoir l’établissement des femmes dans la profession médicale. Présidente honoraire de l’association des étudiantes de l’Ontario Medical College for Women de 1902 à 1903, elle était, au moment de sa mort, secrétaire de l’association des anciennes de ce collège. Tout au long de l’année 1902, elle participa aux travaux du comité de l’hôpital pour femmes. Ce groupe, composé de femmes et d’hommes médecins, d’administrateurs et de profanes associés au collège féminin de médecine, se constitua en 1899 pour préparer la fondation d’un hôpital pour femmes à Toronto. Peu après, le Toronto Western Hospital lui proposa d’engager des femmes médecins. Cependant, le comité jugea l’offre « peu avantageuse » : les femmes médecins n’auraient pas été sur le même pied que les hommes, et l’hôpital refusait de s’engager à créer un service distinct où les patientes seraient soignées uniquement par des femmes médecins. Après l’échec de ces négociations, le comité tenta de convaincre d’autres hôpitaux torontois d’engager des femmes médecins. En 1902, le docteur Greenaway, avec les docteurs Jennie Gray et Emma Leila Skinner, examina les possibilités qu’offrait le Toronto General Hospital. Encore une fois, les négociations n’aboutirent pas à des conditions satisfaisantes, et le comité abandonna cette voie au printemps. Tous ces échecs allaient déboucher en 1911 sur la transformation du Dispensary for Women en un véritable hôpital, le Women’s College Hospital. Il s’agissait de l’unique hôpital du Canada dont le personnel était entièrement féminin et dont le conseil d’administration était majoritairement composé de femmes. Il desservit une clientèle exclusivement féminine jusque dans les années 1920 et témoigne de l’esprit d’initiative des contemporaines et collègues de Minerva Greenaway.
Le docteur Minerva Margaret Greenaway mourut de façon tragique à l’automne de 1906, dans sa trente-troisième année. Après avoir soigné son père et ses deux sœurs qui avaient contracté la typhoïde, elle succomba elle-même à cette maladie. Le Canadian Journal of Medicine and Surgery déclara que son décès « priv[ait] le Dominion de l’une de ses doctoresses les plus accomplies et les plus aimées ».
AN, RG 31, C1, 1891, Tottenham, Ontario.— AO, RG 55, I-2-B, liber 36 : f.9.— Medical College of Pa, Arch. and Special Coll. on Women in Medicine (Philadelphie), West Philadelphia Hospital for Women and Children, acc. no 1 (réunion mensuelle régulière, procès-verbaux, 1899–1901) : 97.— Women’s College Hospital Arch. (Toronto), Ontario Medical College for Women, ser. A7, container 7 (proclamations annuelles, 1896–1904) ; Women’s College Hospital and Dispensary Committee, minute-book, mars 1899–janv. 1908.— Daily Mail and Empire, 29 sept. 1906 : 6.— News (Toronto), 28 sept. 1906 : 1, 11.— Canada Lancet, 40 (1906–1907) : 278.— Canadian Journal of Medicine and Surgery (Toronto), 20 (juill.–déc. 1906) : 359.— Canadian Practitioner and Medical Rev. (Toronto), 31 (1906) : 579.— Cemetery inscriptions of Tecumseth and West Gwillimbury (Tottenham, 1982).— Lykke de la Cour et Rose Sheinin, « The Ontario Medical College for Women, 1883–1906 : lessons from gender-separatism in medical education », les Cahiers de la femme, (Downsview [Toronto]), 7 (1986), no 3 : 73–77.— Carlotta Hacker, The indomitable lady doctors (Toronto, 1974).— Augusta Stowe Gullen, « A brief history of the Ontario Medical College for Women, 1906 », Canadian Journal of Medicine and Surgery, 65 (janv.–juin 1929) : 82–88.— V. [J.] Strong-Boag, « Canada’s women doctors : feminism constrained », A not unreasonable claim (L. Kealey), 109–129.— Women and medicine in Toronto since 1883 : a who’s who, Rose Sheinin et Alan Bakes, compil. (Toronto, 1987).
Lykke de la Cour, « GREENAWAY, MINERVA MARGARET », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 10 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/greenaway_minerva_margaret_13F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/greenaway_minerva_margaret_13F.html |
Auteur de l'article: | Lykke de la Cour |
Titre de l'article: | GREENAWAY, MINERVA MARGARET |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
Date de consultation: | 10 déc. 2024 |